Ebooks beaux-arts et plaisir de lecture – conseils pratiques

Les ebooks beaux-arts et le plaisir de lecture – Quelques conseils pratiques

Introduction

L’article ci-dessous vise à donner aux acheteurs de livres numériques beaux-arts toutes les clés pour un plaisir maximum.

À la différence du livre papier qui est un tout, le livre numérique se compose de quatre éléments :

1 – un terminal de lecture,
2 – un format de lecture,
3 – un programme de lecture (ou e-reader) et enfin
4 – du contenu lui-même, que nous appellerons livre numérique ou ebook.

Dans la conception et la réalisation du livre papier, l’éditeur décide de la reliure, du format, du papier comme de la maquette. Le lecteur parfois peste contre ces formats qu’il ne peut ranger dans sa bibliothèque mais ce n’est pas lui qui en décide.

Dans le monde du livre numérique, l’éditeur ne décide que du quatrième et dernier élément. Le lecteur décide des trois autres.

I – Le terminal de lecture

La lecture sur un terminal numérique a apporté quelques changements majeurs. Tout d’abord le livre doit s’adapter à la fois au terminal de lecture et au lecteur.

Le terminal de lecture peut être un ordinateur, une tablette, une liseuse, un smartphone.

• Le format des écrans d’ordinateurs (plus large que haut, 16/9) a été plus conçu pour la vision de films que pour la lecture. Son poids empêche de le tenir d’une main. Il n’est donc pas très agréable pour la lecture.

• Les tablettes (en couleurs, rétro-éclairées) et les liseuses (noir et blanc, encre électronique ou e-ink) sont les terminaux de lecture les plus performants et les plus appropriés. Les smartphones sont en réalité, pour la lecture, des tablettes de petite taille. Signalons enfin qu’il existe des liseuses couleur, aux couleurs fades et au prix très élevé, qui n’ont pas trouvé leur marché.

Pour lire un livre « noir » (un livre en noir et blanc, sans images, typiquement un roman ou un essai, dans le vocabulaire des éditeurs), le lecteur qui a le choix préfèrera le plus souvent une liseuse pour son confort de lecture, à l’intérieur ou à l’extérieur au soleil. Outre le manque de couleur, l’inconvénient de la liseuse est de ne pas permettre de lire de nuit sans lumière additionnelle.

Pour lire un livre en couleurs, qui inclut des photos en nombre plus ou moins élevé, la tablette s’impose. Son format sera d’au moins 6 pouces (c’est la taille de la diagonale de l’écran) pour un format de (15,4 ou 15,5) x 9 cm. Lire un livre illustré sur un format plus petit (smartphone ou « phablette ») peut s’envisager quand on y est obligé mais n’est pas une expérience très agréable.

Les tablettes ont des formats de 6 à 12 pouces, une moyenne s’établissant à 9,7 ou 10 pouces. Il est clair que plus le format est grand, plus le plaisir de lecture s’en trouve augmenté, mais le budget a des contraintes que le plaisir ne connaît pas.

Outre le format, la tablette est caractérisée par un système d’exploitation. Celui-ci est majoritairement iOS (monde Apple) ou Androïd (Google, Samsung). Il existe aussi des tablettes Microsoft Surface, que nous n’avons pas eu l’opportunité de tester.

II – Le format de lecture epub 2 et les autres.

C’est peut-être le point le moins connu et le plus controversé de la lecture numérique. Quel format privilégier pour le confort et le plaisir du lecteur ?

Un point fondamental de la lecture numérique est l’adaptation de son ergonomie à son lecteur. Celui-ci peut avoir de très bons yeux et aimer lire de petits caractères (comme le corps 9 des éditions de la Pléiade) ou bien aimer lire des caractères plus grands en corps 11, 12 ou 14. Il peut aussi choisir sa police de caractères ou encore demander que le livre soit lu à haute voix par le programme.

Quatre formats principaux existent (pdf, epub2, epub3, epub3 fixed). L’adaptation de la taille des caractères n’est possible que dans deux de ces formats : epub 2 et epub3.

2.1) Le format pdf

C’est un format étudié pour le papier et non un format numérique. Il est conçu pour être imprimé et non lu sur un écran. Il est relatif à des documents et il en conserve la mise en page.

Un livre pdf qui compte par exemple 271 pages sur une tablette 10 pouces, comptera aussi 271 pages sur un smartphone 3 pouces.

Une feuille A4 correspond à un écran de tablette de 12 pouces. Pour tous les autres écrans l’affichage sera réduit pour « rentrer » dans la page, ou bien l’écran devient une fenêtre (une loupe) devant un morceau de page. Est-il utile de préciser que le plaisir s’en trouve gâché ?

De plus la plupart des fichiers pdf n’inclut pas de liens internes ou externes et on ne peut ni agrandir des images, ni avoir d’interactions avec d’autres pages. Enfin, dans certains cas, la lecture peut s’avérer très saccadée lors des changements de pages, le temps de chargement d’une page pdf pouvant être assez long.

D’autres inconvénients existent, qui sont fonction des lecteurs (pas de fonction d’annotation, par exemple).

2.2) Le format epub2

Il est issu d’une norme internationale, qui garantit sa pérennité. Nativement conçu pour l’édition numérique, il n’a pas les inconvénients du format pdf. Ajoutons que notre expérience nous a montré que le passage à l’epub2 est parfois troublant pour l’éditeur habitué au papier.

Au-delà de l’absence de papier, de reliure, c’est la disparition de la notion de page qui peut être perturbante.

Dans les formats epub2 et epub3, les caractères sont redimensionnables. Le nombre de caractères dans une page et donc le contenu et le nombre de pages dépendent de la police et du corps choisis par le lecteur. La page devient une pseudo-page, variable selon la tablette utilisée et les caractères choisis. Par exemple, tel ouvrage qui comporte 263 pages sur tablette 9.7 pouces va en compter 850 sur un smartphone 4 pouces. On dit que ce format est redimensionnable ou « reflowable layout ».

Le format epub2 est le format le plus utilisé en 2016. Toutes les tablettes supportent le format epub2.

