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Femme essuyant son pied, Edgar Degas

Femme essuyant son pied, Edgar Degas

Femme essuyant son pied, 1885-86, pastel sur papier, 50,2 x 54 cm, Edgar Degas, Metropolitan Museum of Art, New York

Francis Carco (1886-1958), écrivain, poète, académicien Goncourt, a écrit entre 1920 et 1924 un ouvrage « Le Nu dans la peinture moderne »[*], tellement oublié aujourd’hui qu’il ne figure même pas dans le répertoire de ses œuvres sur Wikipedia. Et pourtant, ce texte de 162 pages est important pour qui souhaite comprendre l’émulation artistique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Mais citons d’abord l’auteur à propos de Degas [pages 55-56] :

« Renoir peint la femme nue au repos …/… Les modèles de Cagnes sont assis ou couchés. Degas, lui, veut interpréter le mouvement. Deux tentatives dominent dans son premier effort : immobiliser un cheval de course. Une autre, d’esprit plus complexe : figer la pose, le geste de la danseuse hors de scène, le repos après la classe, ou la fatigue dans la loge. L’illusion du ballet s’évanouit. La fée est une créature lasse et voici le contraste, entre l’impression légendaire qu’elle a créée et la réalité même où on la découvre. Le mot de réalité amène celui de réalisme. Cependant Degas n’est pas un réaliste. Il ne s’efforce pas à une traduction servile. La sorte d’avilissement, que causent l’hébétude et la posture animale à la seconde de l’effort ou après l’effort, devient le centre d’une illusion plastique et le départ, en même temps que l’aboutissant, d’une arabesque inédite. Saisir le principe du mouvement exact, comme le ferait un « instantané » et le plier à une expression d’art, sans doute ! Mais en inversant et en prenant le moyen pour la fin, on a souvent donné à Degas la psychologie d’un photographe désabusé. Nulle folie qu’une œuvre ne puisse aussi victorieusement démentir !

Après s’être appliqué à l’école des chevaux, des danseuses, des ouvrières, Degas commence, vers 1883, cette étude du nu féminin qui le hantera jusqu’à la mort et le confinera dans cet isolement définitif où on l’a vu se retirer. La dernière exposition impressionniste marque pour lui l’heure de la retraite. Et pourtant, la notoriété n’était pas loin de consacrer l’art de ce peintre, Degas en dédaigne le servage. Aussi va-t-elle choyer l’expression, peut-être moins profondément fouillée, mais plus spontanément typique, de Toulouse-Lautrec.

Degas associe la représentation du nu à l’intimité la plus absolue de la femme. Il ne nous la représente qu’au moment où, même avec une domestique, elle se sait seule, à sa toilette.

Après la toilette, femme se coiffant, Edgar Degas

Après la toilette, femme se coiffant, ca 1885, pastel, 52 x 51 cm, Edgar Degas, musée de l’Ermitage

Pour ce peintre, elle doit abdiquer toute coquetterie. Enjambant sa baignoire, accroupie sur son tub, s’épongeant, s’essuyant à gestes gauches ou pénibles, voûtée, maladroite, poussant laborieusement le peigne dans ses cheveux, laissant pendre au bout du pied une sandale disgracieuse, la nymphe de Cabanel s’est transformée en une ménagère qui vient de quitter sa chemise. Cette personne, attentive aux « soins les plus humiliants[1] », a oublié ou n’a jamais su qu’un corps semblable au sien résume la plus haute ferveur des esthétiques. Et cependant Degas s’acharne sur l’inconscience de son modèle. »

[1]. Jean-Louis Vaudoyer.

Il ne vous a pas échappé que notre nymphe d’hier était au repos et que les deux pastels ci-dessus immortalisent un instantané, un mouvement. Le pastel est un outil plus rapide que la peinture à l’huile et permettait donc à Degas de faire (un peu) moins souffrir ses modèles, tenus de garder la pose dans des positions normalement seulement très provisoires au cours d’un mouvement. Imaginez vous seulement en train de garder cette pose pendant plusieurs heures !

Cette analyse, que certains d’entre vous avaient déjà sans doute faite, met en évidence le talent novateur de Degas à partir des années 1870. Auparavant, et plus classiquement, il dessinait des modèles beaucoup plus statiques, comme dans le dessin ci-dessous.

Étude pour Scènes de guerre au moyen âge, Edgar Degas

Étude pour Scènes de guerre au moyen âge, 1865, crayon sur papier 31,1 x 27,6 cm, Edgar Degas, musée du Louvre, département des Arts graphiques

Une évolution à retrouver dans la monographie de Degas par Paul Jamot chez VisiMuZ

04/12/2015

Photos : 1- VisiMuZ, 2- Courtesy The Athenaeum, rocsdad, 3- Courtesy wikiart.org

[*] Paris, Édition G.Crès, 1924.