Jeune femme aux seins nus, Pierre-Auguste Renoir

Jeune femme aux seins nus, Pierre-Auguste Renoir

Jeune femme aux seins nus, ca 1882 pastel sur papier, 64 x 50,5 cm, Pierre-Auguste Renoir, Ordrupgaard.

Nous vous faisons profiter d’une découverte récente. Ce pastel sur papier de Renoir fait partie de la collection d’Ordrupgaard, un délicieux musée à quelques kilomètres de Copenhague.

Pour ceux qui ont suivi la vie de Renoir (racontée par Ambroise Vollard, parue chez VisiMuZ Éditions, à retrouver ici), ce pastel se situe au retour de son premier voyage en Italie. C’est une époque charnière, Renoir a découvert Raphaël et va changer sa manière. Bientôt il commencera sa période dite « ingresque » ou « aigre ».

En 1881, il a visité Venise, Florence, Rome, Naples et Capri (où il a peint Aline Charigot, avec qui il est parti en voyage et qui deviendra sa femme, dont nous avons parlé ici). À Rome, Renoir a été particulièrement touché par les fresques de la villa farnésine (à retrouver dans la monographie de Raphaël, qui vient de paraître chez VisiMuZ) et par la Fornarina (palais Barberini).

Quand il rentre à Paris, il adopte progressivement une ligne plus définie. On parlerait aujourd’hui de « ligne claire ». Il s’agit encore de portraits très individualisés et non encore de « types » tels qu’on les retrouvera après 1895.

Ici le modèle est sans doute Marie-Clémentine Valadon, ou Maria, son nom de modèle. Marie-Clémentine deviendra plus tard Suzanne. Maria sera un peu plus tard le modèle de Danse à Bougival (1882, Museum of Fine Arts, Boston) et de Danse à la ville (1883, musée d’Orsay).

Pendant ces années 1882-1884, Maria et Aline se sont livrées à une lutte féroce pour garder le cœur du peintre. On sait qu’Aline a gagné. Elle a donné un fils (Pierre) à Auguste en 1885 puis l’a épousé en 1890. Marie-Clémentine a gardé à partir de là une rancune sévère à l’égard de Renoir.

21/05/2016

Photo VisiMuZ

Portrait de Charlotte Berthier, Pierre-Auguste Renoir

Portrait de Charlotte Berthier, Pierre-Auguste Renoir

Portrait de Charlotte Berthier, 1883, hst, 92,1 x 73 cm, Pierre-Auguste Renoir, National Gallery of Art, Washington.

Un portrait de plus par Renoir, direz-vous ! Même s’il est très fin et délicat, avec ce visage de la période ingresque (1883-88), ce fond qui annonce déjà la période nacrée (après 1889) et une composition solide, on peut passer devant sans rien savoir. Qui était Charlotte ?

Car l’histoire est peu connue et seulement depuis quelques années. L’absence de femme dans la vie publique de Gustave Caillebotte (1848-1894), et certaines des peintures où il représentait ses amis avaient fait conclure (un peu hâtivement) qu’il était surtout intéressé par les hommes. Mais Charlotte Berthier, de son vrai nom Anne-Marie Hagen (on ne connaît pas la raison du pseudonyme), vivait avec Gustave Caillebotte depuis le début des années 80, et restera sa compagne jusqu’à sa mort prématurée en 1894. Caillebotte écrit en 1883 dans une lettre à Monet (vente Artcurial, archives Monet, 13 décembre 2006). « Renoir est ici depuis trois semaines ou un mois. Il fait le portrait de Charlotte qui sera très joli. ». À la mort de Caillebotte, Charlotte héritera d’une rente et de la maison du Petit-Gennevilliers (sur le bassin d’Argenteuil). Elle y vivra jusqu’en 1903 avant de la vendre et de s’établir à Monaco. Caillebotte était aussi le mécène des impressionnistes et on peut penser que Renoir a mis tout son temps et son talent pour plaire à son ami et client. La timide et jolie Charlotte, qui pose ici à 25 ans, avait dix ans de moins que Gustave Caillebotte.
Caillebotte sera en 1885 le parrain de Pierre, fils de Pierre-Auguste, et Renoir sera l’exécuteur testamentaire de Caillebotte à sa mort en 1894.

Le tableau a été ensuite vendu à Alexandre Berthier (1883-1918), 4e et dernier prince de Wagram, petit-fils du maréchal Berthier (1753-1815). Alexandre n’avait, malgré son nom, rien à voir avec le modèle (qui avait, rappelons-le, pris un pseudonyme). La célèbre collection impressionniste d’Alexandre alla, après sa mort au front en 1918, à sa sœur, qui la vendit en 1929 à la galerie Knoedler de New York. La toile, vendue ensuite aux États-Unis à Angelika Wertheim Frink (millionnaire connue dans l’histoire pour ses démêlés avec Sigmund Freud) a rejoint la National Gallery of Art en 1969.

Renoir : un peintre de génie mais aussi un homme attachant, un ami fidèle, à retrouver en détail dans la biographie par Vollard, chez VisiMuZ.

