Les chefs-d’œuvre des beaux-arts et les guides VisiMuZ

Depuis 10 mois, VisiMuZ a édité quatre guides (Metropolitan, Ermitage, National Gallery, Vatican), un autre est en cours de publication (Kunsthistorisches Museum, Vienne), un autre en préparation (Galerie des Offices, Florence).
À ce jour, l’étude a porté sur près de 5000 tableaux, créés par 400 artistes. 78 œuvres ont été classées comme « trois étoiles ». Mais pourquoi avons-nous attribué ☆☆☆ à une œuvre ? Et pourquoi telle œuvre plutôt que telle autre ?

Les icônes de la peinture

En février 2010, le magazine « Beaux-Arts » avait consacré un dossier pour tenter de répondre à la question « Qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre ? » et parlé du processus d’iconisation, en rappelant en particulier l’évolution du statut de La Joconde à travers les siècles, dont les ultimes épisodes ont été les minauderies de Jacqueline Kennedy à André Malraux, qui ont permis la traversée sur le paquebot France et l’exposition à New York.

Daniel Arasse (1944-2003), historien de l’art, avait défini le chef-d’œuvre à la fois historiquement comme le « morceau de réception » du compagnon devenant maître, et comme le « chef », la tête d’une série, une œuvre dont s’inspirait une école, ou des suiveurs lointains (exemple de la Vénus d’Urbin de Titien à l’Olympia de Manet et aux photos d’Helmut Newton) en précisant : « Un chef-d’œuvre ouvre des pistes ».
Pierre Sterckx, célèbre critique d’art précisait : « Il ne s’agit pas d’une confrontation entre un objet « magique » et des sujets prosternés devant lui, mais d’une réelle interactivité entre les deux. Plus il y aura de spectateurs admiratifs, plus le chef d’œuvre gagnera en force…/.. Ce sont des ersatz d’éternité ».

Dans un article précédent du blog VisiMuZ (ici ), nous avions défini, en élargissant l’analyse de Panofsky, sept niveaux de lecture d’une œuvre :
1) Ce qu’on voit
2) Iconographie
3) Iconologie
4) Esthétique de l’œuvre
5) La place dans le corpus de l’artiste
6) Sa place dans l’époque et dans l’histoire
7) La saga de l’œuvre
Pour chacune des icônes de la peinture, ce ne sont pas seulement les trois premiers niveaux mais les sept niveaux qui contribuent au processus d’iconification.

Trois étoiles dans les guides VisiMuZ

Dans des guides de tourisme célèbres nés au siècle dernier, la notion de trois étoiles existait pour un site naturel ou un bâtiment, et la légende disait simplement « Vaut le voyage ». Ce libellé très synthétique indiquait d’abord par la notion de voyage que l’on s’adressait au touriste, et non au spécialiste de l’architecture, ou à l’historien, ou au géographe. La verbe « Vaut » renvoyait à une hiérarchie de valeurs et indiquait au lecteur que la satisfaction était au bout de la route. Il s’agissait bien de « délectation ».

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Pieter Bruegel l’Ancien, La Tour de Babel, 1563 – Kunsthistorisches Museum, Vienne
un exemple de ☆☆☆ universellement connu (photo VisiMuZ)

Pour les amateurs d’art que sont les lecteurs des guides VisiMuZ, la problématique est comparable, et la réponse est identique. Les ☆☆☆, souvent appelées icônes par les conservateurs de musées eux-mêmes, sont d’abord des œuvres universellement connues pour des critères artistiques ou historiques (exemples : Les époux Arnolfini, La Joconde, La Jeune Fille à la Perle, Guernica). Pour ces œuvres, il est devenu souvent inutile de préciser l’auteur, elles font partie de la mémoire collective des amateurs. Parfois, l’amateur va visiter le musée, uniquement pour voir une ou plusieurs de ces œuvres. Il était commun de se moquer il y a quelques années des touristes visitant le Louvre dans l’unique but de photographier la Joconde, mais la démarche n’est pas condamnable en soi. Se trouver en face d’une de ces œuvres iconiques procure une émotion qu’aucune visite virtuelle ne pourrait susciter, et on peut planifier un voyage juste pour aller admirer La Jeune Fille à la Perle (Mauritshuis La Haye, fermé en 2013, il faut aller à New York à la Frick Collection), les putti de La Madone Sixtine (Dresde), les Chasseurs dans la neige (Vienne) ou La Danse de Matisse (Ermitage Saint-Pétersbourg).

Les icônes dans les guides VisiMuZ déjà parus

Des tendances commencent à se dégager au sein des grands musées. Les 78 ☆☆☆ sont le fait de 40 artistes (dont des anonymes). Pour chacun d’eux, la réputation peut maintenant se mesurer (au moins grossièrement) au travers des citations dans les moteurs de recherche. On trouve en différentes langues plusieurs dizaines de milliers d’occurrences Google, et souvent en sus d’autres signes de notoriété (comme une couverture de catalogue du musée, de multiples objets dérivés, etc.).

La notoriété peut aussi augmenter du fait d’une certaine répétition. Le fait de voir une œuvre très semblable dans différents musées va donc jouer sur la notoriété des tableaux et sculptures. En effet, certains artistes ont soit créé une esquisse aboutie avant la version finale (Matisse avec La Danse) ou créé plusieurs répliques de leur œuvre iconique. Titien a peint cinq Danaë, Van der Weyden deux Saint-Luc dessinant la Vierge, Cézanne, cinq Joueurs de cartes, le baron Gros trois Bonaparte au pont d’Arcole en sus de l’esquisse du Louvre. Le processus est devenu quasi industriel avec Andy Warhol et ses Marilyn ou ses boîtes de soupe Campbell.

Bien sûr le choix des musées que nous avons fait pour le démarrage de cette collection influence le résultat. Mais nous verrons dans la suite que les tendances indiquées ci-après ne seront pas fondamentalement modifiées. Au fur et à mesure de la parution de nouveaux guides, nous mettrons à jour cette liste des icônes des grands musées. À ce jour, dans la base de données VisiMuZ, portant sur près de cinquante musées, on trouve environ 250 ☆☆☆. Le musée qui en compte le plus est le Louvre avec 22 (nombre provisoire, l’étude n’est pas terminée). A peine 10 musées dans le monde en contiennent plus de 10.

