Léonard de Vinci et ses deux Madones à l’Ermitage

Le musée de l’Ermitage de Saint Pétersbourg vient de faire sur sa page Facebook un focus sur la Madone Benois et la Madone Litta, deux tableaux vedettes du musée, devant lesquels les groupes de croisiéristes s’agglutinent, ce qui oblige à aller les voir tôt le matin ou en fin d’après-midi.

Je vous joins le lien sur ces articles (voir en date du 18 janvier). Les russophones pourront voir que tout n’est pas dit par le musée…par rapport aux commentaires VisiMuZ.

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La Madone Benois
Salle 214. La Madone Benois a été acquise en 1914 auprès de la famille Benois. Cette oeuvre de Léonard de Vinci est entrée en possession de Léon Benois par son mariage.

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Ce petit tableau (49,5 x 33 cm) est certainement une des toutes premières œuvres (avec la Madone à l’œillet de Munich) peintes par Léonard de Vinci en tant que maître, après qu’il ait quitté son maître Andrea del Verrochio. Il a été peint probablement en octobre 1478. Deux études préparatoires se trouvent au Bristish Museum à Londres. Raphaël s’est inspiré de cette composition pour sa célèbre Madone aux œillets, depuis 2004 à la National Gallery de Londres. En 1790, la Madone quitte l’Italie pour la collection du général Korsakov. A la mort de celui-ci, son fils le vend pour la somme de 1400 roubles à un marchand du nom de Sapozhnikov. La petite-fille de celui-ci épouse Léon Benois et lui apporte le tableau. Dans les archives de Sapoznikov, on retrouvera beaucoup plus tard un document de 1827, sur lequel il était écrit : « Mère de Dieu, tenant l’Enfant sur la main gauche… Maitre Leonardo da Vinci.. collection du général Korsakov ».
Léon Benois dévoile sa collection en 1908 lors d’une exposition. Le tableau est alors inconnu et E.Lipgartu, conservateur en chef de l’Ermitage impérial, reconnaît alors dans la Madone une œuvre de Léonard de Vinci. Les discussions durent quatre ans. Joseph Duveen, toujours à l’affût des œuvres importantes, en propose 500 000 francs or. Mais l’opinion publique russe se mobilise et fait campagne pour que le tableau reste en Russie. Léon Benois le vend alors au musée pour la somme beaucoup plus modeste de 150.000 roubles.
Les Benois sont depuis plus de deux siècles des notables importants à Saint-Pétersbourg. Un musée leur est d’ailleurs consacré depuis 1988. Louis-César Benois, confiseur de son état, avait quitté la France en 1794, à cause de la Révolution, pour s’installer en Russie. Le passeport russe était déjà très prisé ! Son fils Nicolas devint l’architecte du tsar au palais de Peterhof, métier repris à son tour par son fils Léon. De nombreux autres membres de la famille sont célèbres, comme peintres, musiciens, décorateurs, ou… acteurs. La Scala de Milan a été décorée puis dirigée par Nikolaï Benois (1901-1988) et Sir Peter Ustinov est le petit-fils de Léon Benois.

La Madone Litta
Salle 214. La Madone Litta tire elle-aussi son nom de son ancien propriétaire, le duc Litta. Il a été acheté à Milan suite à une offre internationale de vente, le 12 janvier 1865, par le tsar Alexandre II via le directeur du musée impérial, S.A. Gedeonov.

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L’œuvre est beaucoup plus plaisante que la précédente, et on retrouve en plus précis le sfumato caractéristique dans le paysage. Cette Vierge allaitante est toujours présentée lors des visites guidées à l’Ermitage comme une œuvre majeure de Léonard de Vinci, mais les historiens de l’art (comme Martin Kemp [1981]) tendent maintenant vers une attribution à un élève du maître, comme Giovanni Boltraffio (1467-1516), dont le style plus sec et la recherche du fini, différaient de la manière de Léonard. David Alan Brown (cf. Madonna Litta, XXIX Lettura Vinciana, Florence [1990], cité par Wikipedia) l’attribue pour sa part à Marco d’Oggiono (ca 1470-1530 ou 49 ?) dont il reste très peu de tableaux.
La plupart des experts s’accorde toutefois à reconnaître dans la Madone Litta un dessin préparatoire de la main de Léonard (voir aussi le Codex Vallardi au Louvre). Quand l’Ermitage prêtera-t-il l’oreille à ces débats ? Noter qu’à l’Ermitage, au dos du chevalet de la Madone Litta se trouve une Madeleine repentante par Gianpetrino (actif entre 1508 et 1549), un autre des disciples préférés de Léonard.

 

Crédits Photos :in
Madone Benois
User : Eloquence Lien : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Leonardo_da_Vinci_026.jpg
Madone Litta
User : Olpl Lien http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Madonna_Litta.jpg</i>