20/03/2016

Photo Courtesy of National Gallery of Art, Washington

Le Port de la Rochelle, Pierre-Auguste Renoir

Le Port de la Rochelle, Pierre-Auguste Renoir

Le Port de la Rochelle, 1896, hst, Pierre-Auguste Renoir, collection particulière

La Rochelle a fait l’objet de la part de Renoir d’une véritable fascination, en particulier quand il se comparait à Corot. Nous avons évoqué une vue de la Rochelle par Corot en juillet dernier (ICI) que nous vous conseillons de lire ou relire avant de poursuivre.

Outre les déclarations de Renoir à Vollard, que nous avons lues à propos de Corot, une anecdote est révélatrice de cet amour de Renoir à « Papa Corot ».

Donc en 1896, Renoir séjourne à La Rochelle et se heurte aux difficultés de reproduire la lumière. Deux ans plus tard, il séjourne avec ses enfants et Julie Manet à Berneval, et peint un Déjeuner à Berneval, qui reprend une composition de Degas, La Leçon de danse, un tableau que Renoir avait choisi suite au legs Caillebotte et au testament de Gustave Caillebotte.

En décembre 1898, Renoir vend cette Leçon de danse à Durand-Ruel, ce que le testament lui permettait de faire. Mais le motif de cette vente était de lui permettre d’acheter une vue de La Rochelle : le coin de la cour de la commanderie par Corot. Il se déssaisissait ainsi donc d’un Degas pour acheter un petit Corot.

Degas, plus que furieux, se fâcha alors avec Renoir.

28/02/2016

Le Port de La Rochelle, Pierre-Auguste Renoir

Le Port de la Rochelle,1896, hst, 20,7 x 32,3 cm, Pierre-Auguste Renoir, collection particulière

La Baigneuse blonde, Pierre Auguste Renoir

La Baigneuse blonde, Auguste Renoir

La Baigneuse blonde, 1882, Pierre Auguste Renoir, Pinacoteca Agnelli, Turin.

En 1881, Renoir voyage. Il a commencé deux ans avant avec l’Algérie, puis l’année suivante à Guernesey, avant de partir avec sa compagne Aline Charigot pour l’Italie. Ils annoncèrent à cette occasion à leurs deux familles qu’ils s’étaient mariés alors qu’il ne le feront que… neuf ans plus tard. Aline a posé à Capri et le tableau originel est maintenant dans la collection du Clark Institute (près de Boston). Renoir avait réalisé en rentrant à Paris une réplique, qu’il vendit à Gaston Gallimard, et qui arriva beaucoup plus tard dans la collection de Giovanni et Marella Agnelli.

Aline est ici dans toute la flamboyance de ses 22 ans, son compagnon en a 41. Renoir vient d’aller voir les vénitiens, les florentins et les romains. Sa manière en est toute perturbée et il va donner une plus grande importance au dessin dans les années à venir (manière « ingresque » ou « aigre »), en tout cas pour les premiers plans. La réplique diffère de l’original par le traitement du fond qui devient ici une ébauche de paysage, au service d’une débauche de couleur.

Il est plus facile d’aller voir ce tableau à Turin qu’à Williamstown. La Pinacothèque Agnelli est un endroit incroyable dans les étages supérieurs d’une ancienne usine Fiat (le Lingotto) et surtout au-dessus d’un centre commercial. Et avant ou après le shopping, il suffit de prendre un ascenseur pour se retrouver avec Renoir(entre autres).

Quelques compléments sur la Pinacoteca Agnelli sur le blog VisiMuZ ICI

Pour en savoir plus sur Renoir et retrouver les tableaux qu’il a peints à cette époque, retrouvez sa biographie par Ambroise Vollard avec 200 reproductions,ICI.

Renoir_couverture_150

28/12/2015

Photo wikimedia commons Renoir_-_La_baigneuse_blonde.jpg Usr Rlbberlin

Nu allongé (La Source), Pierre-Auguste Renoir

Nu allongé (La Source) , Renoir

Nu allongé (La Source), ca 1902, hst, 67,3 x 153,3 cm, Pierre-Auguste Renoir, collection particulière

Nous vous proposons aujourd’hui de regarder et d’analyser le tableau du jour avec une méthode inspirée d’Erwin Panofsky, que nous avons eue l’occasion de préciser dans un article du site VisiMuZ : Quel regardeur êtes vous ? à lire ici

En synthèse, nous disions que :

« La découverte d’un tableau s’effectue en plusieurs phases  : une émotion visuelle (1), puis une analyse de l’œuvre (2), de sa place dans le corpus de l’artiste (3), de sa place dans l’époque et l’histoire (4). Enfin il existe une dernière dimension qui est celle de la saga, liée à l’œuvre elle-même après sa création (5). »

Regardons d’un peu plus près ce nu allongé.

1) Ce nu représente une jeune femme allongée, aux yeux clos, avec de l’eau qui coule sur la cuisse, dans un paysage esquissé. Les rose et orange de la jeune femme s’opposent aux verts du paysage, selon des principes bien connus des coloristes. La jeune femme est immobile (un détail dont nous reparlerons demain).

2) Quand on regarde cette jeune femme, on a une impression de déjà vu, et pour cause. Le thème de la nymphe à la source est apparu à la Renaissance, quand selon le mot de Malraux, « Van Eyck a peint les Arnolfini parce qu’ils existent ; Ève, la Vierge et les saints parce qu’ils existent plus encore. Mais l’Italie va peindre Vénus parce qu’elle n’existe pas ».

