Femme en vert lisant, Jules Pascin

Femme en vert, lisant, Jules Pascin

Femme en vert lisant, 1917, hst, 89,2 x 69,2 cm, Jules Pascin, fondation Barnes, Philadelphie

Jules Pascin fait partie de la légende de l’école de Paris (avec Modigliani, Kisling, Soutine et les autres). Né Julius Mordecai Pincas (1885-1930), il utilise un anagramme de son nom de naissance. Il a grandi en Bulgarie. Après avoir fréquenté un temps les expressionnistes allemands (dont l’influence est perceptible dans sa peinture avant 1914), il arrive en 1905 à Paris. Il rencontre Hermine David (1886-1970), femme-peintre comme lui, en 1907 et elle devient sa compagne… En 1914, comme il est natif de Bulgarie, nation alliée de l’Allemagne, il doit partir de France et il rejoint Brooklyn (il était assez connu aux États-Unis depuis 1912). Hermine le rejoint l’année suivante. Ils prendront la nationalité américaine et se marieront en 1918 avant de rentrer en France en 1920.

Ernest Hemingway dans Paris est une fête, a raconté une rencontre au Dôme et 1924 et écrit que Jules Pascin était un « très bon peintre et il était ivre, constamment, délibérément ivre, et à bon escient. »

Durant leur période américaine, Pascin et Hermine vont passer entre 1915 et 1917 un long moment en Louisiane, au Texas, puis en Floride et à Cuba, des destinations exotiques et inhabituelles pour des Parisiens naviguant habituellement entre Montmartre et Montparnasse. Expressionniste, doté d’une sensibilité rare, Pascin a été d’abord le peintre de la Femme ou plutôt des femmes. Il a peint aussi de nombreuses aquarelles de paysages jusqu’à un accord avec Hermine. Désormais, Il peindrait des portraits et elle peindrait des paysages afin qu’ils ne s’influencent pas trop l’un l’autre.

Albert Barnes a fait la fortune de Pascin comme il a fait celle de Soutine, en achetant massivement à partir de son séjour à Paris en 1922. La collection compte encore aujourd’hui 57 tableaux et dessins de Pascin (et plus de 200 Renoir, 60 Matisse, etc.).

Nous ne saurions dire où notre tableau du jour a été peint, mais la lumière, le fauteuil, font penser au Sud, celui des États-Unis, des Bahamas ou de Cuba.

04/04/2016

Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad

Hermine au chemisier rouge, Jules Pascin

Hermine au chemisier rouge, Jules Pascin

Hermine au chemisier rouge, 1909, Jules Pascin, collection particulière.

Julius Mordecai Pincas (1885-1930), qui utilisera un anagramme de son nom de naissance, a grandi en Bulgarie. Après avoir fréquenté un temps les expressionnistes allemands (dont l’influence est perceptible dans sa peinture avant 1914), il arrive en 1905 à Paris. Il rencontre Hermine David (1886-1970), femme-peintre comme lui, en 1907 et elle devient sa compagne… En 1914, comme il est natif de Bulgarie, nation alliée de l’Allemagne, il doit partir de France et il rejoint Brooklyn. Hermine le rejoint l’année suivante. Ils prendront la nationalité américaine et se marieront en 1918 avant de rentrer en France en 1920.

Jules Pascin était un « très bon peintre et il était ivre, constamment, délibérément ivre, et à bon escient. » nous dit Ernest Hemingway dans Paris est une fête. Son érotisme était débridé dans la vie comme dans sa peinture. Marié avec Hermine, il eut aussi avant la guerre une aventure avec Lucy Krohg. Elle aussi s’est mariée pendant la guerre mais les amants se retrouvent en 1920 et leur liaison durera cette fois jusqu’au suicide de Jules en 1930. Hermine et Lucy se connaissaient, posaient même parfois ensemble pour le peintre. Nous avons choisi ici un tableau très sage, l’œuvre de Pascin faisant la part belle au beau sexe qui l’obsédait. « Pourquoi, disait-il, une femme est-elle considérée comme moins obscène de dos que de face, pourquoi une paire de seins, un nombril, un pubis sont-ils de nos jours encore considérés comme impudiques, d’où vient cette censure, cette hypocrisie ? De la religion ? ». Certains parlent du peintre aux 365 modèles.

Dans ce tableau de 1909, on sent encore très nettement l’influence de l’expressionnisme allemand (Macke ou Kirchner par exemple).

Hermine ne s’est pas remariée après la mort de son mari. Elle lui a survécu jusqu’en 1970 et a continué à peindre et à illustrer des livres jusqu’à sa mort. Le fils de Lucy, Guy Krohg sera l’héritier d’Hermine.

03/11/2015

Dim : 154,9 x 115,6 cm Photo courtesy The Athenaeum, Usr rocsdad

Modigliani et l’École de Paris à Martigny

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Tel est le titre de l’exposition-phare de l’été à la fondation Pierre Gianadda à Martigny (Valais suisse) : 80 œuvres prêtées par le centre Pompidou, complétées par des prêts des musées suisses (Fondation Bührle de Zürich, musées de Berne, de Bâle, de Zürich, collections Gianadda, Merzbacher, etc.).
Rappelons que le terme d’École de Paris désigne les peintres ayant travaillé à Paris, au début du XXe siècle, souvent autour de Montparnasse mais aussi à Montmartre. Nombre d’entre eux étaient venus d’Europe centrale ou orientale (Chagall, Soutine, Survage, Pascin, Kars, Reth, Kisling, Zadkine, etc.). Il ne s’agit pas vraiment d’une école. Le terme apparaît en Allemagne avant 1914 en opposition au terme d’expressionisme allemand. Il ne sera utilisé en France qu’à partir du milieu des années 20.

Les toiles sont accrochées sur le pourtour de la salle principale du bâtiment et quelques cloisons annexes, le milieu de la salle étant occupé par les chaises du prochain concert à venir.

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Vue de la seconde partie de l’exposition depuis le bas de l’escalier

Comme pour chaque exposition en ce lieu, il vaut mieux commencer par le fonds à droite, et tourner dans le sens horaire pour suivre une démarche chronologique. Mais dans ce cas précis, les toiles de Modigliani, qui servent de fil rouge, ne sont pas accrochées chronologiquement. Il faut dire que la carrière de l’artiste est très courte, puisque seulement quatorze ans se sont écoulés entre son arrivée à Paris en 1906 et sa mort le 24 janvier 1920 à 35 ans.

L’accrochage commence avec un portrait de Maurice Utrillo en 1910 par André Utter, son copain d’enfance qui deviendra le mari de sa mère Suzanne Valadon, puis des toiles d’Utrillo (1883-1955), un Raoul Dufy (1877-1953) de 1908 et un autre de 1912, et des Modigliani de 1909 à 1915, dont un premier portrait de Béatrice Hastings, sa compagne en 1915-16.
On trouve ensuite pêle-mêle Léopold Survage (1879-1968), le futuriste Gino Severini (1883-1966) et aussi un intéressant tableau d’Alfred Reth (1884-1966) de 1912. Notons au passage qu’Alfred Reth, tombé injustement dans l’oubli, est, avec Georges Kars, un des seuls peintres exposés ici qui soit encore accessible sur le marché de l’art (toiles à partir de 3 000 euros, à comparer par exemple aux 31,4 millions de dollars de Modigliani avec Jeanne Hébuterne devant une porte, 1919 en novembre 2004 à New York ou aux 69 millions de dollars de La Belle Romaine en 2010 toujours à New York – à voir ici).
Il est judicieux, après ce premier côté, de quitter la grande salle et d’aller tout droit vers la collection permanente de Louis et Evelyn Franck, qui reste exposée en même temps que l’exposition temporaire.
En effet, Catherine Grenier, commissaire de l’exposition, a demandé à Antoinette de Wolf-Simonetta d’afficher ici une biographie de Modigliani, qu’il vaut mieux lire avant de continuer la visite, plutôt qu’à la fin de la visite. Notez que cette biographie se trouve aussi dans le petit journal disponible en pile à l’entrée et à la librairie, mais personne ne songe à vous le proposer.
Dans cette salle Franck, se trouvent des photographies (dont le fameux Baiser, célébré par Danièle Thomson dans Fauteuils d’Orchestre) et des sculptures de Constantin Brancusi (1876-1957), dont le centre Pompidou possède l’atelier, mais aussi d’Henri Laurens (1885-1954), d’Ossip Zadkine (1890-1967) ou Jacques Lipschitz (1891-1973).
Il serait dommage de ne pas regarder au passage les œuvres de la collection Franck : ♦Les Poissardes mélancoliques par James Ensor, un pastel de Picasso, deux Cézanne, un Kees van Dongen, un Toulouse-Lautrec, et surtout deux Van Gogh, dont le ♦Bébé Marcelle Roulin, 1888, un sujet dont VisiMuZ vous a longuement parlé dans le guide du Met à la fois dans la collection Annenberg et la collection Lehman.

