Tableaux spoliés durant la guerre. Pourquoi tant de flou ?

Gustave Caillebotte. La Seine à Argenteuil, bateaux au mouillage, ancienne collection Armand Dorville

Gustave Caillebotte. La Seine à Argenteuil, bateaux au mouillage, ancienne collection Armand Dorville, un tableau spolié restitué ? ou non ?

 

Une volonté politique réaffirmée, une base de connaissances importante…

 

Le contexte

Le sujet des spoliations des juifs par les nazis est plus que jamais d’actualité. Trente-trois ans après le président Jacques Chirac en 1995, Édouard Philippe, Premier ministre, a voulu donner une nouvelle impulsion au processus de restitution, à l’occasion de la commémoration de la rafle du Vél’d’Hiv, le 22 juillet 2018.

Après avoir rappelé l’installation de la commission Mattéoli en 1997, et la création de la CIVS (Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations) deux ans plus tard et leurs résultats (le versement de plus de 500 millions d’euros d’indemnités au titre des spoliations matérielles, et de 53 millions d’euros au titre des spoliations bancaires), Édouard Philippe a ajouté : « Il est un domaine dans lequel nous devons faire mieux : celui de la restitution des biens culturels. Vous le savez : dans les collections nationales, se trouvent de nombreuses œuvres dont les juifs ont été spoliés durant l’Occupation. Des biens que l’État n’est pas encore parvenu à identifier dans leur totalité, encore moins à restituer. Je ne mésestime pas les difficultés concrètes que posent ces opérations. Mais nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation. C’est une question d’honneur. Une question de dignité. De respect des victimes de ces spoliations, de leur mémoire et de leurs descendants. C’est pourquoi, j’ai décidé de doter la CIVS d’une nouvelle compétence, celle de pouvoir recommander la restitution de ces œuvres ou, à défaut, d’indemniser les personnes concernées. »

Une Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 a donc été créée le 5 juin 2019 sous l’égide du Ministère de la culture, pour donner plus de poids aux recherches menées depuis 1945.

La construction d’une base de connaissances

La mise en œuvre des spoliations a suivi des processus très variés : le vol direct par Goering ou Hitler, l’envoi vers les dépôts du Reich, les échanges avec des marchands, la vente aux enchères publiques de « biens israélites », la vente privée à des receleurs, le paiement en nature de collabos, etc.

À la Libération, les propriétaires d’objets spoliés ont dans un premier temps décrit les tableaux qui leur avaient été volés.

En 1947, a été établi un Répertoire des biens spoliés en France durant la guerre 1939-1945 qui sert encore aujourd’hui de référentiel pour nombre de collections.

Deux problèmes distincts se posent : les tableaux disparus (lost) d’une part et les tableaux retrouvés (found) dont on ne connaît pas les propriétaires d’autre part.

L’État a ainsi créé la notion de MNR (Musée Nationaux Récupération) pour les objets retrouvés. Plusieurs organismes collaborent avec les Musées nationaux pour la recherche des tableaux MNR. D’autres organisations se penchent sur le sort des tableaux perdus.

Les efforts dans ce domaine ont abouti à la construction de plusieurs bases de données d’objets spoliés, perdus et/ou trouvés. Les plus importantes sont publiques et en accès libre. Mais ces bases de données sont aujourd’hui peu mises à jour et ont une fiabilité très relative.

 

… mais une mise en œuvre délicate

Le problème est que 75 ans après cette période, le marché de l’art ne fait pas forcément de recherche sur la provenance des œuvres mises en vente, que la vente soit privée ou publique.

Chez VisiMuZ, notre conviction est que pour retrouver les tableaux recherchés, il faut d’abord les identifier sans ambiguïté, et cette condition préalable n’est pas souvent respectée dans les bases de données d’objets spoliés.

À titre d’exemple, dans la base de données de l’ERR project (errproject.org), qui répertorie les objets passés à Paris par l’ERR au Jeu de Paume, 64 réclamations portent sur des tableaux volés de Pierre Bonnard. Après l’analyse que nous en avons faite, 7 tableaux soit plus de 10% du total, sont en réalité des doublons, et le total est de 57 tableaux et non de 64.