Après Giorgione en 1510, c’est l’allemand Lucas Cranach (1472-1553) qui a popularisé le thème (avec 16 versions différentes) entre 1515 et 1540, et a écrit sur le panneau « N’interrompez pas le sommeil de la nymphe de la source sacrée ».

La Nymphe à la source, Lucas Cranach l'Ancien

La Nymphe à la source, po 1537, hsp, 48,4 x 72,8 cm, Lucas Cranach l’Ancien, National Gallery of Art, Washington (DC)

Mais en l’occurrence, on sait que c’est un autre artiste de la Renaissance, son contemporain Jean Goujon (ca 1510-ca 1565) qui a inspiré Renoir au travers d’une sculpture maniériste en bas-relief de la Fontaine des Innocents (maintenant au musée du Louvre).

Jean Goujon nymphe

Nymphe et un petit génie sur un cheval marin, Jean Goujon, musée du Louvre

3) Renoir avait déjà peint ce thème en 1869-70 (voir à la National Gallery) mais dans une position et avec une facture très différente. Puis à partir de 1881, Renoir a voyagé. Il a confié à Vollard (la monographie ici) son envie de découvrir les Italiens de la Renaissance (Raphaël, Titien, etc.).

Il va bientôt commencer sa période aigre ou ingresque, puis au milieu des années 90 revenir à un certain classicisme français (Watteau, Boucher). Il va alors réaliser en 1895 une première version de cette nymphe à la source (aujourd’hui à la fondation Barnes à Philadelphie) puis cette version en 1902. Une 3e version sera réalisée en 1910 (fondation Barnes également).

4) Quand Renoir réalise cette toile, il est un peintre arrivé, chevalier de la légion d’honneur, il a reçu des commandes de l’État depuis 1892. Marié depuis plus de 10 ans, il s’est embourgeoisé. La période impressionniste est loin derrière. Les nus qu’il peint dans cette période, tout en courbes, et au dessin dilué dans la couleur, vont durablement influencer Picasso et Matisse.

5) La saga de l’œuvre ajoute encore à son mystère et à sa gloire. Le premier propriétaire du tableau a été le galeriste Paul Rosenberg, marchand de Picasso après la 1ère guerre mondiale. En 1940, la toile a été volée avec de nombreuses autres par l’E.R.R.(Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg) et envoyée dans la collection du maréchal Goering. Le tableau a heureusement été récupéré en 1945 par les Monuments Men et rendu à son propriétaire.
Paul Rosenberg (1881-1959) l’a ensuite offert au Museum of Modern Art (MoMA, New York) en 1956. Le tableau a été une de ses vedettes mais en 1989, la direction du MoMA a décidé que ce nu était trop classique pour une collection dédiée à l’Art moderne et l’a vendu. Il a été acheté alors par M. et Mme Ernst Beyeler. Ernst Beyeler, très grand marchand d’art, est mort en 2010. Pour payer les frais de fonctionnement de sa fondation, devenue musée, près de Bâle, une vente a eu lieu le 21 juin 2011 à Londres. Cette toile a été alors vendue par Christie’s pour la somme de 5,08 millions de Livres soit un peu plus de 8 millions de dollars. Nous ne connaissons pas le propriétaire actuel.

Mais Paul Rosenberg, Hermann Goering, le MoMA, Ernst Beyeler ont, chacun à leur tour, voulu faire les yeux doux à cette nymphe alanguie !

Maintenant, regardez-vous toujours ce tableau de la même façon ? Une vision sans doute plus facile à acquérir grâce à la lecture des monographies éditées par VisiMuZ.

03/12/2015

Renoir photo wikimedia commons : File:Pierre-Auguste_Renoir_-_La_Source._Nu_allongé.jpg Usr Oxxo
Cranach Courtesy The National Gallery of Art, Washington (DC)
Gojon wikimedia commons File: P3140183_Paris_Louvre_Goujon_Nymphe_et_un_petit_génie_ sur_un_cheval_marin_reduct.JPG Usr Mbzt

Renoir, Nini et la bourgeoisie parisienne

Renoir, Nini et la bourgeoisie parisienne dans les années 1875-1879


Épisode 1 : Renoir et Nini gueule de raie.
Épisode 2 : Le jardin de la rue Cortot.

Épisode 3 : Renoir et la bourgeoisie parisienne dans les années 1875-1879.


Vers 1875, Renoir décide, afin de mieux vendre ses toiles, de se spécialiser comme « peintre de figures » et il va s’efforcer de pénétrer la bourgeoisie parisienne afin d’obtenir des commandes d’une part, de lui vendre des tableaux déjà réalisés d’autre part. Il fut aidé en cela par l’éditeur Georges Charpentier, pour qui son frère Edmond travaillait, et surtout par sa femme Marguerite, dont le salon mondain était « le rendez-vous de tout ce que Paris comptait de célébrités » (Renoir, par Vollard, chapitre ). Renoir, même s’il a encore du mal à vivre, va rencontrer là tous ses clients des années à venir. Les commandes sont des tableaux qui seront accrochés dans un cadre déjà défini. Ils peuvent donc être plus ou moins importants en taille. Les autres sont en général de petit ou moyen format, plus faciles à vendre. Les quatre portraits ci-dessous de Nini font partie de cette 2e catégorie. Un cinquième, qui représente seulement sa tête, se trouvait dans les années 1980 dans une collection suisse (1876, 27 x 22 cm, F215)