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Les icônes par époques et par écoles

La Renaissance se taille assez logiquement la part du lion, avec plus de 40% du total. Les œuvres antiques ne doivent leur statut qu’à leur redécouverte à la même époque et ont été logiquement incluses dans ce total.

La liste en annexe ci-dessous met en évidence plusieurs faits qui peuvent nous troubler :
a) on ne trouve pas encore dans ce panel d’icône du XVIIIe siècle si on excepte Goya, à cheval sur deux siècles. Le fait est qu’il en existe (Watteau, Boucher, Liotard, ainsi que David si on veut le rattacher au XVIIIe), mais beaucoup moins que pour d’autres siècles.
b) l’article de « Beaux-Arts » cité plus haut explorait plusieurs pistes par rapport à l’histoire et la notion de chef-d’œuvre. Le magazine avait effectué un sondage (mille personnes représentatives etc.) et conclus que « pour les Français, un chef d’œuvre appartient à un passé lointain. »
Laurent Le Bon, directeur du centre Pompidou-Metz indiquait : « Parfaitement balayée par les avant-garde historiques, la notion de chef d’œuvre semble s’être évaporée dans les brumes du post-modernisme ».
A contrario, Boris Groy, philosophe, indiquait : « Une œuvre d’art peut aussi devenir une célébrité » et évoquait Andy Warhol, ainsi que le Requin de Damien Hirst.

Si notre liste des ☆☆☆ met en évidence l’importance de la dimension historique, elle va pourtant plutôt dans le sens de Boris Groy, en montrant l’existence de plusieurs icônes de la peinture au XXe siècle.

Les artistes créateurs d’icônes

Au sein des corpus de chaque créateur, des différences se dégagent.
Il y a d’abord les grands peintres ou sculpteurs, ayant beaucoup produit, et au sein de leur production quelques-unes des œuvres ont atteint une renommée universelle. C’est le cas par exemple de Rubens, de Titien, Botticelli, Caravage, Cézanne, Van Gogh.
Il y a aussi les grands artistes qui soit ont peu produit, soit dont le temps n’a laissé que quelques œuvres, qui sont en conséquence d’autant plus recherchées. Parmi eux, on peut citer par exemple Jan Van Eyck, Petrus Cristus, Pieter Bruegel ou Léonard de Vinci, Jan Vermeer ou plus près de nous Georges Seurat.
Il y a aussi des artistes un peu moins célèbres, mais dont la production comprend un ou plusieurs œuvres qui surpassent tout ce que l’artiste a pu faire et accèdent à l’universalité : Le Bernin avec le trône de la basilique Saint-Pierre par exemple, ou Meindert Hobbema avec L’Avenue à Middelharnis à la National Gallery, ou la Jeune femme et sa servante de Pieter de Hooch à l’Ermitage ou Sur un voilier de Caspar-David Friedrich à l’Ermitage, ou encore les trois volets de la Bataille de San Romano de Paolo Uccello (trois fois trois étoiles, respectivement aux Offices, au Louvre et la National Gallery).
Enfin il y a les œuvres anonymes, mais dont la grande beauté a ému les générations de collectionneurs qui les ont possédées et transmises, et dont la renommée n’a jamais diminué. Il en est ainsi par exemple du Laocoon et ses enfants, du Torso (encore qu’il doive beaucoup de sa célébrité à Michel-Ange) ou de l’Apollon du Belvédère, au Vatican.

Le résultat à ce jour est déjà significatif. Lorsque l’échantillon des musées va s’étoffer , les tendances se préciseront. Quels seront les changements quand nous aurons ajouté la galerie des Offices, le musée du Prado, le Rijksmuseum, le Louvre ou encore la National Gallery de Washington ? A suivre !

Annexe : Liste des ☆☆☆ dans les guides VisiMuZ parus

De 1300 à 1600
Italie-Espagne

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Europe du Nord

Trois_etoiles_Renaissance_Nord_03

XVIIe siècle
Italie

Trois_etoiles_Italie17_04

Flandre et Hollande

Trois_etoiles_Hollande17_05

XVIIIe et XIXe siècles

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XXe siècle

Trois_etoiles_XX_07

Publication de l’Acte III de : Musées, visites, et numérique. Classer et mémoriser.

Nous poursuivons notre route pour rendre la visite d’un musée plus simple et plus riche avec une nouvelle page,

Classer et mémoriser pour mieux regarder et ressentir 2/2

suite d’un article dont la première partie avait été publiée ici le 22 juin 2013.

Cet article s’adresse d’abord aux visiteurs des musées, mais aussi aux professionnels, dans une approche collaborative de partage avec leurs publics.
Plutôt que de partir des œuvres et d’essayer de généraliser, nous avons choisi de donner une vision globale de la visite des musées, en privilégiant l’illustration par les grands musées des Beaux-Arts. Au delà des exemples évoqués, les thèmes abordés concernent potentiellement tous les lieux d’exposition.

Parution du guide Musées du Vatican et un ebook gratuit en supplément

Le guide VisiMuZ des musées du Vatican dès le 18 juin

Le guide VisiMuZ des musées du Vatican sera publié et disponible le mardi 18 juin sur l’iBookstore (ici).
Ce guide présente toutes les richesses de la Pinacothèque, des chambres de Raphaël, de la chapelle Sixtine, mais aussi des musées Pio-Clementino, Chiaramonti, etc.

Ce sont près de huit siècles de l’histoire papale qui sont présentés dans le guide VisiMuZ, en guidant le lecteur dans les méandres des palais pontificaux. Plus de 85 photos vous permettent de repérer et retrouver très facilement les œuvres majeures. Les commentaires vous expliquent les contenus et les dessous des tableaux ou sculptures, vous replongent dans les contextes historiques et politiques et dans les jeux de pouvoirs. Comme d’habitude, la navigation non linéaire dans le guide vous permet de vous repérer à partir des plans et les images sont toutes agrandissables en pleine page par simple-tap.

