Femme agenouillée à la robe rouge orangé, Egon Schiele

Jeune fille agenouillée à la robe orange, Egon Schiele

Femme agenouillée à la robe rouge orangé, 1910, Craie noire, aquarelle et gouache sur papier, 44,6 x 31 cm, Egon Schiele, Leopold Museum, Vienne

Egon Schiele a vingt ans en 1910. Il est déjà délibérément provocateur et va réaliser cette année-là cinq nus émaciés et agressifs. Trois sont des autoportraits, deux des portraits de sa jeune sœur Gertrude (Gerti), qui a seize ans la même année.

L’érotisme omniprésent dans ses œuvres est curieusement absent de celle-ci. Pas de nu centré sur les parties génitales, pas de sous-entendu scabreux pour « choquer le bourgeois ».

On remarque plutôt le sens aigu de l’artiste pour la composition, avec ces deux pieds qui s’appuient sur deux bords du tableau. Gerti a posé pour cette œuvre comme pour bien d’autres. Elle est posée sur son genou gauche, et cette posture ancre son corps dans un losange, amplifié par le trait de crayon qui va de sa robe à ses mains.

Elle regarde fermement son frère de son œil unique (l’autre est caché par ses mains), ébauche un sourire — est-il ironique ? méprisant ? — et noue ainsi aussi une relation avec le spectateur.

La dramaturgie mise en exergue par ces mains qui semblent exprimer toute la douleur du monde est balancée par une harmonie subtile de couleurs sur un fond neutre. Les couleurs plus foncées du visage et de la chevelure font comme une cible dans la composition et dirigent le regard du spectateur vers l’œil de la jeune fille.

Cette aquarelle a été exposée à Paris, au Grand Palais en 2006. Elle fait partie de la collection de 41 toiles et 186 dessins d’Egon Schiele au Leopold Museum à Vienne.

15/04/2016

Photo wikimedia commons File : Egon_Schiele_-_Kneeling_Female_in_Orange-Red_Dress_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot

Le Moulin à eau, Egon Schiele

Le Moulin à eau, Schiele

Le Moulin à eau, 1916, 110 x 140 cm, Egon Schiele, musée d’état de Basse-Autriche, St. Pölten.

De faible constitution et de santé fragile, Schiele avait été réformé en 1914. Mais en 1915, l’armée autrichienne subit de lourdes pertes et Schiele est rappelé et déclaré bon pour le service. Même si son poste est une sinécure (il est fourrier près de Vienne), même s’il peut de temps à autre rentrer voir sa femme Édith et aller à son atelier, il est suffisamment préoccupé pour ne pas pouvoir souvent peindre. Il va réaliser seulement huit tableaux dans l’année, et parmi eux ce « Moulin à eau » qui correspond à un tournant dans son œuvre. Ses tourments se sont un peu apaisés avec son mariage en 1915. De plus son rôle comme soldat (puis caporal) lui a permis de trouver une place dans la société, place qui lui avait été refusée comme peintre. Sa manière devient moins exacerbée, plus réaliste. Le Professeur Rudolf Leopold, créateur du musée éponyme à Vienne, parlait pour les deux dernières années qui suivent, du « maniérisme » de Schiele, parfaitement visible ici dans la combinaison particulièrement sophistiquée des motifs de la façade et le traitement du flux de l’eau. Le haut de la toile exprime tout le calme d’une maison érigée là depuis longtemps, qui se dégrade lentement avec le temps qui passe. Au contraire le bas exprime toute la force et l’énergie de l’eau canalisée. D’un point de vue pictural, la manière est aussi inspirée des estampes japonaises.

Egon Schiele meurt de la grippe espagnole le 31 octobre 1918 à seulement 28 ans, trois jours après sa femme. Sa belle-sœur Adèle Harms a recueilli les dernières paroles du peintre : «  La guerre est finie et je dois partir. Mes œuvres seront exposées dans les musées du monde entier. »

17/09/2015

Photo Courtesy The Athenaeum, rocscad