Renoir, Jeune Fille au chat

Jeune fille au chat, hst, 55 x 46 cm, 1876, P.A. Renoir, National Gallery of Art, Washington (DC), F214

Renoir, Profil blond (Portrait de Nini Lopez)

Profil blond (Portrait de Nini Lopez), 26 x 22 cm, P.A. Renoir, collection particulière, F256

Ce petit portrait a été vendu chez Christie’s à Londres le 25 juin 2002 pour 501,650 £ (751,973 $). Nini est vêtue d’un corsage noir et blanc, avec un noeud vert et un catogan noir dans les cheveux.

Renoir Portrait de Nini Lopez,

Portrait de Nini Lopez, 1876, 54,5 x 38 cm, P.A. Renoir, musée André Malraux (MUMA), Le Havre, F257

On retrouve la même tenue que dans le tableau précédent.

Renoir L’Ingénue (Nini Lopez)

L’Ingénue (Nini Lopez), ca 1877, hst, 55 x 46 cm, P.A. Renoir, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown (MA) F269

Parfois le thème était choisi avec le commanditaire, et le peintre se permettait alors des formats plus importants.

Renoir, La Sortie du conservatoire

La Sortie du conservatoire, 1877, hst, 187,3 x 117,5 cm, fondation Barnes, Philadelphie, F266

Nini est au premier plan à gauche. Ce tableau a été réalisé pour le compositeur et musicien Alexis Emmanuel Chabrier (1841-1894). Les dimensions importantes du tableau s’expliquent par le fait qu’il s’agit d’une commande. À cette époque, il est vraisemblable que Renoir n’aurait pas pris le risque d’un tel format sans s’assurer auparavant du débouché. Dans la monographie de Vollard, Renoir évoque ce tableau « peint dans le jardin de la rue Cortot ».

Renoir, Le Premier Pas

Le Premier Pas, 1877-80, 111 x 81 cm, collection particulière, F396

Ce tableau, longtemps daté de 1880 et maintenant daté plutôt de 1877, est semble-t-il, le dernier dans lequel apparaît Nini.

Georges Rivière termine l'évocation de Nini par les lignes suivantes.

« Le rêve de cette bonne mère ne se réalisa pas. Nini s'éprit d'un cabotin du théâtre Montmartre qui jouait le rôle de Bussy dans la Dame de Montsoreau – le grand succès de Montmartre – et l'épousa. »

– “Ma fille nous a déshonorés !” s'écria -t-elle, lorsque se produisit cette catastrophe. »

Après son mariage, Nini ne va plus poser pour le peintre. Remarquons qu’aucun des tableaux pour lesquels Nini a posé ne représente de nu. Mais à cette époque, Renoir pour ses nus, depuis devenus très célèbres, faisait poser un autre modèle, Margot, qui fut aussi sa maîtresse et (presque) sa compagne durant quelques années, que nous évoquons plus longuement dans la biographie de l’artiste.

Nini n'est plus modèle et la carrière de Renoir est lancée. Sa clientèle fortunée devient plus abondante, il côtoie le Tout-Paris. Ses prix vont (enfin) commencer à monter. La suite… sort du cadre de notre article.


Fin des aventures de Nini Lopez, modèle de Renoir. Si vous avez aimé un peu, vos « j'aime », partages et commentaires nous le montrent. Mais si vous avez aimé beaucoup, vous aurez encore plus de plaisir à lire la monographie de Renoir parue chez VisiMuZ. Nous comptons sur vous.



Crédits Photos
8 - Courtesy The National Gallery of Art, Washington (DC)
9 - non illustré
10 - Courtesy wikiart.org
11 - Photo VisiMuZ
12 - wikimedia commons Pierre_Auguste_Renoir_La-sortie_du_Conservatoire.jpg Usr Rlbberlin
13 - Courtesy The Athenaeum, rocsdad
14 - Courtesy wikiart.org

Renoir et Nini gueule de raie 2

Cet article est la suite de celui paru hier( ICI). Une fois la série terminée, les différents articles seront fusionnés.

2. Renoir dans le jardin de la rue Cortot

En 1875, Renoir réalise Mère et enfants (Frick Collection, New York), vraisemblablement dans un jardin public de Montmartre. Ce portrait lui est payé 1200 Francs et va lui permettre de franchir un palier. À cette époque, il souhaite peindre Le Moulin de la Galette

Renoir : « C’était bien compliqué : les modèles à trouver, un jardin… J’eus la veine d’obtenir une commande qui m’était royalement payée : le portrait d’une dame et de ses deux fillettes, pour 1200 francs. Je louai alors, à Montmartre, une maison entourée d’un grand jardin, à raison de 100 francs par mois ; ce fut là que je peignis Le Moulin de la Galette, La Balançoire, La Sortie du Conservatoire, Le Torse d’Anna… »

Le jardin de la rue Cortot devient alors un nouvel atelier qui permettra à Renoir ses plus beaux effets de lumière. Nini a posé pour plusieurs des tableaux de cette époque, changeant de rôle comme le font les actrices. Le jardin reçoit à la belle saison famille et amis : Edmond Renoir, Georges Rivière, Paul Lhôte passent presque quotidiennement.