Mais, même sur les tableaux identifiés, la recherche de provenance n’est pas toujours explicitée.

Gustave Caillebotte. La Seine à Argenteuil, bateaux au mouillage, ancienne collection Armand Dorville

Gustave Caillebotte. La Seine à Argenteuil, bateaux au mouillage, ancienne collection Armand Dorville

Le tableau ci-dessus appartenait à Me Armand Dorville, célèbre avocat parisien juif, conseil entre autres de Béatrice de Camondo. Me Dorville est mort de mort naturelle en 1941 dans son château de Cubjac. Comme il était juif, le gouvernement de Vichy s’appropria le château et son contenu, et mit la collection en vente aux enchères à Nice. Le tableau a été vendu lors des ventes de « biens israélites » des 24-27 juin 1942 à l’hôtel Savoy de Nice (lot n° 231, vente du cabinet d’un amateur parisien [Me Dorville]). Cette vente est évidemment une vente forcée. Le régime de Vichy avait volé l’héritage de Me Dorville, et sa famille a ensuite presque entièrement disparu dans les camps de la mort. Trois autres œuvres (J.L. Forain, Constantin Guys) de la collection Dorville ont été retrouvées en 2013 dans la collection de Cornelius Gurlitt et font l’objet d’une enquête du musée de Berne.

La présence de ce tableau dans la collection Dorville et la date de sa vente en 1942 sont attestées par une mention dans le catalogue raisonné des œuvres de Gustave Caillebotte par l’institut Wildenstein (Marie Berhaut, 1994, n° 277).

Cette mention est d’ailleurs rappelée dans la description faite par la maison de vente lors de la dernière vente du 23 juin 2010 à Londres (lot n° 10, vendu 3 289 250 GBP).

Rappelons que ces crimes de spoliations ne peuvent faire l’objet de prescriptions et que les réclamations sont toujours valides de nos jours.

Dans le cas d’un tableau spolié non restitué, les acheteurs seraient alors tenus de le restituer, sans être dédommagés, aux héritiers du propriétaire légitime, une particularité qui fait régulièrement la une des bulletins d’information.

Le tableau de Caillebotte ci-dessus provient d’une collection spoliée. A-t-il été restitué et quand ?

La question est alors toute simple. Si le tableau a fait l’objet d’une restitution aux héritiers après la guerre, pourquoi aucune mention n’en est-elle faite ? Ce serait évidemment de nature à rassurer les éventuels acheteurs ! Si ce tableau n’a pas été restitué, pourquoi personne n’a-t-il fait de rapprochement entre une vente issue d’une spoliation et ce tableau ? Et dans les deux cas, pourquoi ce flou ?

Cette question, nous l’avons posée, pour plus de vingt tableaux déjà. Sans obtenir de réponse !

Photo VisiMuZ d’après catalogue maison de vente

Richard Gallo et son chien Dick, au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Richard Gallo et son chien Dick, au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Richard Gallo et son chien Dick, au Petit-Gennevilliers, 1884, hst, 89 x 116 cm, Gustave Caillebotte, collection Samuel et Paul Josefowitz.

Caillebotte (1848-1894), un mécène pour ses amis peintres, un camarade qui peignait aussi, et pour le grand public l’homme de la donation du scandale en 1894 après son décès. Sur les soixante-huit œuvres du legs Caillebotte, seulement trente-huit tableaux (de Manet, Degas, Renoir, Monet, Sisley, Pissarro, Cézanne) seront acceptés par l’État. Puis Caillebotte redeviendra un peintre aux yeux du public d’abord américain, puis français après l’exposition de 1994.

Le tableau du jour a été peint près de la maison que Caillebotte a achetée au Petit-Gennevilliers en 1881. À cette époque, Claude Monet a déjà quitté Argenteuil (que l’on voit sur la rive en face). Caillebotte régate au Cercle de la Voile de Paris, installé près du pont routier, à quelques centaines de mètres de chez lui.

