Le Cerisier, Berthe Morisot

Le Cerisier, Berthe Morisot

Le Cerisier, 1891, Berthe Morisot, musée Marmottan-Monet, Paris.

Au printemps 1890, la famille Manet-Morisot décide de louer pour la saison une maison à Mézy-sur-Seine, la maison Blotière. Il la garderont pour la saison 1891. Berthe a installé un atelier pour travailler et va utiliser comme modèles sa fille et ses nièces bien sûr, et aussi différents enfants du village. Eugène et Berthe vont aussi découvrir tout près de là, sur la commune de Juziers, le château du Mesnil. Il vont hésiter un moment puis acheter la propriété le 29 novembre 1891.

Le tableau du jour a été peint à la fin du printemps 1891 dans le jardin de la maison Blotière. Julie Manet et Jeannie Gobillard vont en être les modèles. Le tableau sera terminé au retour à Paris dans l’atelier de la rue de Villejust.

Retrouvez la vie de la famille Manet à Mézy et les tableaux de Morisot dans la monogaphie que lui a consacrée Armand Fourreau, enrichie par VisiMuZ : ICI

11/07/2015

Dim : 152 x 85 cm
Photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad

Portrait de madame Heim, Robert Delaunay

Portrait de madame Heim, Robert Delaunay

Portrait de madame Heim, 1927, 130 x 97 cm Robert Delaunay, Centre Georges Pompidou, Paris

En 1925, Sonia Delaunay avait été associée au couturier Jacques Heim pour l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs. Ils avaient installé ensemble une « boutique simultanée » (tissus par Sonia, modèles des robes par Jacques Heim) sur le Pont Alexandre-III. Ce fut un triomphe, qui prélude à la création de la maison de couture Jacques Heim en 1930. Les deux couples étaient donc en relation suivie et il est logique que Robert réalise ce portrait. Mais en fait il s’agit presque d’une série.

Il a été précédé de différentes études et esquisses, et de dessins divers. L’une d’elles a été vendue en 2012 chez Christie’s à Londres ICI

Les années 20 sont une période de retour à l’art classique et comme Picasso ou Léger, Delaunay revient pour un temps à la figuration. La robe que porte madame Heim est très certainement une création de son mari, sur un dessin géométrique créé par Sonia Delaunay. Sonia militait pour une universalité du design dans la vie qu’elle appelait « la vie simultanée ». Elle avait créé sa première « robe simultanée » dès 1913. Blaise Cendrars avait écrit à ce propos : « Ce n’était plus un morceau d’étoffe drapé selon la mode courante mais un composé vu d’ensemble comme un objet, comme une peinture pour ainsi dire vivante, une sculpture sur des formes vivantes. » Sonia précisera plus tard que « la mode du jour ne nous intéressait pas. Je ne cherchais pas à innover dans la forme de la coupe, mais à égayer et à animer l’art vestimentaire en réutilisant les matières nouvelles porteuses de nombreuses gammes de couleur ».

Robert et Sonia réunis dans un seul tableau.

10/07/2015

Photo courtesy The Athenaeum, Irene

Chambre donnant sur le port, James Tissot

Chambre donnant sur le port, James Tissot

Chambre donnant sur le port, 1876-1878, hst, 25,4 x 33 cm, James Tissot, collection particulière, Londres.

James Tissot (1836-1902) a peint cette toile durant sa période londonienne (1871-1882). Il avait quitté Paris et ses amis peintres du café Guerbois après la guerre de 1870 et la Commune, pour s’installer à Londres. Il y devint le peintre des élégances féminines, et le caricaturiste à la mode. Certains ont dit à l’époque qu’il avait aussi vendu son âme de peintre pour l’argent et la gloire (avis que nous ne partageons pas). Mais Tissot a aussi rencontré à Londres l’amour, en la personne de Kathleen Newton, qu’il va représenter, comme ici, et dans de nombreux autres tableaux.