Renoir, La Songeuse (Pensive)

La Songeuse ou Pensive, 1875, huile sur papier sur toile, 46 x 38,1 cm, Virginia Museum of Fine Arts, collection Paul Mellon, F169

Curieusement, alors que Renoir était célibataire (Lise Tréhot l’a quitté en 1872), la mère de Nini ne semble pas trop inquiète de la voir poser chez l’artiste.

Georges Rivière raconte :

« Nous ne connaissions à peu près rien de la vie de Nini. Elle n’avait pas de père. L’homme qui vivait avec sa mère, son « beau-père » selon l’euphémisme pudique de Montmartre, était prévôt dans une salle d’armes et l’on disait qu’il veillait jalousement sur la vertu de la jeune fille. La mère avait l’allure d’une ouvreuse de petit théâtre, – c’était peut-être du reste sa profession. Elle venait de temps en temps chez Renoir sous le prétexte de s’informer de la conduite de sa fille à l’égard du peintre et, chaque fois, elle lui disait en manière de confidence son inquiétude, sur l’avenir de Nini.

“Pensez-vous, monsieur Renoir,” soupirait-elle, “à quel danger elle est exposée ? Une jolie fille comme elle est bien difficile à garder ! Voyez-vous, il faudrait qu’elle ait un protecteur sérieux, un homme rangé qui assurerait son avenir. Je ne rêve pas pour elle d’un mylord ni d’un prince russe, je voudrais seulement qu’elle ait un petit intérieur tranquille. Tenez, il lui faudrait quelqu’un qui la comprendrait, un homme comme vous, monsieur Renoir”, ajoutait-elle en s’en allant. »

Renoir, La Couseuse

La Couseuse, 1875, hst, 65 x 55 cm , P. A. Renoir, collection particulière, F191

Ce tableau a été vendu le 08/11/1995 chez Sotheby’s, New York (lot 43) pour 2,400,000 dollars.

On sent nettement sur ces tableaux l’influence du plein-air par l’éclaircissement de la palette de Renoir.

Renoir, Nini dans le jardin

Nini dans le jardin (Nini Lopez), 1875, hst, 61,9 x 50,8 cm, P. A. Renoir, Metropolitan Museum of Art, New York, F188

La Jeune Fille au banc, Renoir

La Jeune Fille au banc, 1875, hst, 61 x 50 cm, P. A. Renoir, collection privée, F189

Ces deux tableaux ont été peints dans le jardin de la rue Cortot.

Suite… et fin demain : Renoir, Nini et la bourgeoisie parisienne entre 1875 et 1879 !

Crédits Photos
4 – wikimedia commons File:Pierre-Auguste_Renoir_-_Pensive_(La_Songeuse).jpg Usr Rlbberlin
5 – Courtesy The Athenaeum, rocsdad
6 – wikimedia commons Pierre-Auguste_Renoir_-_Nini_in_the_Garden.jpg Usr Boo-Boo Baroo
7 – Courtesy The Athenaeum, rocsdad

Nini gueule de raie et Pierre-Auguste Renoir

Chez VisiMuZ, nous essayons de comprendre la personnalité des peintres, au-delà de leurs œuvres.

Les compagnes des artistes, leurs modèles, leurs amis, leurs commanditaires, les lieux dans lesquels ils ont vécu et voyagé construisent un ensemble qui permet de mieux comprendre la fascination que leurs œuvres peuvent exercer sur nous.

Dans la ici), nous évoquons longuement par exemple Lise, Nini, Margot, Ellen, Angèle, Maria (Suzanne Valadon), Aline, Jeanne, Gabrielle, La Boulangère, Dédé, Madeleine, etc.

Mais le site VisiMuZ est aussi un complément à nos ouvrages, afin de vous faire découvrir des œuvres particulières, ou en prenant un autre angle que celui choisi par l’auteur des monographies.

Nous avons choisi d’évoquer Nini Lopez, surnommée peu élégamment « gueule-de-raie », un des modèles préférés de Renoir entre 1874 et 1878. Elle apparaît pour la première fois sur le tableau La Loge en 1874. Même si le peintre était discret sur ses modèles, elle a été identifiée depuis dans pas moins de 14 tableaux (source Joconde).

Pour mieux comprendre la chronologie, nous avons indiqué pour chaque tableau son numéro d’ordre dans le catalogue Fezzi[1], par exemple ci-après F120.

Nous avons retrouvé ces 14 tableaux et allons les regarder avec vous, le temps d’une promenade en trois temps dans la vie de Renoir entre 1874 et 1879.

1. Entrée en scène de Nini Lopez. (ici),
2. Renoir et le jardin de la rue Cortot. (à paraître)
3. Renoir et la bourgeoisie parisienne dans les années 75-79. (à paraître)

1. Entrée en scène de Nini Lopez

Renoir, La Loge

La Loge, 1874, hst, 80 x 63,5 cm, Pierre-Auguste Renoir, institut Courtauld, Londres, F120

Sur ce tableau, les modèles sont Edmond Renoir, le frère du peintre, et Nini au premier plan.

