Soirée d’été, 1886, Childe Hassam

Soirée d'été, Childe Hassam

Soirée d’été, 1886, huile sur toile, 30,8 x 51,75 cm, Childe Hassam, Florence Griswold Museum, Old Lyme, Connecticut

Un thème de circonstance alors que la météo semble enfin s’améliorer.

Ce tableau de Childe Hassam (1859-1935) se trouve dans un tout petit musée du Connecticut. C’est fou ce que la côte Est des États-Unis comprend de musées riches en œuvres du XIXe ! Sans même parler des grands (Met, MoMa, NGA Washington, Philly, Boston) il faut aussi citer par exemple les musées de Harvard, de Virginie, de Washington, de Baltimore, de Boston, de Brooklyn, du Vermont, de Buffalo, etc. La liste est impressionnante. Durand-Ruel indiquait déjà vers 1900 que sans ses clients américains, il n’aurait pas pu subsister et rester le marchand des impressionnistes.

Childe Hassam est l’un des premiers impressionnistes américains, influencé lors de ses presque quatre années en France (1886-1889) par Claude Monet. Nous ne comptabilisons à ce titre pas Miss Cassatt plus française par ses œuvres qu’américaine (une curiosité aux USA, Mary Cassatt est américaine malgré ses 60 ans en France et… Marcel Duchamp est aussi américain : deux poids, deux mesures.).

Un autre tableau d’Hassam est accroché dans le bureau ovale de la Maison Blanche.

Soirée d’été date du début du séjour de l’artiste en France. Le peintre souhaitait d’abord « rendre une atmosphère » et il nous semble que sa tentative est ici couronnée de succès.

On trouvera un commentaire complémentaire sur les protagonistes de cette histoire dans un tableau que nous avons déjà publié, qui a été réalisé à la même époque, à retrouver ici.

28/06/2016

Photo wikimedia commons File:Summer_Evening_Frederick_Childe_Hassam_1886.jpeg Usr MarmadukePercy

Jour de pluie, Boston, Childe Hassam

Jour de pluie, Boston, Childe Hassam

Jour de pluie, Boston, 1885, hst, 66,2 x 122 cm , Childe Hassam, Toledo Museum of Art, Toledo (OH)

En cette année 1885, Childe Hassam (1859-1935) habitait à Boston avec sa jeune femme Kathleen Maud. Il habitait au 282, Colombus Avenue, au sud de la ville. Il aimait le côté urbain du quartier, à l’époque très nouveau aux États-Unis. « La route était entièrement recouverte d’asphalte, et je pensais souvent qu’elle était jolie lorsqu’elle était mouillée et luisante, qu’elle reflétait les passants et les véhicules de passage. » a-t-il alors déclaré.

Le reflet des briques et du ciel sur l’eau donne une teinte rosée à toute la scène. Le peintre arrive également à mettre de l’humidité dans l’air et la pluie trouble l’atmosphère (par exemple dans les personnages du second plan). À cette époque, Hassam n’est pas encore le leader de l’impressionnisme américain qu’il va devenir, qui va saturer ses toiles de lumières et de contrastes. La touche ici est aussi plus classique, proche des réalistes. Bien évidemment, la critique bostonienne a violemment critiqué ce tableau lors de sa présentation, la soi-disant banalité du sujet empêchant que cette peinture soit de l’art.

Deux ans auparavant, Hassam a séjourné en France et il a eu le temps de voir et d’apprécier le nouveau Paris créé par le baron Haussmann, avec ses perspectives urbaines dont la municipalité de Boston s’est aussi inspirée. Mais il nous paraît vraisemblable que l’idée de la composition lui est venue d’un autre tableau, celui-là par Gustave Caillebotte.

Rue de Paris, temps de pluie avait été présenté à la 3e exposition impressionniste en avril 1877. Sans avoir de certitude, il nous paraît vraisemblable que Childe Hassam l’ait vu durant son séjour à Paris.

Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte

Rue de Paris, temps de pluie, 1877, hst, 212,2 x 276,2 cm, Gustave Caillebotte, Art Institute de Chicago, Chicago (IL)

La présence dans les deux tableaux des lampadaires à gaz ancre les compositions dans la modernité. De même, dans les deux cas, la répétition de bâtiments identiques introduit un rythme particulier. Comme chez Caillebotte, le cadrage chez Hassam est asymétrique, une audace qui rompt avec le parallélisme classique, mais la scène apparaît moins figée chez Hassam que chez Caillebotte. Le trait moins net, moins « ligne claire » chez Hassam fait que ce dernier nous apparaît plus classique et moins révolutionnaire que Caillebotte. Mais le charme de notre tableau du jour tient aussi aux reflets nacrés de l’asphalte.

Si le tableau de Caillebotte est immense, invitant le spectateur à se confronter avec des personnages de même taille que lui, le cadrage chez Hassam est également très particulier, introduisant une vision panoramique, très loin des canons de l’époque pour la peinture de paysage (une toile P50 mesurerait 81 x 116 cm alors que nous sommes ici à 66 x 122 cm).

Childe Hassam, amoureux de Paris, va y retourner dès l’année suivante pour y vivre 3 ans.

06/01/2015

photos wikimedia commons

1 – Gustave_Caillebotte_-_Paris_Street;_Rainy_Day_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot
2 – Childe_Hassam_-_Rainy_Day,_Boston_-_Google_Art_Project.jpg Usr INeverCry

Le 14 juillet, rue Daunou, 1910, Childe Hassam

Un tableau très symbolique aujourd’hui, à de multiples titres…
Un Liberty Cocktail à partager sans modération !