Cette chambre domine le port de Ramsgate. Tissot, qui est né et a grandi à Nantes, représente les gréements avec beaucoup d’exactitude. De même, son éducation parmi les tissus de la maison de ventes paternelle lui a donné le goût de leur représentation. Ici il s’y adonne à plaisir, mettant en opposition les matières de la robe de Kathleen, de la nappe, des rideaux et du tapis.

La silhouette de Kathleen est inspirée d’un dessin préalable, sur lequel, dans la même position, elle joue aux échecs.

Vincent van Gogh, alors âgé de 23 ans, était aussi à Ramsgate en avril et mai 1876, mais les deux hommes ne se connaissaient pas. Et l’été précédant la réalisation de ce tableau, Berthe Morisot a séjourné aussi à Ramsgate, en voyage de noces avec Eugène Manet. Le lieu était à la mode, à l’embouchure de la Tamise, quand la saison d’été battait son plein, et que la reine Victoria venait y séjourner.

06/07/2015

Photo Courtesy Athenaeum, rocsdad

Après le bain, Edgar Degas

Après le bain, Edgar Degas

Après le bain, ca 1883, Edgar Degas, collection particulière

L’ouvrage de Paul Jamot consacrée à Degas était lors de sa parution papier déjà une somme (156 pages au format in-quarto, voisin de notre A4). Lors de son enrichissement par VisiMuZ, il est devenu presque une bible sur Degas, sa vie et son œuvre. Les critiques de l’époque, les collectionneurs, ses amis artistes, sont convoqués chaque fois qu’ils commentent Edgar Degas, qui ne laissait personne indifférent.
Voir ici la monographie de Degas, par Paul Jamot, enrichie par VisiMuZ

En 1886, Degas a exposé sa célèbre série de nus. Dès 1894, Gustave Geffroy, le biographe de Monet et de Velázquez écrivait dans sa chronique :

« C’est bien la femme qui est là, mais une certaine femme, sans l’expression du visage, sans le jeu de l’œil, sans le décor de la toilette, la femme réduite à la gesticulation de ses membres, à l’aspect de son corps, la femme considérée en femelle, exprimée dans sa seule animalité, comme s’il s’agissait d’un traité de zoologie réclamant une illustration supérieure.

Le dessinateur n’a pas admis les poses habituelles des modèles, les pieds rassemblés, les mouvements arrondis des bras, les hanches mises en valeur, les torsions aimables de la taille. Inquiet des lignes qu’on ne cherche pas à fixer, qu’on ne cherche pas même à voir, il a voulu peindre la femme qui ne se sait pas regardée, telle qu’on la verrait, caché par un rideau, ou par le trou d’une serrure. Il est parvenu à la fixer, se baissant, se redressant dans son tub, les pieds rougis par l’eau, s’épongeant la nuque, se levant sur ses courtes jambes massives, tendant les bras pour remettre sa chemise, s’essuyant, à genoux, avec une serviette, ou debout, la tête basse et la croupe tendue, ou renversée sur le côté. Il l’a vue, à hauteur du sol, près des marbres encombrés de ciseaux, de brosses, de peignes, de faux cheveux, – et il n’a rien dissimulé de ses allures de grenouille ou de crapaud, du mûrissement de ses seins, de la lourdeur de ses parties basses, des flexions torses de ses jambes, de la longueur de ses bras, des apparitions stupéfiantes des ventres, des genoux et des pieds dans des raccourcis inattendus.

C’est ainsi qu’il a écrit ce navrant et lamentable poème de la chair, en cruel observateur qui a pourtant l’amour de la vie, en artiste épris des grandes lignes qui enveloppent une figure depuis la chevelure jusqu’à l’orteil, en savant qui connaît la place des os, le jeu des muscles, les crispations des nerfs, les marbrures et l’épaisseur de la peau. »

[*] Gustave Geffroy, La vie artistique, H. Floury Éditeur, 1894. Cité par VisiMuZ dans l’ouvrage consacré à Degas par Paul Jamot.

Un point de vue qu’il faut comparer à ceux de Gustave Coquiot et de Paul Jamot pour se faire ensuite sa propre idée.

05/07/2015

Dim 53 x 33 cm, photo Courtesy The Athenaeum, rocsdad