Richard Gallo est un ami de longue date de la famille Caillebotte. Il apparaît déjà sur la Partie de bésigue, tableau de 1881. Il devint rédacteur puis directeur du «  Constitutionnel ».

La maison de Caillebotte sera léguée après sa mort à sa compagne Charlotte Berthier, qui l’habitera jusqu’en 1903. Incluse dans l’emprise des usines de motos Gnôme et Rhône, elle sera détruite lors des bombardements du 10 mai 1944. Le terrain est maintenant enclavé dans l’usine Snecma.

De nombreux éléments frappent dans ce tableau. Tout d’abord une conception photographique ou cinématographique de la composition. C’est un arrêt sur image, on imaginerait volontiers un travelling. Ensuite un plan d’eau coloré. Manet avait fait rire au Salon avec son « Argenteuil » en 1875 dont public et critiques raillaient le bleu trop soutenu. L’œil a déjà changé neuf ans plus tard. Mais en même temps la pollution de la Seine, une des causes de départ de Monet, se remarque et les algues ont envahi le plan d’eau. De l’autre côté de la rivière, c’est Argenteuil et son industrialisation rapide, du fait de la gare. Gallo et son chien ne sont pas réellement les vedettes dans cette toile mais surtout des taches foncées contrastant avec la Seine, l’herbe et les arbres, et le ciel. Un tableau lumineux, caractéristique de la peinture de plein air introduite dans la décennie précédente, mais qui ne fait aucune concession à la sûreté du dessin.

08/02/2016

Photo wikimedia commons Gustave_Caillebotte_Richard_Gallo_and_his_Dog_at_Petit_Gennevilliers.jpg Usr Paris 16

Jour de pluie, Boston, Childe Hassam

Jour de pluie, Boston, Childe Hassam

Jour de pluie, Boston, 1885, hst, 66,2 x 122 cm , Childe Hassam, Toledo Museum of Art, Toledo (OH)

En cette année 1885, Childe Hassam (1859-1935) habitait à Boston avec sa jeune femme Kathleen Maud. Il habitait au 282, Colombus Avenue, au sud de la ville. Il aimait le côté urbain du quartier, à l’époque très nouveau aux États-Unis. « La route était entièrement recouverte d’asphalte, et je pensais souvent qu’elle était jolie lorsqu’elle était mouillée et luisante, qu’elle reflétait les passants et les véhicules de passage. » a-t-il alors déclaré.

Le reflet des briques et du ciel sur l’eau donne une teinte rosée à toute la scène. Le peintre arrive également à mettre de l’humidité dans l’air et la pluie trouble l’atmosphère (par exemple dans les personnages du second plan). À cette époque, Hassam n’est pas encore le leader de l’impressionnisme américain qu’il va devenir, qui va saturer ses toiles de lumières et de contrastes. La touche ici est aussi plus classique, proche des réalistes. Bien évidemment, la critique bostonienne a violemment critiqué ce tableau lors de sa présentation, la soi-disant banalité du sujet empêchant que cette peinture soit de l’art.

Deux ans auparavant, Hassam a séjourné en France et il a eu le temps de voir et d’apprécier le nouveau Paris créé par le baron Haussmann, avec ses perspectives urbaines dont la municipalité de Boston s’est aussi inspirée. Mais il nous paraît vraisemblable que l’idée de la composition lui est venue d’un autre tableau, celui-là par Gustave Caillebotte.

Rue de Paris, temps de pluie avait été présenté à la 3e exposition impressionniste en avril 1877. Sans avoir de certitude, il nous paraît vraisemblable que Childe Hassam l’ait vu durant son séjour à Paris.

Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte

Rue de Paris, temps de pluie, 1877, hst, 212,2 x 276,2 cm, Gustave Caillebotte, Art Institute de Chicago, Chicago (IL)

La présence dans les deux tableaux des lampadaires à gaz ancre les compositions dans la modernité. De même, dans les deux cas, la répétition de bâtiments identiques introduit un rythme particulier. Comme chez Caillebotte, le cadrage chez Hassam est asymétrique, une audace qui rompt avec le parallélisme classique, mais la scène apparaît moins figée chez Hassam que chez Caillebotte. Le trait moins net, moins « ligne claire » chez Hassam fait que ce dernier nous apparaît plus classique et moins révolutionnaire que Caillebotte. Mais le charme de notre tableau du jour tient aussi aux reflets nacrés de l’asphalte.