Childe Hassam, Le 14 juillet rue Daunou

Le 14 juillet, rue Daunou, 1910, hst, 74 x 50,5 cm, Childe Hassam, Metropolitan Museum of Art, New York

Il a été peint par Childe Hassam (1859-1935), impressionniste américain et francophile. Il est allé à Paris une première fois en 1883, puis a habité près de la place Pigalle de 1886 à 1889, et a été élève de l’Académie Julian. Il retourne à Paris en 1896-97 puis à nouveau en 1910. Il est à cette époque déjà un peintre célèbre aux États-Unis. Hassam était proche de Claude Monet et des américains de Giverny, et sa vision du 14 juillet depuis un balcon doit sans doute beaucoup à La Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878 de Claude Monet (musée d’Orsay, ci-dessous en fin d’article). Remarquons qu’Hassam avait déjà peint la fête nationale sur le boulevard Rochechouard en 1889 (collection particulière, ci-dessous).

Mais en cette année 1910, l’artiste sent que ce thème le touche particulièrement. Il retourne à New York et lorsque les États-Unis entrent en guerre après le torpillage du Lusitania, il commence ses « Flag Series » en 1916. L’une des plus célèbres toiles de la série est son Avenue in the rain que le président Obama a décidé d’accrocher dans son bureau lors de son entrée à la Maison-Blanche (voir ici).

On peut évidemment aussi noter que les Flag Series de Childe Hassam ont eu un génial continuateur avec Jasper Johns (1930-).

Notre tableau du jour est intéressant à plus d’un titre. Remarquez au milieu des drapeaux français les drapeaux belges, américains et même russes. Mais la rue dans laquelle il a été peint n’est pas anodine. L’année suivante, en 1911, Tod Sloan va créer au 5, rue Daunou, le New York Bar, qui deviendra le Harry’s New York Bar, puis le Harry’s Bar.

Comme quoi et depuis longtemps, Paris est une fête, n’est-ce pas, cher Ernest (Hemingway) ! C’est aussi au Harry’s qu’après le White Lady (1919), le Bloody Mary (1924), le Blue Lagoon (1960), le James Bond (1963), a été inventé le Liberty Cocktail (1986).

Childe Hassam, 14 juillet, boulevard Rochechouart, Paris

14 juillet, boulevard Rochechouart, Paris, ca 1889, hsp, 18,4 x 24,1 cm, Childe Hassam, collection particulière

Claude_Monet, La Rue Montorgueil à Paris. Fête du 30 juin 1878

La Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878, hst, 81 x 50 cm, Claude Monet, musée d’Orsay, Paris

27/11/2015

Photo 1 Hassam wikimedia commons File:Childe_Hassam,_July_Fourteenth,_Rue_Daunou,_1910 Usr Paris 16
Photo 2 Hassam Courtesy The Athenaeum, rocsdad
Photo Monet Wikimedia commons File : Claude_Monet_The_Rue_Montorgueil_in_Paris._Celebration_of_June_30,_1878_-_Google_Art_Project.jpg Usr Paris 16

09/09/2015 Après le petit-déjeuner, Childe Hassam

Childe Hassam Après le petit-déjeuner

• Après le petit-déjeuner, 1886, Childe Hassam, collection particulière

Childe Hassam (1859-1935) est l’un des premiers impressionnistes américains, co-fondateur des « Ten American Painters ». Il a passé 3 ans en France à partir de 1886 . Il est arrivé juste au moment de la dernière exposition impressionniste et va être durablement influencé par Claude Monet.

Encore au début de sa longue carrière, il avait à cette époque une prédilection pour les femmes et les fleurs. La peinture du jour a sans doute été réalisée dans la résidence d’été de son ami Ernest Blumenthal à Villiers-le-Bel. Madame Blumenthal était la fille du peintre Thomas Couture, le maître d’Édouard Manet. Elle était aussi la plus proche amie de Maud Hassam et les Hassam ont passé l’essentiel de leurs 3 étés français à Villiers-le-bel, trop désargentés pour aller plus loin, en dehors d’un unique voyage en Normandie.

La jeune servante arrose le laurier en pot, pendant que sa patronne lit le journal du matin après son petit-déjeuner. Le rituel du journal est une concession à la modernité, une pose que l’on retrouve par exemple chez Degas (La Classe de ballet, ca 1880, Philadelphie), chez Mary Cassatt (Madame Cassatt lisant Le Figaro, 1878, collection particulière ou Lydia lisant le journal, 1878-79, Norton Simon). L’arrosage se retrouve aussi par exemple chez Morisot (Jeune femme arrosant un arbuste, 1876, Virginia Museum). On voit que les sources d’inspiration ne manquaient pas pour le jeune Américain. Mais le style est plutôt puisé dans les années 70 de Monet et Renoir. Hassam louait un atelier boulevard Rochechouard dont l’occupant précédent avait été Renoir.

La composition est également très influencée par Edgar Degas et Mary Cassatt. Elle est complètement asymétrique, une caractéristique nouvelle choisie par Degas dès les années 1870. Hassam cherche à exprimer chez ces deux jeunes femmes un charme commun en dépit de la différence de position sociale. Et même si ce tableau est sous influence de ses aînés français, il en résulte une toile pleine de charme, un moment de grâce par une belle journée d’été.

Dim 73 x 101
Photo Courtesy The Athenaeum.