Georges Rivière[2], ami de Renoir, a évoqué Nini :

« Entre 1874 et 1880, Renoir eut pour modèle habituel une jolie fille blonde qu’on appelait Nini. C’était le modèle idéal : ponctuelle, sérieuse, discrète, elle ne tenait pas plus de place qu’un chat dans l’atelier où nous la trouvions encore lorsque nous y arrivions. Elle semblait s’y plaire et ne se pressait pas, la séance terminée, de quitter le fauteuil où elle se tenait penchée sur un travail de couture ou lisant un roman déniché dans un coin ; telle enfin qu’on la voit dans un grand nombre d’études de Renoir. »

Ce tableau est devenu historique puisqu’il a figuré à la première exposition impressionniste de 1874. Il a ensuite été acheté à l’artiste par le père Martin (1875) pour 425 Francs. Il se caractérise par une lumière et une intensité chromatique très forte, révolutionnaires à cette époque encore marquée par le « noir bitume ».

Le thème de la loge de théâtre a été très utilisé à cette période. Après Daumier, ce sont Renoir, Degas, Mary Cassatt, Vallotton qui nous ont donné chacun leur vision. Nous avons publié il y a quelque temps un exemple par Mary Cassatt en 1879 (ici). Au XIXe siècle, la salle n’était pas comme aujourd’hui plongée dans l’obscurité, et les spectateurs pouvaient lire le texte de la pièce ou encore regarder leur voisins. Cette jeune femme est ici l’archétype de la jolie parisienne à la mode, aux bijoux somptueux, mise en valeur par l’éclairage au gaz. Elle est à la fois spectatrice et spectacle pour les autres spectateurs. Ce trait est accentué par l’attitude en arrière-plan de son compagnon, qui regarde ou plutôt mate avec ses jumelles en direction des corbeilles et galeries occupées par d’autres jolies spectatrices.

Il existe une variante beaucoup plus petite de cette toile, en mains privées, qui est certainement une étude préparatoire (F119).

Renoir – La Loge (étude), 1874

La Loge(étude), 1874, hst, 27 x 21 cm, Pierre-Auguste Renoir, vente Sotheby’s Londres, 5 février 2008, F119

Cette étude avait fait partie de la dramatique vente des impressionnistes en 1875 à Drouot, dans laquelle les peintres n’avaient même pas couvert leurs frais. Elle a été vendue à Londres, chez Sotheby’s, le 5 février 2008. En raison de la parenté du tableau avec la toile précédente, et malgré sa petite taille, la vente a atteint la somme de 7,412,500 £ avec les frais (soit plus de 10 M. euros) pour une estimation allant de 2,5 à 3,5 M. £.

Par rapport à la vision de cette jolie jeune femme, en accord avec la description de Rivière, on comprend d’autant moins ce surnom de « gueule de raie », qui décrit dans l’argot du temps une femme vieille et laide.

Renoir, Portrait de Nini gueule-de-raie

Portrait de Nini gueule de raie, 1874, Pierre-Auguste Renoir, hst, 61 x 48 cm, collection particulière, F134


Dans cette troisième toile, on sent bien la filiation avec les tableaux précédents. Est-il aussi, comme l’a suggéré François Daulte, une étude pour La Loge ? Ce portrait est resté en France (à Biarritz) jusqu’en 2001, avant de partir aux États-Unis. En 2008, donc avant la folie mégalomane sur le marché de l’art que l’on vit depuis, il a été vendu chez Sotheby’s à New York le 3 novembre pour 5,570,500 $.

À suivre… demain !

[1]. Catalogue E. Fezzi & J. Henry, Tout l’œuvre peint de Renoir, période impressionniste, 1869-1883, Paris, 1985
[2]. repris dans la monographie par Vollard, enrichie par VisiMuZ, ici.

Photos
1- wikimedia commons Pierre-Auguste_Renoir,_La_loge_%28The_Theater_Box%29.jpg Usr Luestling
2 – Courtesy The Athenaeum, rocsdad
3 – Courtesy The Web Gallery of Impressionism

Pêcheuses de moules à Berneval, Renoir

Renoir Pêcheuses de moules à Berneval

Pêcheuses de moules à Berneval, 1879, Pierre-Auguste Renoir, fondation Barnes, Philadelphie.

Renoir a séjourné plusieurs fois au château de Wargemont, chez ses amis Marguerite et Paul Bérard. Berneval, près de Dieppe est aussi à quelques kilomètres de Wargemont.

La Ve exposition des Impressionnistes a eu lieu en 1880. Comme en 1877 et 1879, Renoir s’abstient d’y participer. A contrario, il va postuler au Salon officiel, celui de M. Gérôme (comme disait Cézanne) avec ces Pêcheuses de moules et la Jeune fille au chat. Il va être admis. Renoir était convaincu que pour recevoir des commandes des milieux fortunés de Paris, il était nécessaire d’exposer au Salon. Il l’a expliqué dans une lettre à Durand-Ruel au début de mars 1881.

«. Mon cher Monsieur Durand-Ruel,
Je viens tâcher de vous expliquer pourquoi j’envoie au Salon. Il y a dans Paris à peine quinze amateurs capables d’aimer un peintre dans le Salon. Il y en a 80 000 qui n’achèteront même pas un nez si un peintre n’est pas au Salon. Voilà pourquoi j’envoie tous les deux ans deux portraits, si peu que ce soit. De plus, je ne veux pas tomber dans la manie de croire qu’une chose ou une autre est mauvaise suivant la place.

