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Amedeo Modigliani, Nu couché les bras ouverts

Amedeo Modigliani, Nu couché, les bras ouverts

Nu couché, les bras ouverts ou Nu rouge, 1917, ex-collection Gianni Mattioli, Milan, catalogue Ceroni n° 198.

Il s’agit d’une toile de dimensions somme toutes assez modestes : 60 × 91,5 cm, qui vient de défrayer la chronique. Le 9 novembre 2015 au soir à New York, Christie’s a mis aux enchères ce nu pour une estimation de 100 millions de dollars. Il provient de la collection de la famille Mattioli à Milan. Gianni Mattioli l’avait acquis en 1949 et il est resté ensuite chez ses descendants jusqu’à ce jour.

Avec un prix de 170,4 millions de dollars (auxquels il faut ajouter les frais, pour un total de 179,4 millions de dollars), il devient la 2e œuvre d’art la plus chère du monde adjugée en vente publique.

Il fait partie de la série de nus réalisée en 1917 et exposée brièvement à la galerie Berthe Weill en décembre 1917.

Berthe Weill (1865-1951) était « une minuscule créature à binocles et chignon gris jaune », nous dit le poète André Salmon. En 1917, elle se met d’accord avec Léopold Zborowski pour organiser la première exposition personnelle et exclusive de Modigliani. Le vernissage est fixé au 3 décembre.

Cette année-là, Modigliani a réalisé la plupart de ses nus (environ 20 sur les 30 nus de son œuvre). Il a rencontré Jeanne Hébuterne en avril 1917, s’est installé avec elle en juillet rue de la Grande-Chaumière. Zborowski était inquiet. La production d’Amedeo s’en ressentait. Allait-il être prêt pour l’exposition ? Fin novembre, 30 toiles étaient prêtes, dont 15 nus.

Le catalogue est précédé d’un texte du poète Blaise Cendrars.

Sur un portrait de Modigliani.

Le monde intérieur.

Le cœur humain avec ses dix-sept mouvements de l’esprit.

Le va-et-vient de la passion.

Selon Christian Parisot, le dessin qui se trouvait sur l’affiche d’annonce de l’exposition chez Berthe Weill est un portrait de Jeanne Hébuterne.

exposition berthe weill modigliani 1917

Berthe a mis deux nus en vitrine un peu avant l’ouverture de l’exposition. Ils ont été vus par quelques badauds, dont le commissaire de police du quartier. Quand le vernissage débute, tous les amis du peintre sont là. Mais, soudain, c’est le tohu-bohu. Une foule vocifère devant la vitrine. Puis deux gendarmes entrent dans la galerie et demandent à parler au propriétaire. Ils annoncent que la préfecture de police ordonne la fermeture immédiate de l’exposition et la saisie des nus pour « intolérables outrages aux mœurs » (André Salmon). Berthe Weill est emmenée aux commissariat. Les scellés sont posés sur la porte. L’exposition n’aura duré que trois heures.

Il est vraisemblable que la manière du peintre soit à l’origine de cette condamnation. En coupant les bras et les jambes de ses modèles, il focalisait l’attention sur le torse, et le rendait ainsi pornographique aux yeux d’un public ignorant.

Peu de temps après l’évènement, l’écrivain et poète Francis Carco (1886-1958) publie une tribune et apostrophe les lecteurs :

« Lors d’une récente exposition de Modigliani, les portraits, autant que les nus, qu’il a jetés tout à trac sur des draps de hasard, suffisent à ennoblir son art. Si celui-ci vous blesse par son cynisme et l’emploi d’une palette qu’il résume à deux ou trois tons aveuglément choyés ; s’il déforme par souci d’atteindre à la définition de la grâce ; s’il immole pour créer et si rien ne l’intéresse que la nuance, après le rythme ou cette secrète architecture du mouvement qui déplace les lignes, n’êtes-vous point choqués de votre lenteur à saisir les rapports subtils de la sensibilité de ce peintre avec l’objet même de son culte ? »

Après la mort du peintre en janvier 1920, Francis Carco va publier en 1924 Le Nu dans la peinture moderne. Il écrit alors :

« Ce qui distingue Modigliani des autres maîtres du nu, c’est qu’il n’a pas de “manière” déterminée pour peindre la chair. Au roulis des formes, aux gammes de chaleur et de sang, on reconnaît un Rubens ; un Renoir, à la nourriture colorée de l’épiderme. Seul le style d’ensemble annonce Modigliani. …/… Il est impossible, lorsqu’on a pu longuement admirer une figure nue de Modigliani, de regarder sans rire les académies scolaires poncées et froides – voire quelques toiles de musée qu’il est encore de bon ton de louer : les corps en baudruche, le seins en pièces montées, les fesses en gelée tremblante. Car dans les tièdes buées de son œuvre, l’artiste a fait palpiter toutes les ivresses des mystères, les saveurs, les frissons, les moiteurs, les ondulations. Un souffle s’exhale de ses nus, le souffle même de la vie. »

Notre tableau, objet de la bataille d’enchères du 9 novembre 2015, a été récupéré en 1917 par Zborowski, puis vendu au collectionneur Jonas Netter. Il est parti ensuite en Italie le 2 octobre 1928 chez Riccardo and Cesarina Gualino à Turin, est resté en Italie chez différents collectionneurs avant de rejoindre la collection Mattioli en 1949.

Au-delà de sa beauté et de son charme, la toile réunissait tous les ingrédients d’un record. Elle est née avec un parfum de scandale (rapporté ci-dessus), est restée dans la même collection depuis 66 ans, et a été réalisée par un peintre qui n’a produit dans sa courte vie que 340 tableaux environ.

Les journalistes nous apprennent que le tableau aurait été acquis, après une bataille d’enchères de 9 minutes, par un homme d’affaires et milliardaire chinois, Liu Yiqian, né en 1963, président de la société d’investissement Sunline.

10/11/2015

• article de presse sur la vente du 9 novembre, voir par exemple ici
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Photos wikimedia commons
affiche File:Amedeo-Modigliani-berthe-weill-first-oneman-exhibition-nudes-1917-paris.jpg Usr AxelHH
tableau File:Amedeo_Modigliani_012.jpg Usr Eloquence