Le format utilisé par Amazon est une variante d’epub2 et il est facile (avec des outils gratuits comme le programme Calibre) de transformer l’un en l’autre. Le format epub2 garantit donc que vous pourrez lire le même livre sur n’importe quelle tablette. Il garantit ce qu’on appelle l’interopérabilité sur tous les types de tablettes.

2.3) le format epub3

Il est comme epub2 issu d’une norme internationale. Plus récent, il a des possibilités plus grandes que epub2 et permet par exemple l’insertion de vidéos, ou la présentation multi-colonnes. Il présente toutefois un grave inconvénient. À ce jour, les programmes de lectures epub3 ne sont pas au point à l’exception d’iBooks sur Apple et de Readium pour le navigateur Chrome sur PC. Ceci exclut donc toutes les tablettes Android, de même que les tablettes Kindle, et empêche toute interopérabilité. Il est donc à ce jour fortement déconseillé de l’utiliser, aussi bien pour un éditeur (marché réduit) que pour un lecteur (portabilité du livre sur divers dispositifs de lecture). Ceci changera sans doute à une date malheureusement indéterminée.

2.4) le format « epub3 fixed layout »

C’est une variante du format epub3 qui garde la notion de page pour des usages particuliers, comme la bande dessinée. Il est très marginal et n’est pas interopérable.

On notera enfin qu’il existe d’autres formats propriétaires que nous excluons, ces formats ne permettant pas l’interopérabilité et ne garantissant pas en conséquence la pérennité des achats du consommateur-lecteur.

Dans une approche éditoriale professionnelle, garantissant les droits du lecteur, nous avons choisi naturellement epub2 comme format de lecture.

III – Les programmes (ou applis) de lecture, ou e-readers – pour les livres illustrés.

Le choix du type de tablettes et le format des livres vont guider le choix des programmes de lecture.

Nous avons testé tous ces e-readers pour des livres avec de nombreuses œuvres d’art agrandissables.

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Même si l’environnement Apple a beaucoup d’autres défauts qu’on n’évoquera pas ici, on notera que dans le domaine de la lecture numérique, le confort et le plaisir de lecture sous iBooks (le programme de lecture natif de l’iPad) sont remarquables.

Sur Kindle Fire, l’application Kindle montre pour les livres de VisiMuZ un agrément de lecture équivalent à celui ressenti sur iPad.

Par contre, le e-reader Kindle, quand il est exécuté sur iPad, Androïd ou sur PC présente – pour des livres illustrés – différentes faiblesses.

Sous Androïd beaucoup de e-readers téléchargés (gratuits ou payants) présentent des bugs à l’usage pour des livres illustrés. Presque au niveau (mais pas tout à fait) de l’iBooks d’Apple et de Kindle sur Kindle Fire, on peut citer pour Androïd Google Play et Gitden Reader puis un peu en dessous FBreader.

Un comparatif complet des fonctionnalités techniques théoriques des e-readers Android se trouve sur wikipedia ici.

Google Play est parfait sur presque tous les plans. Il a un seul inconvénient. L’agrandissement maxi des images (Image Zoom with zoom/pan) supporté par la norme epub2 est remplacé par une fonctionnalité Google d’agrandissement de toutes les pages qui inhibe la fonctionnalité standard. Le mode Google Play est expliqué ici (chercher double-tap).

Gitden Reader fonctionne très bien. Son interface sous Android est seulement un peu plus confuse que celle d’iBooks sur iPad. Notez qu’il existe aussi une version de Gitden sur iPad qui est aussi performante que iBooks.

FBReader est très paramétrable, mais pour cette raison, il ne respecte pas toujours la maquette telle qu’elle a été définie par l’éditeur. Les paramètres de FBReader remplacent alors les choix faits dans le livre et c’est parfois troublant.

Nous avons testé aussi Bookari, Moon+reader, Helicon, Adobe Digital Elements, Aldiko. Tous ont montré des faiblesses importantes.

Nous n’avons pas testé les e-readers des liseuses. Les livres VisiMuZ contenant de nombreuses illustrations en couleurs perdent beaucoup de leurs charmes en noir et blanc.

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IV – Les livres (ebooks)

Les livres beaux-arts de VisiMuZ comprennent de nombreuses images, un diaporama en fin d’ouvrage, des liens internes et externes. Ils sont au format epub2 redimensionnable (reflowable layout). Les images sont agrandissables, un diaporama est proposé en fin d’ouvrage.

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Ils méritent une tablette de taille au moins égale à 8 pouces, ainsi qu’un e-reader efficient comme décrit plus haut.

Ces ingrédients une fois réunis assurent au lecteur un confort optimal de lecture et garantissent son plaisir. Bonnes lectures !

Pour l’amour du livre : les liens entre un livre et son lecteur

 

Pour l’amour du livre : les liens entre un livre et son lecteur

Le débat autour de la lecture numérique est très vivant aujourd’hui.

Certains aimeraient opposer le livre papier au livre numérique. Ils nous parlent émotions, toucher, papier, sensualité, odeur. Ces éléments peuvent être pris en compte. Sont-ils primordiaux ? Peut-être pour certains mais dans la plupart des cas, n’achète-t-on pas un livre d’abord pour son contenu ?

Allons au-delà de cette pseudo-opposition.

Nous allons voir qu’il y a en réalité plus de différence en réalité entre une page web, une application et un livre numérique, qu’entre un livre numérique et un livre papier.

Que se passe-t-il quand on aime un livre papier ?

Souvent on repère des passages, on le marque (au crayon pour ne pas l’abîmer), on ajoute des petits post-it sur les pages (les moins soigneux cornent la page) pour retrouver des passages.

On marque son nom sur la première page (ou on colle un ex-libris) pour pouvoir le récupérer quand on le prête. Parfois on en achète un autre exemplaire pour pouvoir le donner à ceux que l’on aime.

Ce livre qui n’avait rien de particulier avant qu’on ne l’ait acheté, lu, apprécié, est devenu un prolongement de notre personnalité.