En un mot, je ne veux pas perdre mon temps à en vouloir au Salon. Je ne veux même pas en avoir l’air. Je trouve qu’il faut faire la peinture la meilleure possible, voilà tout. Ah ! si l’on m’accusait de négliger mon art, ou par ambition imbécile, faire des sacrifices contre mes idées, là je comprendrais les critiques. Mais comme il n’en est rien, l’on a rien à me dire, au contraire. »

Alors le peintre a joué « cavalier seul » et n’a pas exposé avec ses amis. Un an plus tard, suite à son voyage en Italie, Renoir va rompre avec sa manière impressionniste, pour entrer dans sa période « ingresque » ou « aigre ». Ce tableau est aussi l’un des deux derniers de l’artiste acquis par Albert Barnes (1872-1951). Barnes possédait à sa mort 178 tableaux de Renoir acquis entre 1912 et 1942. Il en acheta en particulier 41 en une seule fois juste lors de la dispersion de l’atelier à la mort du peintre.

Retrouvez ici tout Renoir dans sa biographie par Ambroise Vollard, chez VisiMuZ (avec 200 tableaux)

07/10/2015

Dim 176,2 x 130,2 cm
Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad

Baigneuse assise, Renoir

Renoir ²#8211; Baigneuse assise

Baigneuse assise, ca 1882-85, Pierre-Auguste Renoir, collection particulière.

Les baigneuses des années 1883-85 font partie des plus célèbres tableaux de Renoir. Elles ont pour point commun d’avoir été pour l’essentiel réalisées en atelier à Paris, d’après des esquisses de décor prises sur le vif en Italie en 1881-82 ou à Guernesey lors de l’été 1883. Celle lente maturation aboutira aux « Grandes Baigneuses » de 1887 (Phildadelphia Museum of Art) qui ont tant déconcerté les amateurs et les critiques, par leur dessin devenu « ingresque ». Le dessin de cette jeune femme est déjà très loin de la période impressionniste. Sans être précisément définis par une ligne, les contours du corps se démarquent du fond par le jeu des lumières, des ombres et des contrastes. Renoir, comme pour d’autres baigneuses de cette période, a complètement éliminé le ciel de sa composition.

Le fond est traité dans des tons bleus plus froids qui se distinguent fortement des tons chauds de la carnation de la peau de la jeune femme, certainement un modèle professionnel.

Le tableau a d’abord appartenu à Arsène Houssaye (1814-1896), écrivain, critique, administrateur de la Comédie-Française.

Retrouvez-le dans son contexte dans la biographie de Renoir par Ambroise Vollard, chez VisiMuZ ici.

21/07/2015

8 mars – Journée internationale des femmes – Hommage à Suzanne Valadon

Ce 8 mars, les musées ont rendu en général hommage aux femmes en publiant des portraits de femmes par des hommes, ou en glorifiant la maternité, transformant peu ou prou la journée des Droits des femmes en une fête des Mères-bis. Ce n’est pas de cela que nous allons parler aujourd’hui, mais d’une femme libre. Marie-Clémentine Valadon  est arrivée à Paris peu avant la Commune. Elle sera  peintre et mère du peintre Maurice Utrillo, et les amants de cette fille de blanchisseuse s’appelaient Henri de Toulouse-Lautrec ou Erik Satie.
Nous n’allons pas refaire la bio de Suzanne Valadon. Celle de Wikipedia existe, et sa biographie complète par Jeanne Champion, dans laquelle nous avons puisé quelques anecdotes,  est constamment rééditée depuis 1984,  Mais arrêtons-nous sur quelques aspects !
1) Son physique
En classe, elle gribouille souvent des visages et en particulier le sien. Elle a de beaux traits, des yeux bleus, une grande bouche, le menton volontaire, un caractère fort et la gouaille d’une enfant des rues de Montmartre. Elle est remarquée par tous ceux qui la côtoient, camarades de classe d’abord, puis ouvriers de la Butte. Elle est petite (1,54 m), et on lui reproche alors facilement une arrogance qui n’est qu’une affirmation de sa liberté.

2) Maria, la modèle
En 1880, à quinze ans, elle devient brièvement acrobate, au cirque Fernando. C’est là qu’en 1879, Degas a peint Miss Lala au cirque Fernando (National Gallery- Londres). Mais Marie-Clémentine est trop pressée et une mauvaise chute interrompt sa carrière à peine commencée. Elle continue à dessiner et décide de devenir modèle, sous le prénom de Maria, pour subsister. C’est elle qui pose, entortillée dans un drap de lit pour Le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses de Puvis de Chavannes,  et qui nous domine quand on monte l’escalier du musée des Beaux-Arts de Lyon.
Elle rencontre bientôt Renoir pour lequel elle pose souvent par exemple dans Danse à la ville ou les Parapluies.

Valadon_Pierre-Auguste_Renoir_Danse_Ville_OrsayValadon_Pierre-Auguste_Renoir_Parapluies_National_Gallery_Londres

Danse à la ville, 1882-83 – Orsay                               Les Parapluies, 1883 – National Gallery

Quand elle fait la connaissance de Toulouse-Lautrec, il lui donne le prénom de Suzanne, à cause des deux vieillards libidineux que sont pour lui Renoir et Puvis qui n’aiment rien tant que la faire poser nue. Toulouse remarque les gribouillis de Maria et, convaincu de son talent, la présente à Degas.

3) La femme-peintre et cougar
1891. Degas est devenu son maître, et pour elle comme pour lui, c’est d’abord la sûreté de son dessin qu’on admire. Toute sa vie, elle peindra des nus (comme le très beau Nu à couverture rayée de 1922 au musée d’Art moderne de la ville de Paris) ou le petit dessin ci-dessous (29 x 20 cm). Il a été exécuté en 1895 et donné plus tard à Berthe Weill, la découvreuse de Picasso en 1900, qui a exposé Suzanne dès les années 1900. Ce dessin a été vendu chez Sotheby’s Londres en 2007.
En 1894, elle est la première femme peintre à être admise à la Société Nationale des Beaux-Arts.

Suzanne_Valladon_Nu_1895_Sothebys
Sans titre, 1895, dédicacé « à Berthe Weill, à son esprit, avec toute mon amitié » – collection privée

Elle vendait beaucoup moins que son fils Maurice Utrillo. Les clients préféraient les rues de Montmartre de celui-ci aux nus de sa mère au dessin plus construit. Comme Balthus (1908-2001) le fera plus tard, elle a beaucoup dessiné ou peint des portraits de jeunes enfants ou adolescents, mais aussi des natures mortes, ou des paysages. Sa nièce Gilberte, assise ci-dessous, a été son modèle pour des portraits moins sages que celui-ci. Notez aussi l’hommage de l’artiste à son maître Degas avec le tableau accroché au mur.

Musée_Beaux-Arts_Lyon_Valadon_MarieCoca Portrait de Marie-Coca et de sa fille Gilberte, 1913 – Musée des Beaux-Arts de Lyon

Suzanne abandonne pour un temps la vie de bohème le temps de son mariage avec le banquier Paul Moussis de 1896 à 1909. Mais le naturel reste le plus fort , et elle le quitte pour un ami de Maurice, André Utter, de 21 ans plus jeune qu’elle et « beau comme un dieu ». C’est lui qui pose dans le Lancement du filet ci–dessous.

Suzanne_Valadon-Le_Lancement_du_filet-Musée_des_beaux-arts_de_Nancy

Le Lancement du filet, 1914, 201 x 301 cm – Musée des Beaux-Arts de Nancy (dépôt du centre Pompidou depuis 1998)

4) La châtelaine profiteuse
André Utter a compris que Maurice Utrillo, son ex-compagnon de bringue et beau-fils, pouvait être leur manne à tous. Maurice est alcoolique et est, après plusieurs cures, sous surveillance permanente. En clair, il est enfermé et condamné à peindre . Ses peintures ont un succès toujours grandissant et il assure le train de vie du trio. André Utter a acheté en 1923 le château de Saint-Bernard dans l’Ain et rien n’est trop beau pour la mère et son mari. Une anecdote en particulier est bien connue. Suzanne va prendre un taxi pour aller de Paris à Saint-Bernard (400 km). Inquiet de leurs dépenses, la galerie Bernheim Jeune achète une maison au nom de Maurice, avenue Junot à Paris, pour cette curieuse famille. Dans le même temps, c’est la reconnaissance officielle pour Suzanne. Dans les années 30, l’Etat lui achète plusieurs œuvres importantes et elle est donc célébrée dans les musées nationaux de son vivant. Elle mourra en 1938 à 73 ans d’une congestion cérébrale.
« Je me suis trouvée, je me suis faite, et j’ai dit, je crois , tout ce que j’avais à dire. » avait-elle déclaré dans son âge mûr.  Pour évoquer Suzanne Valadon, Elisabeth Couturier dans Historia (n° 751 de 2009) a titré La Garçonne avant l’heure qui résume assez bien la vie de Marie-Clémentine Valadon.
Les tableaux de Suzanne Valadon sont visibles en France au centre Pompidou, au musée Utrillo de Sannois (95), mais aussi à Lyon, Nantes, Nancy, Montpellier, Limoges ou encore au musée d’art moderne de la ville de Paris. À l’étranger, le Met (Nu allongé), le musée de San Diego, le SMK de Copenhague (Fleurs de printemps), le musée de Gand, celui de Buenos-Aires, le musée du Petit Palais (fermé et dont la date de réouverture est inconnue) à Genève, par exemple, lui ont offert leurs cimaises.

Crédits photographiques :
1) Danse à la ville Lien http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pierre-Auguste_Renoir_019.jpg
User (Eloquence) licence PD-Art (Yorck Project)
2) Les Parapluies Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pierre-Auguste_Renoir_122.jpg
User (Eloquence) licence PD-Art (Yorck Project)
3) Sans titre, 1895 Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Suzanne_Valladon_,_Nu,_1895.jpg
User : Alinea licence : CC-PD-Mark
4) VisiMuZ
5) Le Lancement du filet Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Suzanne_Valadon-Le_Lancement_du_filet-Mus%C3%A9e_des_beaux-arts_de_Nancy.jpg User : Ji-Elle licence CC-BY-SA-3.0