Guide VisiMuZ musées Vatican page Raphaël

VisiMuZ toujours à l’écoute et au service de ses lecteurs avec un supplément gratuit : l’ebook de la biographie des artistes

Le livre complémentaire « VisiMuZ artistes des musees du_Vatican.epub » est encore une innovation dans l’univers des guides touristiques pour simplifier et enrichir votre visite. Cet ebook gratuit comprend les biographies des artistes les plus importants représentés dans les musées du Vatican.
Il est téléchargeable sur toutes les liseuses et tablettes au format epub ou pdf, donc en particulier disponibles sur iPad et Androïd.
Nous avons mis à profit les nouveaux outils que Wikipedia met à notre disposition pour vous proposer un supplément gratuit à notre guide des Musées du Vatican. En mode connecté, les biographies Wikipedia sont disponibles dans les guides VisiMuZ par simple-tap sur le nom de l’artiste. Mais dans les musées des Beaux-Arts, il est rare de trouver un point wifi en accès libre. Alors nous avons créé un guide des artistes présents aux musées du Vatican, que vous pouvez télécharger gratuitement et qui sera un complément apprécié lors de votre visite ou lorsque vous serez en mode déconnecté (avion, etc.).
Comme les guides VisiMuZ, cet ebook supplémentaire s’inscrit dans notre ligne éditoriale. Mettre l’information indispensable et nécessaire, utile et agréable, au bout de vos doigts pour simplifier et enrichir votre visite.

Guide Vatican - biographies des artistes
Guide des artistes du musée du Vatican (format epub ou pdf)

Contrairement au contenu de nos guides, nous n’avons rien écrit dans cet ebook. Nous avons récupéré les biographies de Wikipedia. La forme en reste primaire, car nous ne pouvons pas en l’état actuel des outils, introduire notre propre couverture ou logo. Notre valeur ajoutée a consisté alors à retrouver les artistes importants dans les musées du Vatican, puis à sélectionner leurs biographies et à les présenter dans l’ordre où vous les rencontrerez lors de votre visite des musées du Vatican. Par cette démarche, nous rajoutons du sens à une information brute pour un contexte précis, celui de la visite du Vatican. Ce livre que nous vous permettons de télécharger gratuitement, ne remplace en aucune façon le guide VisiMuZ. Mais il apporte un éclairage complémentaire différent.
Ce supplément gratuit est à la fois une expérience et un bêta-test. La suite se construira aussi en fonction des résultats, de vos retours, de vos commentaires. Le web 3.0, dit aussi web sémantique, se construit chaque jour. Nous sommes fiers d’apporter notre pierre, aussi minime soit-elle, à la construction d’un écosystème 3.0.

Note : « Le web dit sémantique vise donc à produire des relations logiques de données à partir d’autres relations logiques de données, mais ne produit et n’interprète aucun sens (le sens restant le seul fait de l’interprétation humaine) »(d’après la page wikipedia du « web sémantique »)

Nous vous proposons de télécharger le guide sous deux formats, epub (8.6 Mo) et pdf (180 Mo). Nul doute que ce simple téléchargement convaincra tous ceux qui n’ont pas encore essayé le format epub pour la lecture et étaient restés fidèles au pdf.

Note : Pour le téléchargement epub sur tablettes, il n’y a rien de particulier à faire, sinon cliquer sur le téléchargement puis répondre aux questions posées. Sur iPad, iBooks est le lecteur par défaut. Sur Androïd, nous conseillons Mantano reader.
Sur un PC :
Avec Mozilla Firefox, il est conseillé d’installer le plug-in « EPUBReader » avant le téléchargement epub.
Avec Chrome, le téléchargement une fois effectué, vous pouvez ouvrir le fichier ou le transférer sur votre tablette ou liseuse.

Téléchargement du supplément des biographies des artistes des musées du Vatican

Version epub (8,5 Mo)          Version pdf (181 Mo)

Quel regardeur êtes-vous ?

La renommée d’un tableau et d’un artiste

Nous avons l’habitude dans les guides VisiMuZ de vous signaler les tableaux les plus connus par un nombre d’étoiles fonction de leur renommée. Pour cela, nous prenons en compte les ouvrages publiés par le musée, les monographies des artistes, les cartes postales, voire les objets dérivés qui le reproduisent. Nous n’avons pas prétention à nous substituer aux spécialistes qui ont établi ou contribué à la renommée de l’œuvre. En même temps, nos lecteurs peuvent parfois ne pas comprendre pourquoi tel tableau a deux ou trois étoiles alors qu’il les laisse relativement indifférents.

En peinture, le goût de chacun évolue en fonction de son âge, des œuvres qu’il a regardé mais aussi de la connaissance que l’on a de l’artiste, de son contexte, de sa pensée, de l’influence qu’il a eu sur la société de son temps ou du nôtre. Une œuvre peut exister seule mais elle existe aussi par rapport à son environnement. Roy Lichtenstein ou Keith Haring, indépendamment de leur immenses qualités de graphistes, ont eu sur les années 60 à 2000 pour le premier, sur les années 80 à nos jours pour le second une influence gigantesque sur tous les codes sociaux et visuels qui animent notre société, dans la rue, dans la mode ou encore dans les magazines. C’est pourquoi il est parfois plus difficile d’aimer une peinture pour laquelle les rapports avec notre culture quotidienne sont plus lointains. La Renaissance est un peu à part, d’abord parce qu’elle a été tellement révolutionnaire que ses codes ont été repris de temps à autre, mais il est plus compliqué par exemple de faire partager aux ados le plaisir éprouvé devant les œuvres des artistes de la Réforme catholique (XVIIe), du rococo (XVIIIe), des Pré-Raphaélites ou de la peinture d’Histoire du XIXe, tout simplement parce qu’ils n’ont pas encore acquis la culture nécessaire.
Exemple de tableau célèbre qui a pourtant peu de chance d’émouvoir un adolescent.