Alors on le range dans notre bibliothèque, à un endroit précis, pour pouvoir le retrouver facilement.

Georges Perec et Umberto Eco, entre autres, ont écrit de beaux textes sur le rapport que l’on entretient alors avec sa bibliothèque. Ils nous ont aussi expliqué les inconvénients de certains livres, comme les magazines, impossibles à classer, ou les livres lourds, qu’il faut lire debout, sur un lutrin.

Mais ce livre lu, marqué, annoté, classé « d’une façon définitivement provisoire » ou « d’une façon provisoirement définitive »[*] a échappé dès lors complètement à son auteur et à son éditeur. Il fait partie de notre vie. Il nous appartient et nous nous le sommes approprié.

Les Pages web

Lorsqu’on lit une page web, les informations sont stockées sur le serveur du site consulté.

Comment cette page peut-elle alors devenir la nôtre ? On ne peut pas marquer ses passages préférés, on ne peut pas facilement classer ses pages favorites, on ne peut pas regarder une « bibliothèque de pages web ».

Au mieux, on peut l’ajouter à nos « favoris ». Si l’administrateur du site web décide un peu plus tard de changer l’architecture ou le contenu de son site, on se trouve alors sur la fameuse page “Error 404 – not found”, cauchemar de tout lecteur qui se respecte.

La page web appartient à son concepteur, pas à son lecteur.

Les applications (ou « apps »)

Sous ce titre générique fleurissent des réalités très diverses. Il nous faut distinguer pour notre propos a minima les applications-programmes des applications-informations.

Ainsi les applications pour tablettes de Facebook, eBay ou des Pages Jaunes sont des applications « programmes ». Elles fournissent une interface de navigation sensée être plus simple sur un smartphone que l’interface de votre navigateur favori sur PC ou Mac. Les données associées à ces applications se trouvent toujours sur le serveur du site. Elles n’appartiennent pas au lecteur ; il ne peut pas faire une sélection des données qui l’intéressent et la sauvegarder. Comme dans le cas de la page Web, le lecteur ne peut pas garder l’information. Il ne peut que la visualiser, tant que le site ne la détruit pas ou l’archive pas.

Les applications-informations sont celle que l’on retrouve par exemple dans le cas des musées et expositions. Elle contiennent à la fois les programmes (l’ergonomie, la navigation, etc.) et les informations. Le programme et les informations sont stockées sur le dispositif de lecture appartenant au lecteur.

Comme les applications contiennent les programmes, elle sont dépendantes d’un éco-système informatique identifié (aujourd’hui Androïd, iOS, etc.) et ne sont donc pas transférables d’un outil à l’autre. Si vous téléchargez une  app » sur un iPad (iOS), les informations correspondantes ne sont pas visualisables sur votre PC. Idem entre un Mac et une app « Androïd » par exemple.

Plus grave encore, ces applications ne sont pas toujours pérennes. Écrites à un instant t, elles ne sont pas mises à jour et ne fonctionnent plus quelques années après. Ce qui est d’autant plus grave qu’on perd alors aussi l’accès aux informations.

Et même quand vous n’avez pas perdu l’accès aux informations, vous ne pouvez ni classer, ni filtrer les informations qui vous intéressent. Ces informations appartiennent au concepteur de l’application. Vous n’avez au mieux qu’un droit de consultation.

Quelques mots d’introduction au livre numérique

Les éditeurs proposent des livres numériques au format pdf, au format epub 2 ou epub 3.

Le format pdf n’est pas vraiment un format de lecture numérique mais un format d’impression. Un pdf n’est qu’un format papier numérisé. Lire sur un smartphone un livre dit numérique au format pdf est une expérience lecteur absolument déprimante. Adobe, le créateur du format pdf, l’a abandonné pour les livres numériques et propose le format epub depuis 2007.

Pour plus de détails, on peut lire les excellents articles de Jiminy Panoz :
https://jiminy.chapalpanoz.com/reflowable-text-et-fixed-layout/
https://jiminy.chapalpanoz.com/formater-un-livre-numerique/
https://jiminy.chapalpanoz.com/fixed-layout/

« epub » est un format ouvert standardisé pour les livres numériques. Il évolue de manière régulière. Epub 2 est supporté par toutes les liseuses et tablettes actuelles. Epub 3, plus performant, n’est utilisable que sur iBooks d’Apple et Readium de Google. Il est donc à ce jour déconseillé de concevoir un livre au format epub 3 qui ne sera lisible que sur quelques dispositifs.

Dans la suite nous ne considèrerons que les vrais livres numériques, c’est-à-dire ceux au format epub, et de préférence au format redimensionnable (“reflowable layout”).

Les ebooks au format epub

Un ebook au format epub est lu sur un dispositif de lecture au travers d’un matériel, d’un système d’exploitation, et d’un programme de lecture (e-reader).

Les informations qu’il contient (textes, images, éventuellement sons et vidéo) sont stockées sur le dispositif de lecture du lecteur.

Un ebook n’est pas lié à un fabricant d’ordinateurs ou un concepteur de systèmes d’exploitation ou de programmes de lecture. Il est lié à une norme internationale et peut-être lu indifféremment sur tout lecteur (PC, Mac, Androïd, iOS, etc.). Un ebook est pérenne.

Un ebook s’adapte aux habitudes du lecteur (choix de police de taille de caractères, etc.). Mais surtout un ebook est personnalisable par son lecteur. Surlignements, commentaires et annotations sont possibles.

Dans la bibliothèque, l’ebook est classé selon la catégorie définie par le lecteur (et non par le concepteur).

Le lecteur de livres numériques s’approprie alors ses ebooks comme le lecteur de livres papier s’est approprié ses livres[**].

En conclusion, l’ebook vous appartient, tout comme le livre papier, alors qu’une page web ou une application smartphone/tablette appartiendra toujours à son concepteur. L’ebook (d’un roman mais aussi celui d’un catalogue de vente aux enchères, du press-book d’un artiste, d’un livre de voyage ou de photos) n’a donc rien à voir avec une page web sur le même sujet.

Un ebook est rangé, comme un livre papier, dans votre bibliothèque, sans en avoir les inconvénients (place, poids, absence de fonction de recherche, etc.).

Et ensuite, quel plaisir de pouvoir emporter partout sa bibliothèque numérique avec soi !

François Blondel

25/05/2016

[*]. Georges Perec. Penser, classer, Éditions du Seuil, 2003, p. 40.

[**]. Ces avantages sont tellement importants que des programmes commencent à exister pour transformer des pages web en ebooks afin de pouvoir se les approprier. Citons par exemple le « créateur de livres » de wikipedia (dans la colonne de gauche) ou “grabmybooks” , une extension aux navigateurs Firefox et Chrome, qui permet de créer des ebooks à partir de n’importe quelle page web de texte. Pour les ebooks illustrés, voir les solutions de VisiMuZ Services.

Ne confondons pas lecture numérique et connectée.

Un titre bien technique, une réalité très concrète.

Le monde du livre est en pleine révolution, et j’aurai l’occasion d’aborder quelques points le 14 avril au « Futur du Livre » à Dijon-Chenôve. Sans préjuger des choix qui se dégageront dans 10 ans, il me semble important de faire un tour d’horizon des possibilités et des contraintes liées aux outils numériques (sites web, applis, ebooks) actuels en particulier pour le touriste nomade.

De grandes et petites réflexions, de nombreux commentaires.

Je ne parle pas des irréductibles du papier qui nous parlent du grain, du bruit des pages qu’on tourne, de l’odeur du livre, de l’expérience immersive que la lecture d’un livre papier constitue.
Je les comprends parfaitement et les rejoins pour certains types de lecture. Mais on ne lit pas de la même manière un roman policier de Donna Leon, un essai de Umberto Eco, un livre de photos d’Helmut Newton, un guide pratique, un livre de cuisine, un livre scolaire de maths, un dictionnaire, une BD adulte, etc. Et parmi ceux qui ont goûté au livre numérique, bien peu seraient prêts à abandonner cette pratique.
Je ne parle pas de ceux qui confondent ebooks et liseuses, contenus et contenant, œuvre et outil. Il en existe malheureusement encore qui sévissent sur la toile, et accrochent leurs lecteurs avec des titres aussi chocs qu’inconsistants du genre « L’ebook est mort ».
Pour ceux qui souhaiteraient une introduction aux possibilités offertes par les lectures sur liseuses ou sur tablettes, nous renvoyons bien sûr à nos précédents articles sur le blog VisiMuZ (ici).
Pour ceux qui voudraient en savoir plus la lecture on-line et en streaming et le parallèle avec l’industrie du disque, lisez l’article de Walrus-books (ici). J’aime bien ce blog, même si je ne suis pas toujours d’accord avec leurs analyses. Pour un certain type de prospective sur un monde connecté, ils ont écrit un billet (ici) dans lequel on trouve, je cite « Entendons-nous bien: je parle d’un futur à moyen terme, d’ici 10 ou 15 ans …/… On se demandera alors comment les gens pouvaient utiliser des outils non-connectés. »

Coup de g. : l’utilisation permanente d’une connexion ?

Alors connecté ou pas ? Aujourd’hui la question est risible dès qu’on sort de chez soi. Il y en a assez de ces promesses non tenues ! Assez de ces systèmes indisponibles quand nous en avons besoin ! D’où vient le problème ? La réponse est simple : « de la connectivité »
La connectivité est souvent un piège. Chaque fois que l’on a besoin d’un lien avec un serveur, on diminue la robustesse (au sens mécanique) et la fiabilité de l’usage.
Si j’ai besoin d’une information, et que cette information est sur un serveur il me faut :
– mon système client (avec une batterie chargée ou une prise de courant)
– un lien réseau opérationnel (connection)
– une bande passante et un débit suffisants (bandwidth)
– un serveur d’information disponible 24h/24 ce qui n’est pas toujours le cas (sustainability)
Alors :
– si nous sommes vendredi matin en France et que le serveur est sur la côte Ouest des USA nous avons toutes les chances de récupérer un message « serveur indisponible, veuillez ré-essayer dans quelques minutes ».
– si nous avons passé 4 heures dans les transports, nous avons toutes les chances de ne plus avoir de tension dans la batterie et l’accès à un serveur distant est beaucoup plus gourmand en énergie qu’une utilisation locale.
– si nous sommes à la campagne, nous avons toutes les chances d’avoir un message « connexion interrompue » (en 3G) ou l’impossibilité de télécharger un message simple (« débit insuffisant »)
– si nous sommes à l’hôtel, nous avons toutes les chances d’entendre que l’hôtel est désolé, que la connexion wifi existe bien, mais que malheureusement dans cette chambre il peut y avoir quelques problèmes et que nous sommes gentiment invités à nous rendre dans le hall de l’hôtel où un tabouret de bar nous sera gracieusement prêté pour pouvoir commodément consulter nos emails sur nos genoux.
Même à la maison, en pleine journée, avec un adaptateur secteur, une box opérationnelle, il n’est pas rare de rencontrer des problèmes (cela m’est encore arrivé cette semaine sur le site colissimo alors que je voulais juste créer un bordereau d’affranchissement, et cela m’a pris 45mn suite à un site « momentanément » indisponible).
Pour des analyses plus fouillées sur ce sujet, on pourra lire avec intérêt :
– Bill Mc Coy, CEO de l’IDPF ou International Digital Publishing Association, (http://toc.oreilly.com/2012/08/portable-documents-for-the-open-web-part-1.html)
– Ori Idan CEO de Helicon Books (http://www.heliconbooks.com/article/epub3vshtml5)
Alors quid des voyages ? et pire des voyages à l’étranger, avec une clé 3G au coût d’utilisation démesuré, ou dans des bâtiments étanches aux ondes wifi.

L’ebook, un livre numérique et non connecté

La solution dans ce cas consiste à rester numérique mais à n’être connecté que lorsque c’est nécessaire ou possible. Au lieu du tout ou rien, on passe alors du « tout » à « encore beaucoup » en l’absence de connexion. Évidemment, cela ne fonctionne pas pour tout. J’imagine assez mal un « chat » non connecté, ou la réception d’emails non connecté. Mais on peut écouter de la musique en étant non connecté (mp3 versus Deezer). Pour la préparation de ses visites touristiques autant que pendant les visites, la solution pour la lecture s’appelle l’ebook, au format epub de préférence (voir notre article sur la lecture sur tablette pour le débutant 2/2)
Alors, ne confondons pas numérique et connecté.
Numérique, cela signifie entre autres dans le cas d’ebooks au format epub (et même pour un livre non enrichi et skeuomorphiste http://fr.wikipedia.org/wiki/Skeuomorphisme, c’est-à-dire dont la forme reproduit sans nécessité réelle celle du livre papier), une recherche pleine page (ou plein texte) d’un mot ou d’une expression, la possibilité de copier-coller, une adaptation de la taille des caractères à sa vue, un encombrement et un poids minimum, une disponibilité ne dépendant que de soi et pas des autres. Seule la recharge de la batterie reste à assurer. Heureusement les prises électriques sont plus nombreuses que les points d’accès wifi libres.

Connecté c’est certes l’ouverture vers d’autres mondes, mais c’est aussi l’assurance de problèmes récurrents, d’une fiabilité médiocre si l’on est tant soit peu nomade, voire de problèmes de santé potentiels liés à ces ondes que certains disent sournoises.

Jean Baudrillard (1929-2007) avait écrit très justement dans Cool Memories dès 1984:
« Le principe du réseau comporte l’obligation morale absolue de rester branché ».
On peut alors paraphraser l’artiste de Street Art Miss Tic qui affiche dans une publicité « Louer, c’est rester libre » en disant:
« L’ebook, c’est rester libre »

Pour les voyages, pour le nomadisme, pour la liberté, j’ai envie du numérique, je n’ai pas envie de dépendre d’une connexion. C’est toute la différence entre l’envie et le besoin.

J’ai envie d’une connexion, elle peut m’apporter beaucoup, je ne veux pas en avoir besoin. Et cette simple phrase change tout.

Le piège des mises à jour ou la fausse autonomie de certaines applications

L’anecdote qui suit illustre à la fois les dangers de la connectivité nécessaire et comment certains fournisseurs de contenus se moquent de nous : j’avais acheté un guide sous forme d’application pour visiter une ville. Arrivé dans cette ville et à mon hôtel, la société qui m’a vendu le guide m’a proposé une mise à jour, j’ai dit oui et téléchargé la dernière version. Puis je suis parti en ville où bien sûr je n’étais plus connecté. Mon guide avait disparu (ainsi que les autres guides que j’avais achetés) des contenus de l’application, il n’était plus présent sur ma tablette au seul moment où j’en avais besoin. De retour à l’hôtel, en réutilisant l’application tout en étant connecté au wifi, j’ai récupéré mes guides sur ma tablette, mais trop tard.
J’avais acheté cette application dans un but précis. Au moment où j’ai souhaité l’utiliser, cela n’a pas été possible parce que je n’étais pas connecté (et parce que j’avais dit oui pour une mise à jour facultative mais ô combien handicapante pour la suite).
Certains prédisent que la seule solution est au tout connecté. Ils nous vantent la connexion 4G dans le TGV (ont-ils jamais emprunté un TER ?), ou la lecture en ligne, voire en payant à la page (pratique dans l’avion, quand on est à 10 pages de la fin d’un roman policier)

Le format epub sur lequel sont basés les ebooks est basé sur le langage du web (html5). Mais il embarque de plus avec lui tout ce qui est nécessaire pour éviter le besoin de connexion. Les ebooks au format epub redonnent leur liberté aux lecteurs, alors que la lecture sur le web enchaîne à la connexion web.
Enfin, on possède un ebook (sauf dans l’écosystème Kindle Amazon, qui vous concède seulement une licence de lecture et parfois vous interdit de lire les livres qu’on a achetés) et on organise comme on le souhaite sa bibliothèque numérique.

Notre conclusion sera simple. Chaque fois que l’on peut utiliser le numérique sans être connecté, nous gagnons en fiabilité, en robustesse, en liberté, en productivité ! Les ebooks sont pour la lecture aussi performants que les sites web, mais avec la sérénité du numérique déconnecté en prime.

Pour le tourisme culturel, l’ebook est la solution pratique et confortable.

La lecture sur tablette : quelques infos pour le débutant 2/2

Nous avons vu dans un premier article (ici) que la lecture numérique :
1) pouvait se faire sur tablette ou sur liseuse, mais que la tablette emportait les suffrages d’une majorité.
2) que le format à choisir entre 7 à 10 pouces dépendait des envies de chacun.
3) que le format de fichier des livres devait être reformattable (flow) pour profiter des avantages du numérique (choix de police, etc.).
Nous allons aller un peu plus en profondeur aujourd’hui et étudier :
1) les différents éco-systèmes,
2) la structure des livres et les formats techniques (ici),
3) les ebook-readers (ou programmes de lecture) (ici),
4) l’organisation de votre bibliothèque numérique (ici),

1) Les différents éco-systèmes

Nous appelons éco-système l’ensemble formé par un fabricant de matériel ou de système d’exploitation, sa place de marché et son catalogue de livres, et enfin ses propositions pour l’organisation et la sauvegarde de votre bibliothèque (en général sur son site, ce qui est souvent appelé le cloud, mais un cloud dont il est le propriétaire).

En introduction, les DRM (ou Digital Rights Management) sont des algorithmes de cryptage des données qui empêchent de copier et ou transférer dans un autre éco-système. Ils sont analogues dans leur objet à ces dispositifs anti-copie que l’on a vu sur les CD il y a dix ans et dont on a pu mesurer le succès extraordinaire 😉

Aujourd’hui trois éco-systèmes principaux existent :
– Apple, avec sa boutique iBookstore, son format epub (que nous verrons ci-dessous au paragraphe suivant), ses livres avec ou sans DRM selon le choix des éditeurs.
– Androïd, la boutique Google Play, son format epub, ses livres avec ou sans DRM.
– Kindle, la plate-forme Amazon, ses formats propriétaires, ses livres avec ou sans DRM.
D’autres sont moins visibles et connus au travers des liseuses tels que Kobo (Fnac), ou Bookeen Cybook (Virgin, Cultura, Decitre), Nook (Barnes & Noble) tous au format epub.