Si le tableau de Caillebotte est immense, invitant le spectateur à se confronter avec des personnages de même taille que lui, le cadrage chez Hassam est également très particulier, introduisant une vision panoramique, très loin des canons de l’époque pour la peinture de paysage (une toile P50 mesurerait 81 x 116 cm alors que nous sommes ici à 66 x 122 cm).

Childe Hassam, amoureux de Paris, va y retourner dès l’année suivante pour y vivre 3 ans.

06/01/2015

photos wikimedia commons

1 – Gustave_Caillebotte_-_Paris_Street;_Rainy_Day_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot
2 – Childe_Hassam_-_Rainy_Day,_Boston_-_Google_Art_Project.jpg Usr INeverCry

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, 1883, hst, 89 x 116 cm, Gustave Caillebotte, collection particulière

Gustave Caillebotte (1848-1894) a d’abord habité à Paris avec son frère Martial. Ils partageaient un appartement (aujourd’hui on dirait une « coloc ») d’abord à l’angle de la rue de Miromesnil et de la rue de Lisbonne, puis sur le boulevard Hausmann (n° 31). Après la mort de leur mère, les enfants Caillebotte vendent la propriété familiale de Yerres en 1879, et, en 1880, Gustave achète une maison au bord de la Seine, au Petit-Gennevilliers. Pensée d’abord comme villégiature, elle deviendra progressivement sa résidence principale. Il s’y adonne à deux de ses passions, la voile et l’horticulture. Le 20 juillet 1887, il écrit à Claude Monet : « J’ai enfin acheté, après des histoires dont je vous fais grâce, le terrain à côté de moi. Je me fais construire un atelier et je n’ai plus d’autre domicile que le petit Gennevilliers… »

Caillebotte partageait avec Monet la passion des fleurs. Les deux amis s’échangeaient des plants. Les lettres des années 80-90[*] de Caillebotte à Monet parlent de lys, d’oignons roses, de pivoines, ou encore de Stanopia aurea (une orchidée). Et Monet lui répond par exemple en 1891 : « Cher ami, ne manquez pas de venir lundi comme c’est convenu, tous mes iris seront en fleurs, plus tard il y en aurait de passés. Voici le nom de la plante japonaise qui me vient de Belgique : Crythrochaete ». Un indicateur de la passion qui unissait les deux hommes. Caillebotte, qui avait beaucoup d’argent, mais qui, du fait de ses nombreuses passions avait peu de temps, faisait travailler à l’année deux jardiniers dans son jardin.

Comme Monet à Giverny, Caillebotte a conçu et planté son jardin avant de le peindre.

Notre tableau du jour montre la compagne du peintre, Charlotte, et son petit carlin, devant les roses qui faisaient la fierté de Gustave. Charlotte a à cette époque une vingtaine d’années, Gustave a 35 ans. La même année, Renoir a passé un mois chez Caillebotte et réalisé le portrait de Charlotte avec son petit chien (à voir à la National Gallery of Art, Washington).

Dix ans plus tard, un autre tableau va de nouveau montrer Charlotte dans le jardin.

Dahlias : le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave  Caillebotte

Dahlias : le jardin au Petit-Gennevilliers, 1893, hst, 157 x 114 cm, Gustave Caillebotte, collection particulière

07/12/2015

Photos : Courtesy The Athenaeum, rocsdad et chris_mccormick

[*] vente des archives Monet. Archives Claude Monet, correspondances d’artiste, collection Monsieur et Madame Corneboi, Artcurial, Paris, Hôtel Dassault, mercredi 13 décembre 2006.

Chemin montant, Gustave Caillebotte

14092015_Chemin_montant_Caillebotte

Chemin montant, 1881, Gustave Caillebotte, collection particulière.