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Nicolas Poussin – Tancrède et Herminie, 1649, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

Indépendamment du talent des artistes, les thèmes qu’ils exploitent, par leur volonté propre ou celle de leurs commanditaires entrent également plus ou moins en résonance avec les envies d’une culture ultérieure. Ainsi, la dé-christianisation de la société européenne entraîne aussi une disparition de la connaissance des codes et symboles associés.
Comme dans d’autres domaines, il y a aussi pour les artistes des périodes de grâce et de disgrâce, ou plus simplement des modes. Seuls les impressionnistes et leurs suiveurs échappent pour l’instant aux modes montantes ou descendantes. On se souviendra aussi qu’en 1850, Jan Vermeer ou Georges de La Tour étaient d’illustres inconnus, et qu’en 1980 les tableaux de l’école de Barbizon (Millet, Corot, Rousseau, Daubigny, etc.) étaient, sur le marché de l’Art, trois, cinq, ou dix fois plus chers qu’aujourd’hui. Les modes touchent aussi les conservateurs de musées puisqu’il y a ainsi beaucoup moins de tableaux de l’École de Barbizon exposés à Orsay en 2013 qu’en 1993.

Regarder avec les yeux et le cœur mais aussi avec la tête.

Il est plus facile d’être ému devant un tableau quand on le comprend. La raison s’associe souvent à l’émotion pour amplifier celle-ci. Devant Guernica, on regarde, on ressent, puis on rapproche le tableau du combat personnel de Picasso pour les libertés, du bombardement en 1937 et de la commande par le gouvernement républicain espagnol, de l’accrochage et l’errance du tableau avant son retour au musée Reina Sofia en 1981. La sensation de départ est alors amplifiée, le sentiment de compréhension plus prégnant. Le regardeur entre plus facilement en communion avec l’œuvre. Et en suivant Marcel Duchamp, on pourra dire aussi que « C’est le regardeur qui fait le tableau. »

La découverte d’un tableau, selon nous, s’effectue en plusieurs phases : une émotion visuelle (1), puis une analyse de l’œuvre (2), de sa place dans le corpus de l’artiste (3), de sa place dans l’époque et l’histoire (4). Enfin il existe une dernière dimension qui est celle de la saga, liée à l’œuvre elle-même après sa création (5).
Le processus que nous décrivons ici a des analogies avec celui de la cristallisation, décrit par Stendhal en sept phases dans son De l’amour : « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections »

Ainsi, il n’est pas indifférent au point 3 de savoir que Les Parapluies (Renoir, National Gallery) fait la transition entre deux périodes picturales de la vie de l’artiste, ou encore que son modèle était la petite Suzanne Valadon (voir le Blog de VisiMuZ, ici), ou encore au point 4 que l’Allégorie avec Vénus et Cupidon (Bronzino, National Gallery) avait été commandée par le roi François 1er, ou de savoir à quel moment dans l’histoire intervient le Tres de Mayo (Goya, 1814, musée du Prado). Pour le point 5, ce qui est de l’histoire de l’œuvre, que serait devenue par exemple l’Olympia de Manet s’il n’y avait eu le scandale du Salon ? ou encore la renommée en France de La Laitière serait-elle aussi importante si elle n’avait pas été reprise par une marque de yaourts en 1974 ? Chambourcy, oh oui !
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Johannès Vermeer – La Laitière, ca 1658 – Rijksmuseum Amsterdam

Alors quand l’une ou plusieurs de ces dimensions manquent, le tableau et la sculpture, quelles que soient leurs qualités, restent moins connus. Et si toutes ces dimensions a contrario sont réunies, l’œuvre est le plus souvent célèbre, et est reconnue comme un chef-d’œuvre universel.

L’iconographie : quelques clefs pour mieux comprendre une œuvre ancienne

L’iconographie ou iconologie (les termes sont parfois confondus, mais correspondent à deux niveaux d’analyse) a été au XXe remise en lumière par l’historien d’art Erwin Panofsky. Il a défini dans son ouvrage Studies in Iconology (New York, 1939) trois degrés d’interprétation :
– le premier est préiconographique, il correspond à ce que l’on voit. Exemple : une femme nue avec un couteau dirigé vers son corps.
– le deuxième dit iconographique correspond à l’histoire ou au thème conventionnel : cette femme est Lucrèce qui veut se suicider après avoir été abusée par Sextus Tarquin en 509 avant J.C. L’histoire de Lucrèce a pour suite à Rome l’avènement de la République, comme le raconte Tite-Live (Histoire romaine, livre I, chap. 58). L’histoire de Lucrèce a donc également un volet politique, qui prend tout son relief quand on connaît les méandres politiques à Florence au XVIe. Les Médicis ont été chassés en 1494 pour donner lieu à une république éphémère, puis chassés à nouveau à la suite du sac de Rome en 1527.
– le troisième iconologique correspond à une interprétation servant un ou plusieurs thèmes ou exemples universels, ici la fidélité conjugale et le respect de l’honneur.
Artemisia Gentileschi (1593-1652) a peint plusieurs Lucrèce. Regardons le tableau ci-dessous :

Lucrèce Artemisia Gentileschi
Lucrèce, 1620, Palazzo Cattaneo-Adorno, Gênes

Les éléments vus plus haut s’appliquent évidemment. On ajoutera le fait qu’Artemisia Gentileschi a été violée à l’âge de 17 ans par le peintre Agostino Tassi, et qu’elle eut le courage (nous sommes en 1610) d’affronter son violeur dans le procès qui s’ensuivit, et on voit en quoi les trois degrés de Panofsky sont concernés directement. Sur un plan pictural, il est intéressant de constater que la romaine Artemisia, qui fréquentait, dans le cercle des amis de son père, Le Caravage a été influencé par son langage (lumière crue et chair blafarde au premier plan, contrastes très accentués, arrière-plan dans l’ombre).

Quelques textes pour reconnaître l’iconographie

En fait, comprendre le sujet d’un tableau fait appel à relativement peu de textes, même si ces textes sont à la fois denses et anciens.
Pour les œuvres au thème mythologique, la plupart des sujets proviennent de :
La Théogonie d’Hésiode,
– l’Illiade et l’Odyssée d’Homère,
Les Métamorphoses d’Ovide,
– l’Énéïde de Virgile,
– l’Histoire romaine de Tite-Live.
Pour les œuvres liées à l’Ancien Testament, la Bible est évidemment la source d’informations.
Notons que les épisodes faisant intervenir des personnages féminins, souvent dénudés, ont eu la faveur des artistes, qui n’en sont pas moins hommes, en tout cas dans la mythologie et l’Ancien Testament. Le Jugement de Pâris, Danaë, Diane et Actéon, Les Trois Grâces d’un côté, Adam et Ève, Suzanne et les Vieillards , David et Bethsabée, Loth et ses filles sont quelques thèmes récurrents.
Si l’œuvre est liée au Nouveau Testament ou à l’histoire de l’Église, deux ouvrages, outre les Évangiles et les Actes des Apôtres, peuvent vous aider à identifier les protagonistes et mieux comprendre le tableau :
– La Légende dorée de Jacques de Voragine (article wikipedia ici), décrit l’histoire d’environ 150 saints et martyrs chrétiens, et indique aussi souvent leurs attributs (par exemple le lion de saint Jérôme, les flèches de saint Sébastien, la roue de sainte Catherine)
Iconologia de Cesare Ripa, parue en 1593 (article wikipedia ici) destinée à « servir aux poètes, peintres et sculpteurs, pour représenter les vertus, les vices, les sentiments et les passions humaines »