2) La structure des livres et les formats techniques


En préambule, un livre numérique n’est pas une application. Un e-book ne doit pas être cherché sur l’App Store par exemple mais sur l’iBookstore (ou l’iTunestore sur PC).
Les livres numériques sont dans un format « re-formattable » en fonction de la police de caractères et la notion de page fixe n’existe plus. Des normes ont été élaborées depuis quelques années et en particulier la norme epub, qui a eu différentes versions (aujourd’hui nous en sommes à epub3) et est basée sur le langage html du web.
Rassurez-vous, nous n’irons pas plus avant dans les tréfonds de la technique, mais il est important de comprendre aussi qu’un livre numérique est structuré, comme une page web ou une application (cette dernière est un programme exécutable). Un livre numérique, même le plus simple, a au moins un titre, des chapitres, des paragraphes, une table des matières, donc une structure. Alors un ebook peut être bien structuré ou mal structuré selon les principes de développement adoptés par l’éditeur. L’éditeur de livre numérique doit avoir maintenant des compétences en développement informatique, ce qui n’est pas encore le cas de tous aujourd’hui. On se souvient à ce sujet du prix Goncourt 2011 édité en numérique par un éditeur célèbre qui avait omis les cédilles ou certains accents. Ceci était lié à une numérisation du livre papier, preuve d’un manque de compétence dans le domaine informatique.

Exemple d’un commentaire client lu sur Amazon.
« Deux mots suffiront : mauvais formatage. Dommage car le choix d’œuvres est intéressant. Pour la suite prévoir une édition des « Voyages » serait bien. En veillant au formatage ! »

L’auteur est donc important, mais le rôle de l’éditeur numérique l’est aussi. Le marché à ce stade n’est pas mature, en particulier pour les textes libres de droit.
Dans la suite de l’article, on supposera que l’éditeur a bien fait son travail.
Deux grandes familles de formats techniques sont maintenant adoptés par tous les éditeurs : le format epub (norme epub2 ou epub3) et le format azw (ou kf8, ou prw, ou mobi).

Le format se visualise via les trois ou quatre lettres qui sont à la fin du nom de fichier. On pourra trouver par exemple un livre Fifty_Shades_of_Blue.epub ou La_Chartreuse_De_Parme.azw3.
La famille azw (ou kf8, prw, mobi) est celle utilisée par Amazon, la famille epub par tous les autres tels qu’Apple, Androïd, Kobo, etc.

Les formats Amazon (kf8, azw3, prw, mobi,etc.) sont des formats dits propriétaires. Ils ne respectent pas une norme publiée. Notons de plus chez Amazon deux générations de produits. Jusqu’en 2011, Amazon utilisait le format mobi, renommé prw, un format propriétaire antérieur aux normes du livre numérique, aux jeux de caractères et au graphisme très limité. Ce format est utilisable sur toutes les liseuses Kindle, quelle que soit leur génération. Mais cet ancien format ne supporte pas tous les caractères étendus (tels que les étoiles, les diamants, les flèches, les puces, etc..), ni les traits d’encadrement, de soulignement, les changements de couleur pour des encadrés, une gestion propre des images dans le texte, etc. Il ne convient donc que pour des textes purs (romans, essais).
Le format kf8 ou azw3 gère beaucoup mieux le graphisme ou les images. Il n’est pas utilisable sur les liseuses (encre électronique) mais seulement sur les tablettes (Kindle fire).

Quand Amazon écrit « format Kindle », cela peut signifier ancien format prw, compatible avec toutes les liseuses et tablettes Kindle, mais aussi le nouveau format kf8 et dans ce cas, Amazon ne propose pas que vous l’achetiez pour les anciennes liseuses.

achat_format_kf8_vs_prw_Amazon

Ainsi sur l’exemple de gauche (achat d’un roman) on peut télécharger le livre sur toutes les liseuses et tablettes ou PC enregistrés chez Amazon. Sur l’exemple de droite (achat d’une BD) seul le 2ème Kindle est proposé. Le premier choix, celui d’une liseuse Kindle de 2011 au format prw/mobi, est grisé. Le 2ème Kindle est dans cet exemple un Kindle Fire, au format kf8/azw, c’est pourquoi il est proposé.

3) Les ebook-readers (ou programmes de lecture)

Un ebook sur une tablette a besoin pour être lu d’un programme de lecture ou e-reader. Sur une liseuse, il y a aussi un programme de lecture mais celui-ci est lié « en dur » au matériel. Il ne peut être séparé de la liseuse elle-même.
Sur une tablette (autre que la Kindle Fire sur lequel l’e-reader est imposé par Amazon), vous pouvez choisir l’e-reader qui correspond le mieux à vos habitudes ou à vos goûts, avec une limitation toutefois. Les fonctionnalités supportées par les e-readers ne sont pas identiques, en particulier pour les livres enrichis.
À ce jour, un e-reader surpasse tous les autres au niveau de la conformité à la norme epub. iBooks sur la famille iPad, iPhone (iOS) est conforme à la norme et c’est pourquoi, logiquement les ebooks enrichis sont publiés tout d’abord sur l’iBookstore. iBooks a encore deux défauts, dont les éditeurs espèrent qu’ils seront corrigés assez vite.
1) Les règles de césure appliquées sont celles de l’anglais et non du français ce qui donne des résultats parfois surprenants et en tout cas très désagréables pour un lecteur exigeant.
2) Certains caractères d’imprimerie classiques ne sont pas encore gérés. Ainsi les « fines espaces insécables » ou certains tirets cadratins s’affichent improprement comme des petits carrés.
D’autres e-readers (59 gratuits ou payants ont été trouvés lors d’une recherche récente) sont disponibles pour l’iPad sur l’appstore. Citons par exemple BlueReader, Marvin, ou le défunt Stanza. La plupart ne supporte que partiellement la norme epub2 et pas la norme epub3, et ne sont utilisables que pour des textes simples.
Sur Androïd, les e-readers sont aussi souvent déficients pour les textes enrichis, et pour des ebooks enrichis comme les guides VisiMuZ, aucun e-reader ne donne pleinement satisfaction.

