La Danseuse chez le photographe, 1877-78, hst, 65 x 50 cm, Edgar Degas, musée Pouchkine, Moscou.
Devant nous, une danseuse dans le contre-jour, un parquet, un meuble indistinct sur la droite. Des bandes horizontales sur le plancher, verticales sur la fenêtre dessinant un quadrillage virtuel (pour une mise au carreau ?). Au-delà un vitrage faisant penser à un atelier d’artiste, et derrière les toits et murs de Paris. Si l’artiste ne le disait pas dans le titre, rien ne permettrait d’indiquer que nous sommes dans le studio du photographe.
Mais le peintre éprouve le besoin de nous le dire. Était-il dans le studio du photographe, à dessiner pendant que celui-ci travaillait ? Il a forcément terminé ce tableau à son atelier, on imagine assez mal la jeune danseuse poser longtemps dans cette position. L’art doit il être expression de la réalité ? Question vieille comme la peinture elle-même à laquelle les réponses sont multiples : art idéalisé et lisse des néo-classiques contre réalisme d’un Courbet, le « je peins ce que je vois » d’un Manet, l’art comme expression d’une « Idea » intérieure à l’esprit du peintre dès la fin de la Renaissance et le Maniérisme ? Toutes ses réflexions ont été bouleversées avec l’apparition de la photographie en 1822 et sa diffusion après 1850. On sait maintenant le tournant pris par la peinture au XXe siècle.
Degas lui-même est devenu photographe en 1895-96 et ses pastels postérieurs doivent beaucoup à ces monotypes. Mais avant ? On sait que Degas cherchait en peinture à capturer le mouvement, celui des ballets ou des chevaux ! Est-il fasciné par cette invention qui permet de fixer la pose du modèle ?
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Signalons pour finir qu’Antoine Terrasse (1928-2013), petit-neveu de Pierre Bonnard, a consacré un livre à « Degas et la photographie », Denoel, 1983.
08/06/2016
Photo wikimedia commons Edgar_Germain_Hilaire_Degas_020 licence CC-PD-Mark UsrEloquence