La Grande Portugaise, Robert Delaunay

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La Grande Portugaise, 1916, Robert Delaunay, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

Robert Delaunay était très lié avant 1914 avec les peintres allemands August Macke et Franz Marc, ou encore avec Vassily Kandinsky (qui vivait en Allemagne). Sa femme Sonia Terk-Delaunay, d’origine ukrainienne, avait grandi aussi en partie en Allemagne. Aussi quand la guerre éclate, Delaunay, qui était en vacances en Espagne, décide de ne pas rentrer en France. Il s’installe à Madrid avec Sonia, pendant que Macke puis Marc se font tuer en France. En 1915, il s’établissent au Portugal et vont alterner séjours en Espagne et au Portugal jusqu’en 1922.

D’abord qualifié comme déserteur, Robert se présente au consulat de Vigo en 1915 et est réformé pour raisons de santé. Delaunay avait abordé l’abstraction (cercle coloré) en 1912 et 1913. Il revient pendant la guerre à la figuration tout en appliquant pour plus de force la théorie du contraste simultané des couleurs (Chevreul, 1839), et en introduisant dans la toile ses disques chromatiques. La lumière du Portugal exerce aussi sur lui une influence importante qui se retrouve dans ses toiles puissantes, aux couleurs chaudes. Delaunay pensait que la couleur pure avait un impact plus fort en créant une émotion immédiate. Il utilise aussi souvent dans le même tableau différentes techniques pour les besoins de son sujet. L’huile est couvrante et permet plus d’épaisseur de la matière, la colle est utilisée pour les surfaces sèches, et la cire pour les surfaces transparentes.

Ce tableau est d’une taille imposante (180 x 205 cm). Il prend toute sa force quand on arrive dans la salle où il est accroché (quand il n’est pas prêté). Une autre version, plus petite et aux couleurs un peu moins puissantes, se trouve au musée de Colombus (Ohio).

15/09/2015

Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad

Portrait de madame Heim, Robert Delaunay

Portrait de madame Heim, Robert Delaunay

Portrait de madame Heim, 1927, 130 x 97 cm Robert Delaunay, Centre Georges Pompidou, Paris

En 1925, Sonia Delaunay avait été associée au couturier Jacques Heim pour l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs. Ils avaient installé ensemble une « boutique simultanée » (tissus par Sonia, modèles des robes par Jacques Heim) sur le Pont Alexandre-III. Ce fut un triomphe, qui prélude à la création de la maison de couture Jacques Heim en 1930. Les deux couples étaient donc en relation suivie et il est logique que Robert réalise ce portrait. Mais en fait il s’agit presque d’une série.

Il a été précédé de différentes études et esquisses, et de dessins divers. L’une d’elles a été vendue en 2012 chez Christie’s à Londres ICI

Les années 20 sont une période de retour à l’art classique et comme Picasso ou Léger, Delaunay revient pour un temps à la figuration. La robe que porte madame Heim est très certainement une création de son mari, sur un dessin géométrique créé par Sonia Delaunay. Sonia militait pour une universalité du design dans la vie qu’elle appelait « la vie simultanée ». Elle avait créé sa première « robe simultanée » dès 1913. Blaise Cendrars avait écrit à ce propos : « Ce n’était plus un morceau d’étoffe drapé selon la mode courante mais un composé vu d’ensemble comme un objet, comme une peinture pour ainsi dire vivante, une sculpture sur des formes vivantes. » Sonia précisera plus tard que « la mode du jour ne nous intéressait pas. Je ne cherchais pas à innover dans la forme de la coupe, mais à égayer et à animer l’art vestimentaire en réutilisant les matières nouvelles porteuses de nombreuses gammes de couleur ».

Robert et Sonia réunis dans un seul tableau.

10/07/2015

Photo courtesy The Athenaeum, Irene