iPad_vs_Android2

Exemple d’affichage d’un guide VisiMuZ sur iPad et Androïd. Les étoiles sont manquantes sur Androïd (à droite).
On peut citer parmi les problèmes rencontrés :
-un agrandissement des images impossible,
-un affichage incorrect des jeux de caractères étendus (caractères danois, espagnols, italiens si on est en français, ou symboles et puces),
-pas de support des cadres, bordures, lettrines, fonds colorés, etc. qui rendent le livre tellement plus agréable à lire,
– et surtout l’impossibilité d’utiliser ce que l’on appelle la navigation non-linéaire.
La navigation non-linéaire est une caractéristique des livres numériques, analogue à la notion de lien dans une page Web. C’est la base pour les livres enrichis et c’est ce qui permet dans les guides VisiMuZ, la navigation dans les salles du musée, ce qui révolutionne la visite par rapport à un guide papier en permettant entre autres de faire son propre itinéraire sans se préoccuper de trouver la page dans le guide.
Je vais citer ici un « coup de gueule » de F. Bon le mois dernier sur le blog de tierslivre.net (ici) dans un article un peu technique mais bien documenté.
« Toutes les marques, Samsung, Microsoft, Kindle, Kobo proposent des tablettes aux normes epub3 : sauf qu’elles refusent, dans leur moteur epub3, la possibilité de cette instruction dite non-linear et qui est pour nous, auteurs, après 15 ans de web, rien que l’élémentaire de l’écriture, un des modes de l’hypertexte. Et c’est grave, parce que – voyez les capacités de la Samsung – la prescription technique des marchands interfère alors en amont avec une norme d’écriture établie uniquement selon les critères marchands dérivés du livre traditionnel.»
D’après les tests assez exhaustifs que nous avons réalisés sur différentes tablettes, seul l’e-reader iBooks sur iPad supporte aujourd’hui proprement la navigation non linéaire (au passage, merci de nous dire si vous en avez trouvé un autre). Sur Androïd, elle est supportée partiellement avec l’e-reader Mantano. Sur PC, on peut utiliser, avec toutefois un confort de lecture moindre, l’extension epubreader sous Mozilla Firefox.

4) L’organisation de votre bibliothèque numérique et sa pérennité.

Chez VisiMuZ, en tant qu’éditeurs mais aussi en tant que lecteurs, nous sommes fondamentalement attachés à la notion de bibliothèque, et à la pérennité de celle-ci.
Un livre n’est pas et ne sera jamais comme un jeu vidéo qu’on utilise et qu’on jette quand la nouvelle version sort, ou qu’on perd quand on change d’ordinateur ou de tablette. Nous sommes aussi convaincus de la complémentarité du livre papier et du livre numérique.
Attention : autant les paragraphes précédents sont seulement factuels, autant nous faisons part ci-dessous de nos convictions et engagements.
Aussi :
– Un propriétaire d’un livre acheté doit pouvoir le stocker dans sa bibliothèque. Cette bibliothèque peut être sur un ordinateur, une clé USB ou dans le cloud, mais ne doit pas dépendre d’un des acteurs vus ci-dessus.
– Pour les livres que j’appelle « jetables », comme certains livres de vacances, l’origine (Amazon ou epub), et la présence ou non de DRM n’a aucune importance.
– Pour les autres, nous ne saurions trop vous conseiller de stocker vos livres au format epub, soit en les achetant dans ce format, soit en les y convertissant (programme Calibre) s’ils sont évidemment sans DRM.
En conséquence, acheter un livre qu’on veut garder, à la fois avec des DRM et sur Amazon serait une erreur, puisque dépendrait du bon vouloir de ce fournisseur au format propriétaire (on sait aussi qu’Amazon peut et a déjà effacé à distance des livres, en l’occurrence ceux de Georges Orwell, sur les Kindle de ses clients).
Dans le même ordre d’esprit, la bibliothèque de Google Play ne permet pas d’importer des livres issus d’un autre éco-système, par exemple des livres achetés sur l’iBookStore, ou créés artisanalement dans le cercle familial ou amical, ou des ebooks créés à partir de Wikipedia (nous parlerons de cette possibilité une autre fois). Google Play n’est donc pas une vraie bibliothèque et nous vous recommandons d’utiliser un autre système pour ranger vos livres numériques (au format epub évidemment).
Et comme vous l’avez évidemment compris, les guides VisiMuZ sont au format epub, et sans DRM. Ils sont pour l’instant disponibles uniquement sur l’iBookstore, mais transférables et lisibles sur les tablettes Androïd (avec certaines limitations des fonctionnalités fonction des e-readers) et sur Kindle Fire (mais sans la navigation interactive).
Nous espérons que ce tour d’horizon va vous permettre de mieux connaître les possibilités pour vos achats, vos lectures, et vous donner quelques idées pour l’organisation de votre bibliothèque numérique.