Enfin nombreux sont les artistes jusqu’en 1850 qui se sont inspirés de quelques livres qui ont traversé les siècles. Parmi ces textes, La Divine Comédie (Dante, ca 1320), La Jérusalem délivrée avec ses héros Renaud et Armide, Tancrède et Herminie (Le Tasse, 1581), ou encore Roland furieux (L’Arioste, 1516-32) avec Roger et Angélique.

Pour finir, rappelons que l’académie avait défini en 1667 avec Félibien, puis enrichi un peu plus tard, une hiérarchie des genres, allant du plus noble au moins noble :
– Peinture allégorique (genre auquel la Peinture religieuse appartient)
– Peinture d’histoire
– Peinture de genre
– Portrait
– Peinture animalière
– Paysage
– Nature morte de gibiers, poissons et autres animaux,
– Nature morte de fruits, de fleurs ou de coquillages

Cette classification s’est appliquée jusque vers 1860. On aura à cœur de regarder un tableau antérieur à cette période avec quelques-uns des codes exprimés dans cet article. Pour les tableaux célèbres, nous essayons dans les guides VisiMuZ de vous raconter les histoires (degré 2 de Panofsky, niveau iconographique) associées au thème choisi par l’artiste, ou les anecdotes liées à l’artiste ou l’histoire de l’œuvre. Nous publierons bientôt le guide des musées du Vatican. Plus encore que dans d’autres musées, la démarche que nous vous proposons ici est nécessaire. La Pinacothèque, le musée Pio-Clementino, les appartements Borgia, les Chambres de Raphaël ou la Chapelle Sixtine ne se laissent pas approcher sans l’aide de l’iconographie.
Enfin, ne nous y trompons pas : même si les codes en sont différents, le plaisir dans l’art contemporain dépend aussi du regardeur.

Crédits Photographiques
1) Poussin, Tancrède et Herminie, Ermitage VisiMuZ
2) Vermeer Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Johannes_Vermeer_-_De_melkmeid.jpg User : Centpacrr: CC-PD-Mark
3) Artemisia Gentileschi Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lucretia_by_Artemisia_Gentileschi.jpg User :Shakko Licence : CC-PD-Mark

WE à Londres : Visitez la National Gallery avec un guide VisiMuZ dès le 11 mars

Pour que vous soyez acteur de votre visite et rendre celle-ci plus riche et plus réussie,
Pour visiter à votre guise en fonction du temps que vous avez et selon l’itinéraire que vous souhaitez,
Pour éviter de sortir du musée en étant frustré de ne pas avoir vu ce que vous auriez aimé voir,
Emportez votre guide VisiMuZ de la National Gallery sur votre tablette.

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Le guide VisiMuZ de La National Gallery contient plus de 150 reproductions de tableaux, que vous pouvez agrandir en pleine page. Près de 1000 œuvres ont été référencées, dont 13 ☆☆☆ et 49 ☆☆.

Le guide de la National Gallery, est le troisième guide VisiMuZ, après ceux du Metropolitan de New-York et de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Les guides VisiMuZ sont dédiés aux peintures des collections permanentes des Grands Musées du monde. Ils répertorient les œuvres de plus de 500 parmi les peintres ou sculpteurs les plus importants pour l’histoire de l’art. Le guide a ensuite été conçu pour permettre de les localiser le plus facilement possible dans les bâtiments.
Les guides VisiMuZ sont innovants, complets, simples, pratiques. Ils profitent pleinement des avantages du support numérique (navigation intuitive, recherche textuelle, police adaptée à la vue du lecteur, annotations, etc.).

NationalGallery_Astuces_VisiMuZ

Vous pouvez préparer tranquillement votre visite chez vous, à l’hôtel, dans le train ou dans l’avion. Aucune connexion n’est requise après le téléchargement initial (à l’exception près de la  biographie wikipedia)

National Gallery -  Astuces plans et étoiles VisiMuZ

Vous pouvez vous déplacer de manière interactive dans le musée à partir du plan, retrouver directement et simplement les tableaux les plus célèbres. Au lieu de subir un itinéraire, vous organisez votre propre visite en étant sûr de retrouver les œuvres des artistes que vous aimez. Pour chacune des œuvres majeures, un petit commentaire vous plonge dans l’histoire du tableau ou de son auteur. Les enfants sont également demandeurs, car le guide transforme leur visite du musée en « chasse au trésor ».
Les guides VisiMuZ vous donnent une vision d’ensemble du musée que vous êtes en train de visiter.
Ce sont aussi des guides nomades. Ils sont rapides à télécharger, sont économes en place (6 Mo environ), ne nécessitent aucune connexion, ce qui est indispensable à l’étranger.
Les guides VisiMuZ sont pérennes. Ce sont d’abord des livres. Ils sont transférables sur différentes tablettes.
VisiMuZ Éditions est un éditeur issu du monde numérique, spécialisé dans le monde de l’Art.
À ce jour trois guides VisiMuZ ont été publiés :
– États-Unis – Metropolitan Museum of Art – New York
– Russie – Musée de l’Ermitage – Saint-Pétersbourg
– Grande-Bretagne – National Gallery – Londres
Les prochaines parutions sont les suivantes :
– Vatican – Pinacothèque, Chapelle Sixtine et autres – Rome
– Autriche – Kunsthistorisches Museum – Wien

Toutes les fonctionnalités des guides VisiMuZ sont actives sur les iPads, iPods, iPhones. Une version Androïd est en préparation (utilisable avec le programme de lecture Mantano).

