Jour de pluie, Boston, Childe Hassam

Jour de pluie, Boston, Childe Hassam

Jour de pluie, Boston, 1885, hst, 66,2 x 122 cm , Childe Hassam, Toledo Museum of Art, Toledo (OH)

En cette année 1885, Childe Hassam (1859-1935) habitait à Boston avec sa jeune femme Kathleen Maud. Il habitait au 282, Colombus Avenue, au sud de la ville. Il aimait le côté urbain du quartier, à l’époque très nouveau aux États-Unis. « La route était entièrement recouverte d’asphalte, et je pensais souvent qu’elle était jolie lorsqu’elle était mouillée et luisante, qu’elle reflétait les passants et les véhicules de passage. » a-t-il alors déclaré.

Le reflet des briques et du ciel sur l’eau donne une teinte rosée à toute la scène. Le peintre arrive également à mettre de l’humidité dans l’air et la pluie trouble l’atmosphère (par exemple dans les personnages du second plan). À cette époque, Hassam n’est pas encore le leader de l’impressionnisme américain qu’il va devenir, qui va saturer ses toiles de lumières et de contrastes. La touche ici est aussi plus classique, proche des réalistes. Bien évidemment, la critique bostonienne a violemment critiqué ce tableau lors de sa présentation, la soi-disant banalité du sujet empêchant que cette peinture soit de l’art.

Deux ans auparavant, Hassam a séjourné en France et il a eu le temps de voir et d’apprécier le nouveau Paris créé par le baron Haussmann, avec ses perspectives urbaines dont la municipalité de Boston s’est aussi inspirée. Mais il nous paraît vraisemblable que l’idée de la composition lui est venue d’un autre tableau, celui-là par Gustave Caillebotte.

Rue de Paris, temps de pluie avait été présenté à la 3e exposition impressionniste en avril 1877. Sans avoir de certitude, il nous paraît vraisemblable que Childe Hassam l’ait vu durant son séjour à Paris.

Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte

Rue de Paris, temps de pluie, 1877, hst, 212,2 x 276,2 cm, Gustave Caillebotte, Art Institute de Chicago, Chicago (IL)

La présence dans les deux tableaux des lampadaires à gaz ancre les compositions dans la modernité. De même, dans les deux cas, la répétition de bâtiments identiques introduit un rythme particulier. Comme chez Caillebotte, le cadrage chez Hassam est asymétrique, une audace qui rompt avec le parallélisme classique, mais la scène apparaît moins figée chez Hassam que chez Caillebotte. Le trait moins net, moins « ligne claire » chez Hassam fait que ce dernier nous apparaît plus classique et moins révolutionnaire que Caillebotte. Mais le charme de notre tableau du jour tient aussi aux reflets nacrés de l’asphalte.

Si le tableau de Caillebotte est immense, invitant le spectateur à se confronter avec des personnages de même taille que lui, le cadrage chez Hassam est également très particulier, introduisant une vision panoramique, très loin des canons de l’époque pour la peinture de paysage (une toile P50 mesurerait 81 x 116 cm alors que nous sommes ici à 66 x 122 cm).

Childe Hassam, amoureux de Paris, va y retourner dès l’année suivante pour y vivre 3 ans.

06/01/2015

photos wikimedia commons

1 – Gustave_Caillebotte_-_Paris_Street;_Rainy_Day_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot
2 – Childe_Hassam_-_Rainy_Day,_Boston_-_Google_Art_Project.jpg Usr INeverCry

Neige tombant dans l’allée, Edvard Munch

Neige tombant dans l'allée, Edvard Munch

Neige tombant dans l’allée, 1906-08, hst, 80 x 100 cm, musée Munch, Oslo.

Notre tableau du jour correspond à une époque complexe dans la vie de Munch. Comme peintre, il est célèbre, il a été à la source de différents scandales dans la décennie précédente, comme à Berlin le 5 novembre 1892, puis a été célébré à l’aube du siècle un peu partout en Europe. Mais sa vie personnelle a été terrible. Nous en avions parlé ici. Ce tableau a-t-il été terminé avant ou après son séjour de huit mois en 1908 dans une clinique à Copenhague pour dépression et hallucinations ?

En tout cas, aucune faiblesse ne transparaît dans cette toile à la composition intemporelle. Les personnages (des enfants  ?) au premier plan sortent du cadre, une attitude qui renforce la dynamique de la scène et invite le spectateur à entrer dans le tableau.

Vous souvenez-vous du tableau de Ferdinand Hodler : La Route d’Évordes, que nous avons publié en novembre (ici) ? Entre 1890 (date du tableau de Hodler), et 1906-1908 (date de notre tableau du jour), les mouvements se sont succédés sans arrêt. Entre les Nabis, les symbolistes, l’expressionnisme, les Sécessions berlinoise, munichoise et viennoise, puis Die Brücke et Les Fauves français, l’approche du tableau a évolué dans de nombreuses directions. Mais il existe des invariants en peinture, et en particulier la composition reprenant une route qui disparaît au loin. Elle est un grand classique depuis le XVIIe siècle, comme nous l’avons vu avec le tableau de Hodler et la référence à Meindert Hobbema (ici).

04/01/2016

photo Courtesy The Athenaeum, Irene.

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