Pour VisiMuZ, François Blondel

Brêve de fin d’année : 8,87 millions de nouvelles tablettes à Noël

 

Dans un article synthétique du 29 décembre, Elizabeth Sutton nous apprend que, selon un comptage effectué par Flurry  Analytics, 17,4 millions de tablettes et smartphones ont été activés (donc vendus) pour Noël 2012 à comparer aux 6,8 millions de Noël 2011, soit une augmentation de 255 % d’une année sur l’autre

Les tablettes représentent 51% des activations soient 8,87 millions de tablettes. Elles ne représentaient entre le 1er et le 20 décembre que 20% du total. Pour l’article originel, voir : http://www.idboox.com/etudes/noel-2012-174-millions-de-tablettes-et-smartphones-ios-et-android-actives/

Dans un autre article (lien) du même jour, Elizabeth Sutton cite une étude de Pew Research Center selon laquelle   « En novembre 2012, 25% des américains possédaient une tablette  comme un iPad ou un Kindle Fire et 19% une liseuse comme un Kindle ou un Nook. Dans l’ensemble, le nombre de personnes possédant une appareil permettant de lire des ebooks a plus que doublé par rapport à décembre 2011. »

 

La lecture sur tablette : quelques infos pour le débutant 1/2

Pour avoir parlé avec de très nombreuses personnes de tous âges de la lecture numérique et des ebooks, j’ai ressenti la nécessité de partager quelques informations sur ce monde nouveau, encore mal connu (15% de la population mais en forte augmentation chaque jour) et en pleine effervescence.
De nombreux axes s’offraient à l’analyse, depuis le côté « geek » et technophile accro, jusqu’au technophobe incrédule à évangéliser. Nous supposons dans cet article, que la lecture numérique vous tente, mais vous n’avez pas encore osé vous lancer. D’abord, la liseuse ou la tablette n’est qu’un moyen, pas une fin. La fin, c’est le plaisir de la lecture. Pour éprouver ce plaisir, la liseuse ou tablette doit se faire oublier. J’espère que ces quelques conseils vous permettront de profiter au maximum de ces nouvelles expériences de lecture.

1) Un tout petit peu de techno : liseuse ou tablette ?

Pour faire court, la liseuse dispose d’encre électronique e-ink, et la tablette est rétro-éclairée. La liseuse est moins fatigante pour une lecture au soleil, bien adaptée aux romans, et… très peu aux autres livres. Elle est rarement tactile, souvent limitée à sa fonction de liseuse et son marché est en train de s’effondrer, remplacé par celui de la tablette.
La tablette est tactile, en couleurs, rétro-éclairée et donc un peu plus fatigante pour les yeux, mais mieux adaptée aux magazines, BD, guides, catalogues, etc. Enfin, elle est beaucoup plus polyvalente.
La liseuse était plus légère mais avec l’arrivée des tablettes dites « 7 pouces » cet avantage a disparu.
D’ailleurs le leader des liseuses, Amazon, a basculé du côté des tablettes avec son nouveau Kindle Fire.
Bref, la liseuse voit en cette fin 2012 son marché s’effondrer, et la tablette va sans doute la remplacer à court terme, sauf pour les gros lecteurs de romans, qui auront sans doute une tablette et une liseuse.

Tablettes_et_liseuse

De gauche à droite : un iPad (9,7 pouces), une tablette Kindle Fire (7 pouces), une liseuse Kindle de 2011

2) Une tablette pour lire : OK mais de quelle taille ?

Tablette 7 pouces, 10 pouces, 4/3 ou 16/9 ? De quoi parle-t-on ? Comme pour la télévision, de la diagonale de lecture, et alors, tout dépend de ce que l’on veut lire, de l’encombrement (et du poids)  que l’on est prêt à accepter, et de son âge !!!!
Pour faire simple, la liseuse 10 pouces est plus confortable pour la lecture en particulier pour les pdf (nous y reviendrons), plus lourde et encombrante, mais elle tient dans une sacoche de PC. La tablette  7 pouces tient a contrario dans un sac à main de dame (en général).
Donc en caricaturant (à peine) un homme quinqua ou plus et presbyte, se servira plus souvent d’une tablette 10 pouces, une femme trentenaire ou moins plus souvent d’une tablette 7 pouces.

En fait, ceci est un schéma un peu trop simpliste, parce que normalement sur une tablette la police de caractères devrait être redimensionnable. C’est vrai pour le format epub mais pas pour le format pdf : Quèsaco ?

3) format « fixed » ou « flow » et repagination

Le format « fixed layout » correspond à ce que l’on connaît du livre depuis six siècles, c’est-à-dire un livre divisé en pages, avec des marges gauche et droite, une présentation figée. Le format « flow » élimine la notion de page au profit d’un texte continu. Rappelons que dans l’Antiquité, sans être vraiment « flow », la pagination n’existait pas et la Torah est un rouleau, et non un ensemble de pages.
Une bande dessinée ou un livre pour enfants est plus souvent en « fixed layout », ceci est moins voire pas du tout important pour un roman ou un guide. Le format pdf bien connu est « fixed », le format epub3, norme des ebooks récents est « flow » ou « fixed » au choix.
L’avantage le plus immédiat pour un lecteur du format « flow » est la possibilité de changer de police de caractères ou de corps (10, 12, 14, etc..) qui entraîne une repagination automatique et adapte le livre au confort de lecture attendu par son lecteur
Un format pdf ne peut pas être redimensionné  ou repaginé. Il occupe une page écran et donc la taille des caractères va dépendre de la taille de l’écran. Pour qu’il reste lisible par certains lecteurs, la seule possibilité pour agrandir le texte est de zoomer (geste maintenant bien connu avec les doigts en pince), mais dans ce cas on n’a plus l’intégralité de la ligne sur l’écran et on est obligé de « scroller », ce qui diminue beaucoup le confort de lecture.
C’est pourquoi les grands lecteurs de pdf auront plutôt tendance à choisir une tablette 10 pouces.
Noter toutefois que des produits additionnels permettent de transformer les fichiers pdf en format « flow » et donc permettent de retrouver au prix de quelques euros (voir le logiciel  Repligo Reader) un confort de lecture acceptable. Florent Taillandier de Cnet France a écrit très récemment un excellent article à ce sujet :
https://www.cnetfrance.fr/news/comment-lire-un-fichier-pdf-sur-une-tablette-7-pouces-39785664.htm
Les guides VisiMuZ sont des ebooks au format « flow » pour un confort de lecture optimal, au format epub normalisé pour assurer une utilisation pérenne. Nous continuerons dans un article prochain en parlant des « readers » c’est à dire des programmes de lecture qui sont l’intermédiaire entre la tablette et votre livre, ainsi que du stockage de votre bibliothèque, des choses à faire et des erreurs à éviter.