Au retour dans la salle principale, et en continuant dans le sens horaire se trouvent un tableau de Kees van Dongen (♦La Grille de l’Élysée, 1912) et plusieurs œuvres de Suzanne Valadon (1865-1938) (voir l’hommage à Suzanne Valadon sur le blog VisiMuZ – ici ), bordés sur la cloison intérieure par des toiles et bronzes de Pablo Picasso entre 1905 et 1910, et entourés d’autres toiles et sculptures de Modigliani dont ♦Nu couché avec les bras derrière la tête, 1916 de la collection Bührle à Zürich, qui fait la couverture du catalogue et est accroché au centre du 2e côté de la grande salle.

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Amedeo Modigliani – ♦Tête de femme, 1912, Centre Pompidou.

La seconde partie de l’exposition présente alors d’abord un bel ensemble de Chaïm Soutine (1893-1943), deux toiles de Marc Chagall (1887-1985), des tableaux de Jules Pascin (1885-1930), un Henri Hayden (1882-1970) de 1912, la ♦Femme au châle gris, 1930 de George Kars (1882-1945), un artiste qui, ne supportant pas la tragédie de la Shoah, s’est suicidé en 1945, et enfin un très beau tableau de Moïse Kisling (1891-1953), la ♦Femme au châle polonais, ca 1928.

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Chaïm Soutine (1893-1943) – L’Idiot, 1920, musée Calvet, Avignon

Les toiles qui suivent présentent des peintres qui ne sont pas directement estampillés École de Paris mais sont d’autres témoins de l’époque : Juan Gris (1887-1927), Fernand Léger (1881-1955), Henri Matisse (1869-1954), André Derain (1880-1954). Avec les Picasso de l’autre mur, on a l’impression de se retrouver à une réunion chez Daniel-Henry Kahnweiler. Seuls Georges Braque et Maurice de Vlaminck manquent à l’appel.
L’exposition se termine en beauté avec plusieurs très beaux Modigliani dont ♦Nu debout (Elvira), 1918 et un portrait de ♦Jeanne Hébuterne au chapeau, 1919.

Gianadda_Elvira_9190Nu debout (Elvira), 1918, KunstMuseum de Berne

Gianadda_JeanneHebuterne_9201♦Jeanne Hébuterne au chapeau, 1919

La dernière compagne du peintre, enceinte de huit mois de leur troisième enfant, s’est donnée la mort le lendemain du décès d’Amedeo.

Pour les amateurs, au sous-sol du musée se trouve aussi une très belle collection d’automobiles anciennes. En complément, le parc, dit aussi le Jardin des Délices, habité par les sculptures, mérite une visite assez longue, au demeurant très agréable et reposante.

Informations pratiques :

21 juin – 24 novembre 2013 – tous les jours de 9 h à 19h – Billet payable en euros ou en francs suisses au choix, mais pas de carte de crédit.
Accès par le Léman, puis direction Grand-Saint-Bernard, ou par le col des Montets depuis Chamonix.
De Genève, 1h30 de route
Site de la fondation : http://www.gianadda.ch/wq_pages/fr/expositions/

Crédits photos : VisiMuZ