Peintres du nord dans les grands musées internationaux

Au XIXe siècle, le monde de l’art n’a eu d’yeux que pour la France. Depuis Ingres, Delacroix, Courbet, Corot, Millet jusqu’à la déferlante des mouvements en « -istes » (impressionnistes, pointillistes, postimpressionnistes, symbolistes, etc.) ou non (nabis, Pont-Aven, etc.). Suivant le dicton, il « n’était bon bec que de Paris ». Même les étrangers accouraient à Paris et devenaient des peintres presque français : James Abbott Whistler, Mary Cassatt, Vincent Van Gogh au 19e, puis Pablo Picasso ou Juan Gris par exemple, quelques années plus tard. Pendant ce temps, plusieurs écoles originales naissaient aux États-Unis ou en Grande-Bretagne et trouvaient également un public international.

Dans l’ombre et une relative indifférence, des talents individuels émergeaient dans les pays du Nord.

Au Danemark, Christoffer Willem Eckersberg (1783-1853), Christen Købke (1810-1848), Michaël Ancher (1849-1927) et l’école de Skagen puis Vilhelm Hammershøi (1864-1916), en Norvège J.C. Dahl (1788-1857) puis Edward Munch (1863-1944), en Suède Anders Zorn (1860-1920), et, dans ce territoire sous protectorat qui deviendra la Finlande en 1917, Akseli Gallen-Kallela (1864-1931). Leurs œuvres ont été occultées par l’éclat de la scène parisienne et on découvre seulement depuis peu leur importance.

Alors qu’il y a vingt ans, on ne pouvait les admirer régulièrement que dans les pays du Nord, les plus grands musées les ont maintenant achetés ou sortis des réserves et les exposent. Parfois cela s’effectue de manière un peu confidentielle (ils sont perdus au niveau 2 du musée d’Orsay dans un accrochage très mélangé, et au Louvre, il faut chercher la salle D – aile Richelieu de la peinture scandinave, fermée le jeudi et le vendredi soir), ou en pleine lumière aux côtés des noms les plus célèbres comme à la National Gallery de Londres.

Christoffer Willem Eckersberg (1783-1853) a « explosé » depuis sa grande rétrospective à la NGA de Washington en 2004.

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Vue à travers trois des arches du troisième étage du Colisée à Rome , 1815-16
Statens Museum, Copenhague

En regardant Eckersberg , on pense immédiatement à David (dont il a été l’élève) ou Ingres mais aussi au Corot des jeunes années romaines. Le Louvre expose trois tableaux d’Eckersberg acquis en 1919, mais aussi 1980 et 1987, la National Gallery de Londres une Vue du Forum entrée en 1992, la National Gallery de Washington, une Vue du Cloaca Maxima à Rome, l’Art Institute de Chicago un Cloître de Saint-Laurent hors les murs.

Christen Købke (1810-1848) n’a eu droit à sa première grande exposition internationale qu’en 2010 (à la National Gallery de Londres) . Je suis prêt à prendre le pari que l’on reparlera souvent de son œuvre dans les années à venir.

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La porte du nord à la citadelle de Copenhague, 1834 – Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague

Vilhelm Hammershøi (1864-1916) a créé une œuvre sensible, souvent en grisaille, très intériorisée et très intéressante. Il est souvent surnommé « le Vermeer moderne du nord ». Sa première grande exposition internationale a eu lieu en 2008, à Londres (Royal Academy of Arts).

Une autre grande exposition s’est tenue en 2012, d’abord à Copenhague puis à la Kunsthalle de Hambourg.

201302Wilhelm_Hammershøi_-_Rest_-_Google_Art_ProjectRepos, 1905 – Musée d’Orsay

J.C. Dahl est un peintre norvégien, mail il a été rattaché à l’école danoise. Protégé par le roi du Danemark, ami de C.W. Eckersberg et de Caspar David Friedrich, il n’a pas encore eu droit aux honneurs d’une grande exposition internationale. Il est exposé à Londres, mais aussi au Met de New York.

oeuvre_6031 Les Chutes du bas au Lobrofoss, 1827 – National Gallery Londres

Edward Munch (1863-1944), presqu’inconnu il y a cinquante ans, qui est maintenant le peintre le plus cher du monde en vente publique depuis l’adjudication de 2012 à 120 millions de dollars pour une version du Cri.

Anders Zorn (1860-1920) est un peintre suédois, de son temps connu d’abord comme portraitiste mondain, des deux côtés de l’Atlantique, à l’instar d’un John Singer-Sargent, par exemple.
Mais on regarde maintenant ses scènes de la vie quotidienne, ses paysages et ses portraits naturistes. Il a eu l’honneur d’une grande exposition pour l’inauguration de la nouvelle aile Renzo Piano au Isabella Stewart Gardner Museum de Boston en 2012 et de nouveau du 28 février au 13 mai 2013 :
https://www.gardnermuseum.org/collection/exhibitions
Exposé aussi au Met ou à Orsay, Zorn est le peintre suédois le plus cher en vente publique avec une adjudication à 3,076 Millions d’euros en 2010 pour Sommervergnügen.

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Sommervergnügen – Summer Fun, aquarelle sur papier, 1886.

Akseli Gallen-Kallela (1864-1931) est un peintre finlandais audacieux et éclectique.

201302_Akseli_Gallen-Kallela_-_Lake_Keitele,_1905 Le Lac Keitele, 1905 – National Gallery Londres

Ses paysages contrastés contribuent à sa gloire montante, mais d’autres pièces plus confidentielles mettent en valeur une personnalité forte, aux œuvres parfois dérangeantes.
On pourra suivre le lien suivant pour voir Démasquée, exposée à l’Ateneum d’Helsinki.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Akseli_Gallen-Kallela_-_Démasquée.jpg

Alors que, par exemple, les peintres de l’école de Barbizon, adulés il y a trente ans, subissent maintenant une relative éclipse, ces peintres du nord sont en accord avec le goût de notre époque.
Faites nous part de vos découvertes et de vos impressions sur ces peintres majeurs du Danemark, de Norvège, de Suède et de Finlande dans les musées que vous visitez !

Crédits Photographiques

1) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:C.W._Eckersberg_-_A_View_through_Three_Arches_of_the_Third_Storey_of_the_Colosseum_-_Google_Art_Project.jpg User : DcoetzeeBot   licence : CC-PD-Mark
2) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Christen_K%C3%B8bke_-_The_North_Gate_of_the_Citadel_-_Google_Art_Project.jpg User : DcoetzeeBot licence : CC-PD-Mark
3) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wilhelm_Hammersh%C3%B8i_-_Rest_-_Google_Art_Project.jpg User : DcoetzeeBot licence : PD –Art
4) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Johan_Christian_Dahl_-_The_Lower_Falls_of_the_Labrofoss.jpg User : Boo-Boo Baroo licence : CC-PD-Mark
5) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sommarn%C3%B6je_%281886%29,_akvarell_av_Anders_Zorn.jpg User : IdLoveOne licence : PD-Art
6) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Akseli_Gallen-Kallela_-_Lake_Keitele,_1905.JPG User : Boo-Boo Baroo  licence : CC-PD-Mark

Escapade à la National Gallery avec James

Les spectateurs de Sky Fall n’ont pas manqué de le remarquer. James rencontre Q (son nouveau Quartermaster) assis sur un banc dans la salle 34 devant deux des Turner les plus connus de la National Gallery.
En face d’eux se trouve le Dernier Voyage du Téméraire.

Turner_temeraire_wEst-ce un clin d’œil au scénario du film, à un James Bond vieillissant et affaibli ?

En 1839, le vétéran qu’est devenu aussi Joseph Turner (1775-1851) peint le voilier vétéran de Trafalgar, remorqué par un vapeur. Le monde change, le voilier est magnifié, et le remorqueur évoque la crasse et la suie. Turner traite de la couleur comme une « lumière obscurcie » selon la théorie des couleurs théorisée par Goethe (1810). Le bleu représente le côté obscur (et la mort du vieux voilier), les jaunes et rouges le côté pur. L’ère victorienne à laquelle appartient cette toile, de même que le poème de Tennyson, Ulysses, lu par M. dans le film, est le symbole absolu de la grandeur du Royaume-Uni.

À la droite de James sur le mur se trouve Ulysse raillant Polyphème, l’Odyssée d’Homère, autre tableau de Turner peint plusieurs années auparavant. Au total, ce ne sont pas moins de cinq tableaux de Turner qui se trouvent sur le mur de cette salle, dont le célébrissime Pluie, Vapeur, Vitesse.

Dans le dos des acteurs, on peut aussi entrevoir à droite, un tableau de Thomas Gainsborough (1727-1788), Mr et Mme William Hallett (La Promenade du matin), 1785, et à gauche un tableau au sujet très original de Joseph Wright of Derby, Une expérience sur un oiseau avec la pompe à air, élément d’une série de peintures des années 1760, éclairées par des bougies.

Vous pouvez faire une visite virtuelle 360° de cette salle sur le site web de la National Gallery (salle 34).
skyFall_James&Q

Skyfall : la rencontre de James et Q.

L’entrée à la National Gallery est gratuite. Mais ses gestionnaires utilisent divers moyens pour équilibrer leur budget. Parmi ces moyens, le fait de louer les salles pour des évènement privés, comme ici pour le tournage d’un film.

Le site du musée fait la promotion de ses salles comme décors en citant le clip Wonderbra ou le film St Trivian.

2006

Par un froid matin de novembre, Wonderbra a utilisé l’escalier de l’aile Sainsbury pour une scène avec une centaine de mannequins en soutien-gorge. Les employés et les visiteurs se sont demandé un moment s’il s’agissait d’un nouvel outil de communication du musée, ou… un nouvel uniforme pour les employées.

2007

Le film St. Trinian, pensionnat pour jeunes filles rebelles avec Ruppert Everett, prend la National Gallery comme décor. Le pitch est le suivant. St. Trinian’s est une école pour jeunes filles de l’aristocratie qui se trouve au bord de la faillite. Les pensionnaires, qui n’acceptent pas que leur école soit fermée, décident de voler la Jeune fille à la perle de Vermeer à la National Gallery.

Ne vous précipitez pas à Londres pour voir La Jeune fille à la perle. Si deux Vermeer se trouvent bien à la National Gallery, La Jeune Fille est à la Haye au Mauristhuis.

Si vous êtes intéressé pour tourner un film dans le musée, rien de plus simple. Voir sur le site du musée.

Le formulaire de devis est sur l’onglet Book now : « Please complete the form below to enquire about using The National Gallery as a filming location ». La National Gallery n’est pas un exemple isolé. On se souvient d’Audrey Tautou au Louvre dans le Da Vinci Code en 2006.

Le quizz du jour ? Trouver dans quels films apparaissent vos musées favoris.

Crédit photos
Turner : User : MGA73bot2
Lien https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Turner_temeraire_w.jpg (PD-Art)
Sky Fall : Image Credit: MGM/Danjaq, LLC

La Pinacoteca Agnelli : un micro-guide VisiMuZ pour un WE àTurin

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VisMuZ a visité pour vous un musée peu connu. Trop petit pour entrer dans la collection, il mérite votre visite à l’occasion d’une balade en Italie. Aussi nous vous postons quelques commentaires pour vous permettre comme toujours de « savoir avant de voir ».

Informations pratiques

Via Nizza, 230 10126 Torino, Italie, % +39 011 006 2713
Web : https://pinacoteca-agnelli.it/visit/en/
Du mardi au dimanche de 10 à 19 h, le guichet ferme à 18h15. Fermé le lundi, les 24, 25, 31 décembre et le 1er janvier.
Pour les visiteurs en voiture, prendre la Tangenziale Sud, sortie corso Unità d’Italia. Parking intérieur gratuit (sites A, B, D, L) pour trois heures sur présentation du ticket d’entrée à la caisse de la Pinacothèque.
Tram et bus 1 à 18 – 35. Descendre à l’arrêt de métro / terminus LINGOTTO.

Généralités
La pinacothèque Gianni et Marina Agnelli a ouvert en 2002 sur le site historique des usines FIAT, le Lingotto, transformé en centre commercial et culturel sous l’égide de Renzo Piano. Le Lingotto était le symbole de l’industrie turinoise du XXe. La Pinacothèque est accessible en entrant d’abord dans le centre commercial. Il faut alors monter au 2e étage par les escalators, puis prendre l’ascenseur pour l’entrée dans l’écrin ou la « casquette » (lo « scrigno ») au 4e étage. La petite collection permanente est au 5e étage, les expositions temporaires aux 4e et 3e étages.

En cette fin d’année 2012, l’exposition temporaire « Freedom not Genius » (jusqu’au 10 mars 2013) fait la part belle à Damien Hirst, et aux œuvres de sa collection personnelle (Francis Bacon, Mario Merz…).

5e étage – Collection permanente
Elle est formée par le legs de Gianni et Marina Agnelli. Celui-ci avait deux amours : Canaletto et Matisse. Du premier, il a donné six toiles, dont le fameux « Bucentaure », du second, le musée expose sept œuvres. La collection permanente comprend au total vingt cinq tableaux et deux sculptures

★★

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Amedeo MODIGLIANI (1884-1920), Nu couché, 1917

Dans les années 1916-17, Modigliani a peint au total trente femmes nues. Ce tableau a été en 2011 la vedette de l’exposition « Inspiration Dior » à Moscou. Il correspond bien au désir d’Agnelli qui voulait offrir aux Turinois « plaisir, beauté et joie »

Bernardo BELLOTTO (dit aussi Canaletto « le Jeune ») (1720-1780) – 2
La Hofkirche à Dresde avec le château et le pont d’Auguste (Dresde depuis la rive gauche de l’Elbe), 1748 ♦Le Nouveau Marché de Dresde, vu depuis la Moritzstrasse, ca 1750

CANALETTO (Giovanni Antonio Canal, dit) (1697-1768) – 6
Le Pont du Rialto depuis le nord, 1725 ♦Le Grand Canal, près du pont du Rialto depuis le nord, 1725 ♦Campo San Zanipolo, 1726 ♦Le Grand Canal de Sainte-Marie de la Charité vers le bassin de Saint-Marc, 1726 ♦Le Grand Canal de l’église de Santa Maria di Nazareth (ou Scalzi) à l’église de Santa Croce, 1738 ♦Le Bucentaure au môle pour le jour de l’Ascension, 1740

Antonio CANOVA (1757-1822) – 2
Danseuse avec le doigt sur le menton (plâtre), be 1809-14 ♦Danseuse avec les mains sur les hanches (plâtre), 1811-12

Giambattista TIEPOLO (1696-1770)
Hallebardier dans un paysage , 1736

Édouard MANET (1832-83)
La Négresse, 1862-63

Pierre Auguste RENOIR (1841-1919)
Renoir - La Baigneuse blonde
La Baigneuse blonde,1882

 

Giacomo BALLA (1871-1958)
Velocità astratta, 1913

Henri MATISSE (1869-1954) – 7
Femme et anénomes, ca 1920 ♦Méditation – Après le bain, 1920 ♦Intérieur au phonographe, 1934 ♦Assiette de fruits et lierre en fleurs dans un pot à la rose, 1941 ♦Tabac Royal, 1943 ♦Michaella, robe jaune et plante, 1943 ♦ Branche de prunier, fond vert,1948

Pablo PICASSO ( 1881-1973) – 2
L’Hétaire, 1901 ♦Homme accoudé sur une table, 1915-16

Gino SEVERINI (1883-1966)
Lanciers italiens au galop, 1915

Bonne visite !

 

  • Crédits photographiques
  • Photo Bâtiment Auteur : SurfAst  https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pinacoteca_Giovanni_e_Marella_Agnelli1.jpg
  • Photo Modigliani  Auteur : Rlbberlin;https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Amedeo_Modigliani_-_Nu_couch%C3%A9.jpg
  • Photo Renoir Auteur  Rlbberlin https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Renoir_-_La_baigneuse_blonde.jpg

Parution du guide VisiMuZ du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg

Le guide VisiMuZ du musée de l’Ermitage a été publié aujourd’hui sur l’iBooks store. Il contient plus de 130 reproductions de tableaux, que vous pouvez agrandir en pleine page. Plus de 1100 œuvres ont été référencées, dont 15 *** et 47 **. Trois plans interactifs vous permettent de vous repérer à chaque étage du musée, à aller dans les sections qui vous intéressent, sans vous perdre sur les cinq hectares des quatre bâtiments. Des Titien, Rembrandt et Rubens de Catherine II aux Gauguin, Van Gogh, Matisse, Picasso des collections nationalisées de Chtchoukine et Morozov, vous connaîtrez tout des richesses du palais d’Hiver, du Petit Ermitage, du Vieil et du Nouvel Ermitage.

Musée de l'ErmitageCombien de fois êtes-vous sorti d’un musée, en remarquant à la librairie que votre visite a été incomplète ? Vous avez manqué de voir telle ou telle œuvre d’un peintre que vous appréciez particulièrement, ignorant de la présence de ce tableau, ou errant dans l’ignorance des subtilités des itinéraires dans le musée. Combien de fois avez-vous regretté de ne plus avoir sous les yeux, chez vous, après la visite, les commentaires des cartels ou les explications de l’audio-guide ?

Les guides VisiMuZ sont nés pour apporter une solution à cette situation. Ils sont dédiés aux peintures des collections permanentes des plus grands Musées du monde. Ils répertorient les œuvres de plus de 500 parmi les peintres ou sculpteurs les plus importants pour l’histoire de l’art. Le guide a ensuite été conçu pour permettre de les localiser le plus facilement possible dans les bâtiments.
Les guides VisiMuZ sont innovants, complets, simples, pratiques. Ils profitent pleinement des avantages du support numérique (navigation intuitive, recherche textuelle, police adaptée à la vue du lecteur, annotations, etc.).
Mais c’est aussi une nouvelle manière de visiter. Navigation à partir du plan du musée ou vers celui-ci, lien wers Wikipedia (en mode connecté) pour l’accès aux biographies, etc.
Les guides VisiMuZ  donnent une vision d’ensemble du musée. Ce sont aussi des guides nomades, rapides à télécharger, économes en place. Ils ne nécessitent aucune connexion, ce qui est indispensable à l’étranger.
Les guides VisiMuZ sont pérennes. Ce sont d’abord des livres. Ils sont transférables sur différentes tablettes.