Notre tableau du jour est fascinant à plus d’un titre…

Daté de 1881, il représente une transition entre ses toiles des années 1870 (paysages urbains, ou la propriété de famille de Yerres) et celle des années 80 (Seine à Argenteuil, jardins, portraits). Au printemps 1881, Gustave a acheté une maison au Petit-Gennevilliers qui va influencer fortement sur sa vie et ses toiles.

On voit ici deux personnages non reconnaissables, de dos, le long d’une villa cossue. Qui est ce couple de bourgeois parisiens ? Où se trouve cette maison ? Un problème qui a fasciné les historiens… dès que le tableau a été connu. C’est là le 2e mystère fascinant.

L’existence du tableau a été connue dès son exposition en 1882 au Salon des Artistes Indépendants. Il y avait fait sensation. Son thème, sa taille importante (100 x 125 cm), ses couleurs avaient partagé les visiteurs entre pros et antis. Puis, pffft ! plus rien, disparu ! Jusqu’en 1994, l’année de la redécouverte de l’artiste à l’occasion d’une grande rétrospective. 112 ans sans le voir, pas une photo, juste une caricature publiée dans Le Charivari en 1882 !

On suppose qu’il a appartenu d’abord à Doris Schultz (1856-1927), une élégante parisienne dont le domicile était proche de celui de Caillebotte. Dans les années 30, en tout cas, on parle de sa présence dans la collection de Jeanne Schultz, sa fille.

Caillebotte n’avait pas indiqué où la toile avait été réalisée. Son exposition en 1994 excite à nouveau le petit monde de l’art, qui cherche, puis trouve, qu’en fait le tableau a été peint à Trouville, à la « Villa Italienne ».

Gustave Caillebotte passait ses vacances d’été à Villers-sur-mer, et régatait tout l’été. Trouville, très voisine, était la villégiature à la mode. Martial Caillebotte, son frère, a posé pour le peintre. Charlotte Berthier, la compagne de Gustave a vraisemblablement posé pour la jeune femme, dans cette pose qui ne permettait pas de l’identifier.

Il est alors plausible que le titre, donné par le peintre, est aussi une métaphore du chemin de la vie. Le couple représenterait alors Gustave et Charlotte sur ce chemin montant. La jeune femme n’avait alors que 18 ans, et si sa présence était connue da la famille et des amis proches, son existence était soigneusement cachée à la bonne société que le peintre-industriel fréquentait.

Cette réapparition subite du tableau après 112 ans ne devait rien au hasard. Il fallait créer l’évènement. Le 4 novembre 2003, le tableau a été mis aux enchères par Christie’s, précédé de cette réputation flatteuse. Il a été vendu 6,73 millions de dollars.

P.S. : Nous ne savons pas où se trouve aujourd’hui ce tableau. Par contre, la Villa « Italienne », existe toujours. À ce jour, elle est même proposée à la vente.

14/09/2015

Photo wikimedia commons G._Caillebotte_-_Chemin_montant Usr HGrobe

Bord de mer, régate à Villers, Gustave Caillebotte

Caillebotte, Bord de mer, régate à Villers

Bord de mer, régate à Villers, 1880-84, Gustave Caillebotte, galerie Schmit, Paris.

De Caillebotte (1848-1894), on connaît le peintre de Yerres (la propriété familiale) puis celui du Petit-Gennevilliers (sa propriété à côté du Cercle de la Voile de Paris) le long de la Seine. Mais Gustave partait l’été vers le Havre et Houlgate (à côté de Villers), où il envoyait ses voiliers. Son capitaine Joseph Kerbratt, employé à l’année, se chargeait du convoyage.
Tout le petit monde de l’art se retrouvait dans la région. Gaston Bernheim, célèbre marchand d’art parisien avait même accolé à son patronyme originel la mention « de Villers » pour se distinguer des autres membres de la famille, marchands d’art comme lui. Gaston deviendra aussi en 1899 le beau-frère de Félix Vallotton (qui passera ses étés à Étretat, puis Honfleur).
Ce tableau est le tout premier de l’artiste sur lequel se trouve un voilier. Caillebotte est ici plus sensible ici aux nuances de la plage, de la mer, et du ciel.

24/07/2015

Dim 74 x 100 cm Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad