Vahine no te Tiare (Tahitienne avec une fleur), Paul Gauguin

Le texte du jour est extrait de la biographie de Gauguin par Charles Morice parue chez VisiMuZ Éditions.

Charles Morice cite à cet endroit un texte qu’il a co-écrit avec Gauguin (Noa-Noa) et donne la parole à Gauguin. Notre tableau du jour est lié à cette histoire.

Tahitienne avec une fleur, Paul Gauguin

Vahine no te Tiare (Tahitienne avec une fleur), 1891, 70,5 x 46,5 cm, Ny Carlsberg Glyptothek, Copenhague, catalogues raisonnés S243 W420.

Nous sommes en juillet ou août 1891. Gauguin vient d’arriver quelques semaines plus tôt à Tahiti.

« J’essayais de travailler : notes et croquis de toutes sortes. Mais le paysage, avec ses couleurs franches, violentes, m’éblouissait, m’aveuglait. J’étais toujours incertain, je cherchais, je cherchais… C’était si simple pourtant, de peindre comme je voyais, de mettre sans tant de calcul, un rouge près d’un bleu ! Dans les ruisseaux, au bord de la mer, des formes dorées m’enchantaient : pourquoi hésitais-je à faire couler sur ma toile toute cette joie de soleil ?

Ah ! Vieilles routines d’Europe ! Timidités d’expression de races dégénérées !

Pour m’initier au caractère si particulier d’un visage tahitien, je désirais depuis longtemps faire le portrait d’une de mes voisines, une jeune femme de pure extraction tahitienne. Un jour, elle s’enhardit jusqu’à venir voir dans ma case des photographies de tableaux[*]…/…

Pendant qu’elle examinait curieusement quelques compositions religieuses des primitifs italiens, je me hâtai, sans qu’elle me vit, d’esquisser son portrait.

Elle s’en aperçut, fit une moue fâchée, dit nettement :

Aïta (non) !

Et se sauva.

Une heure après, elle était revenue, vêtue d’une belle robe, le tiare à l’oreille. Coquetterie ? Le plaisir de céder, parce qu’on le veut, après avoir résisté ? Ou le simple attrait, universel, du fruit défendu, se le fût-on interdit soi-même ? Ou, plus simple encore, le caprice, sans autre mobile, le pur caprice dont les Maories sont si coutumières ?

Je me mis sans retard au travail, sans retard et avec fièvre. J’avais conscience que mon examen de peinture comportait une prise de possession physique et morale du modèle, comme une sollicitation tacite, pressante, irrésistible.

Elle était peu jolie, selon nos règles esthétiques.

Elle était belle.

Tous ses traits concertaient une harmonie raphaëllique par la rencontre des courbes, et sa bouche avait été modelée par un sculpteur qui sait mettre dans une seule ligne en mouvement toute la joie et toute la souffrance mêlées.
Je travaillais en hâte, me doutant bien que cette volonté n’était pas fixe, en hâte et passionnément. Je frémissais de lire dans ces grands yeux tant de choses : la peur et le désir de l’inconnu ; la mélancolie de l’amertume, expérimentée, qui est au fond du plaisir ; et le sentiment d’une maîtrise de soi, involontaire et souveraine. De tels êtres, s’ils se donnent, semblent nous céder : c’est à eux-mêmes qu’ils cèdent. En eux réside une force contenue de surhumaine, ou peut-être de divinement animale essence.

Maintenant, je travaillais plus librement, mieux… »

Lorsque le mythe s’en mêle, les prix s’envolent. Notre tableau avait été en fait précédé de l’esquisse ci-dessous, toujours en mains privées, et c’est d’elle dont parle Gauguin plus haut quand il écrit : «  Je travaillais en hâte. »

Tête de tahitienne (La Fleur qui écoute) Paul Gauguin

Tête de tahitienne (La Fleur qui écoute), 1891, hst, 29,7 x 26,2 cm, collection particulière, catalogues S242, W421

Bien que de très petite taille, mais à la fois peinte par un artiste à la réputation sulfureuse et précédée par son mythe, elle a été vendue chez Sotheby’s Londres le 25 juin 2008 pour 3 594 000 euros.

[*]. Les lignes manquantes de ce texte sont celles que nous avons citées lorsque nous avons raconté l’histoire d’Olympia, par Paul Gauguin, une publication précédente du fil Facebook de VisiMuZ. [↰]

17/12/2015

Photo 1 – wikimedia commons Paul_Gauguin_-_Tahitian_Woman_with_a_Flower_-_Google_Art_Project.jpg Usr DcoetzeeBot
Photo 2 – Courtesy The Web Gallery of Impressionism

Le Bord de mer à Palavas, Gustave Courbet

Le Bord de mer à Palavas, Gustave Courbet

Le Bord de la mer à Palavas, 1854, hst, 37 x 46 cm, Gustave Courbet, Musée Fabre, Montpellier.

Cette année-là, l’artiste franc-comtois fait connaissance avec la Méditerranée. Il a été invité par l’un de ses collectionneurs principaux, Alfred Bruyas. Il écrit : « La découverte du littoral près de Palavas m’émerveille. Il faut que j’arrive à traduire l’immensité de ce paysage infini. Je suis si loin des sombres forêts de mon enfance… ».

La mer n’est pas encore un des éléments de prédilection de Courbet, même s’il est déjà allé au bord de la Manche. L’artiste, dont la modestie n’a jamais été la principale qualité, veut glorifier sa rencontre avec les éléments marins. On associe très souvent à cette peinture la phrase que le peintre a aussi écrite à cette époque à l’écrivain Jules Vallès : « Ô mer, ta voix est formidable, mais elle ne parviendra pas à couvrir celle de la Renommée criant mon nom au monde entier ! ». Ce n’est pas le spectacle de la mer qui intéresse Courbet, mais le face à face avec l’immensité et la puissance de la mer, qu’il estime moins fortes que sa puissance à lui, Courbet. Il ne représente aucun élément pouvant faire dériver le regard (voiliers, promeneurs).

Ce tableau a été repris et pastiché quelques années plus tard, en 1865, par James Abbott McNeil Whistler sous le titre Harmonie d’Azur et d’Argent (Isabella Stewart Gardner Museum, Boston), mais son titre premier était Courbet – au bord de la mer. Whistler venait de passer quelques jours avec Courbet à Trouville. Il avait aussi présenté à ce moment Joanna Hiffernan à Courbet, mais ceci est une autre histoire.

Harmonie en bleu et argent: Trouville, James Abbott McNeil Whistler

Harmony in blue and silver: Trouville, 1865, 50 × 76 cm, James Abbott McNeil Whistler, Isabella Stewart Gardner Museum, Boston (MA)

16/12/2015

Photo 1 wikimedia commons Courbet-Mer-à-Palavas-Fabre Usr: Tancrède
Photo 2 wikimedia commons James_Abbot_McNeill_Whistler_007.jpg Usr: Eloquence

L’Amour de l’hiver, George Bellows

L’Amour de l’hiver, George Bellows

L’Amour de l’hiver, 1914, hst, 81,6 x 101,6 cm, George Bellows, Art Institute de Chicago.

La scène a été peinte à Central Park, New York en février 1914. Patineurs et badauds sont croqués devant un paysage montagneux ajouté ensuite. La femme en jaune et l’enfant en rouge se détachent particulièrement au premier plan. Ce sont peut-être la femme et la fille de l’artiste. Cette femme croise verticalement la ligne horizontale formée par les patineurs, et la petite fille esquisse un mouvement opposé à ceux des patineurs, pour donner une dynamique supplémentaire à la scène.

George Wesley Bellows (1882-1925), comme son maître Robert Henri, fit partie de ceux qu’on appela les « Ashcan painters » (littéralement les peintres des poubelles), privilégiant les scènes des milieux populaires et de la vie quotidienne, ainsi que les moments de tension dans les actions instantanées.

Bellows peignit surtout dans le Maine et à New York, se rendit célèbre par exemple pour ses toiles représentant des combats de boxe (dont le fameux Jack Dempsey). Edward Hopper (1882-1967), son condisciple chez Robert Henri, fut souvent aussi rattaché par les critiques à cette époque à l’Ashcan School, mais il s’en défendit toujours, arguant que ses motivations étaient différentes. Bellows disparut prématurément à 43 ans en 1925 à la suite d’une péritonite.

Bellows n’est pas très connu en Europe car aucune grande exposition ne lui a été consacrée. En revanche, c’est autre chose outre Atlantique ! En décembre 2013, une toile de Bellows, La Houle du soir, a été vendue 8 millions de dollars. Une autre toile de George Bellows a été vendue en 1999 pour la modique somme de 27.5 millions de dollars à… Bill Gates.

Notre tableau du jour, Love of Winter est à retrouver à Chicago avec le célébrisssime Nighthawks (Noctambules ou Oiseaux de nuit) de Hopper (quand ils ne voyagent pas…).

Nighthawks_by_Edward_Hopper_1942

Nighthawks, 1942, hst, 84,1 x 152,4 cm, Edward Hopper, Art Institute, Chicago

15/12/2015

Photo wikimedia commons George Bellows – Love of Winter, 1914 Usr : Botaurus
Photo wikimedia commons Edward Hopper – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nighthawks_by_Edward_Hopper_1942.jpg Usr : Canoe1967

Le Moulin à Knokke, Camille Pissarro

Le Moulin à Knokke, Camille Pissarro

Le Moulin à Knokke, 1894, hst, 65 x 54,1 cm, Camille Pissarro, collection particulière

Camille Pissarro (1830-1903) a voyagé assez régulièrement, malgré son manque chronique d’argent. Mais ce père de famille nombreuse (il a eu 8 enfants) n’était jamais très loin quand ses enfants avaient besoin de lui. En 1894, il projette un voyage en Belgique à l’été 1894, où il doit d’une part retrouver Théo Van Rysselberghe afin de travailler avec lui et d’autre part aider son fils Félix (1874-1897) à s’installer à Bruxelles.

Mais l’actualité le rattrape. Suite au vote des lois sécuritaires dites « scélérates » par le gouvernement, le 24 juin 1894, un anarchiste italien du nom de Caserio assassine le président de la République Sadi Carnot à Lyon, rue de la Ré(publique) aux cris de « Vive l’Anarchie ». Le gouvernement vote alors des lois encore plus répressives, assigne à résidence les personnes fichées comme anarchistes, et expulse les étrangers.
Or Pissarro est de nationalité danoise (né à Saint-Thomas, il a gardé sa nationalité) et un sympathisant connu des anarchistes. Il est abonné au Père peinard et à La Révolte, deux journaux anarchistes. Son fils Ludovic-Rodolphe (1878-1952) publie également en cette même année 1894 ses premières gravures dans le Père Peinard.
Alors Camille craint de recevoir la visite de la maréchaussée. Il part plus vite que prévu, emmène Julie, sa femme, et Félix, leur fils. Ils rejoignent l’ami Théo et commencent par visiter Anvers, Bruges, Gand avant de s’établir pour plusieurs mois à Knokke-sur-mer, où la famille de Van Rysselberghe met à leur disposition une villa.

Pissarro écrit[*] le 30 juillet à Durand-Ruel, son marchand :

« Le hasard des choses m’a conduit à Knokke-sur-Mer, un petit trou tout neuf pour moi et gentil pour le peintre. J’ai commencé une série de choses qui vous plairont, je l’espère : des moulins, des toits rouges, des dunes […] D’un autre côté, je crains que comme étranger, ami de Mirbeau, Paul Adam, Fénéon, Luce, Bernard Lazare, je ne sois pour ce simple motif inquiété ou expulsé, il est donc bien possible que je sois amené à me fixer soit en Belgique soit en Angleterre. Si, par ce fait, je restais dans un de ces pays, pourrai-je compter sur votre concours pour m’aider à vivre, à travailler, comme vous l’avez fait jusqu’à ce jour ? »

Durand-Ruel, n’oubliant pas ses affaires, va lui répondre par retour « qu’il serait enchanté de continuer les bonnes relations avec [lui], seulement les affaires étant désastreuses, il faudrait baisser les prix ».

À Knokke, Pissarro va travailler assez dur pendant 3 mois. Il réalise diverses aquarelles et 14 toiles, dont certaines seront finies en atelier après leur retour à Éragny et jusqu’en 1902.

Nous avons commencé à essayer de localiser les toiles de Knokke. L’une est à Orsay (Église de Knokke), deux sont au Tel-Aviv Museum of Art (Le Vieux Moulin à Knokke, et La Maison rose, Knokke-sur-mer). Notre tableau du jour a été vendu à New York en 2007 (pour 1 million de dollars), un autre (Les Dunes de Knokke) a été vendu à Drouot en 2013, un troisième (Vue de Zevekote, Knokke-sur-Mer) est passé aussi en vente publique en 1992. Mentionnons encore une autre version des Dunes à Knokke (collection particulière), une toile intitulée Maisons à Knokke (collection particulière). Il en manque 6. Nous ne savons pas dans quelles collections elles se trouvent. Si vous avez des informations, n’hésitez pas à nous remonter celles-ci.

Notons toutefois que Pissarro n’a pas été tenté par la mer mais plus par l’intérieur des terres, la campagne et le village. D’un point de vue pictural, 1894 est aussi une année charnière pour le peintre. Il s’était rallié en 1886 au divisionnisme de Seurat. Après la mort de ce dernier en 1891, Pissarro va peu à peu reprendre sa liberté. Il s’est rendu compte que la méthode ne lui convenait pas totalement et réutilise une touche plus large.

[*]. Janine Bailly-Herzberg, Correspondance de Camille Pissarro, 3, 1891-1894, Paris, Éditions du Valhermeil, 1988.

14/12/2015

photo courtesy wikiart.org

Portrait de femme, Ernst Ludwig Kirchner

Portrait de femme Ernst Ludwig Kirchner

Portrait de femme, 1911, hst, 80,6 x 70,5 cm, Ernst Ludwig Kirchner, Saint-Louis Art Museum, Saint Louis (MO)

En 1905, à Dresde, Ernst-Ludwig Kirchner (1880-1938) a fondé, avec Erich Heckel et Karl Schmidt-Rottluff, le mouvement « Die Brücke » (Le Pont), dans le but de rompre avec l’art académique et de créer un art plus en phase avec la société moderne. Leur manifeste indiquait : « Nous souhaitons établir notre liberté d’action et de vie contre les forces anciennes bien établies » .

Est-il besoin de préciser que c’est justement à cause de cette liberté que le parti nazi a classé Kirchner comme un artiste dégénéré ? En Allemagne nazie, ses toiles sont brûlées dans des autodafés. Kirchner en exil à Davos, mais profondément allemand, dépressif et affaibli, sera ainsi amené à se suicider le 15 juin 1938.

L’expressionnisme représente l’énergie, les pensées, les humeurs, les états d’âme, en particulier grâce à la couleur. Contrairement à l’impressionnisme, ce n’est plus le réel (le paysage, la lumière, etc.) que l’on représente mais l’expression, l’âme de l’artiste mise à nu.

Le mouvement « Die Brücke » a été dissous en 1913 mais en 1911 il était déjà sur la fin. Le tableau du jour a été réalisé alors que Kirchner avait déménagé à Berlin.

En octobre 1911, il rencontre les sœurs Schilling, toutes deux danseuses. Gerda a alors 19 ans, et Erna 28. D’abord attiré par Gerda, Kirchner va ensuite s’établir avec Erna, qui deviendra la compagne de sa vie. C’est Gerda qui pose ici. De nombreuses toiles montrent les deux sœurs qui seront souvent les modèles de l’artiste.

À cause du traitement du visage et de la coiffure, il peut être intéressant de rapprocher cette toile d’un tableau de Matisse, un portrait de Lydia Delectorskaya (1910-1998), sa secrétaire-assistante-muse-modèle-garde-malade entre 1932 et 1954. Ce portrait a été réalisé en 1947, soit 36 ans après celui de Kirchner.

Les œuvres de Matisse n’étant pas dans le domaine public, nous vous présentons ici ce portrait dans la salle du musée (« fair use ») mais vous pouvez le retrouver cadré de plus prêt sur le site du musée de l’Ermitage ICI.

Ermitage Matisse Lydia Delectorskaya

musée de l’Ermitage, une des salles Matisse, avec au premier plan le portrait de Lydia Delectorskaya, 1947, hst, 64,5 x 49,5 cm.

12/12/2015

photo 1 wikimedia commons File: Ernst_Ludwig_Kirchner_-_Portrait_of_a_Woman.jpg Usr Postdlf
photo 2 VisiMuZ – © Succession H. Matisse pour les œuvres de l’artiste.
Une exposition a été consacrée en 2010 à Lydia par le musée Matisse du Cateau-Cambrésis.

Gloucester Harbor, Winslow Homer

Gloucester Harbor, Winslow Homer

Gloucester Harbor, 1873, hst, 39,4 × 56,8 cm, Winslow Homer, Nelson-Atkins Museum, Kansas City (MO)

Après son apprentissage et son séjour en France, Winslow Homer est rentré à New York. Pour vivre, il est illustrateur de presse. En 1873, il part en vacances dans le Massachusetts à Gloucester. En arrivant, il demande à Mme Merril, l’épouse du gardien de phare, d’accepter de le prendre comme pensionnaire, dans sa maison de Ten-Pounds Island, près du port de Gloucester.

Il va vivre là pendant tout l’été, n’allant en ville que pour aller chercher des toiles et des couleurs, ou pour renouveler son inspiration.

Jouant les voyeurs depuis son promontoire de circonstance, heureux de sa bonne fortune, il réalisa alors nombre d’aquarelles et quelques tableaux pleins de vigueur et de couleurs.

À la vue de cette scène, de ses couleurs hardies, nous devons rappeler un fait important. Nous sommes à l’été 1873, les futurs impressionnistes et leur palette n’entreront en scène que près d’un an plus tard. Homer est aussi révolutionnaire que ses collègues peintres français vont l’être. Un ciel couleur framboise en 1873 ! Vous n’y pensez pas ?

Homer retournera à Gloucester en 1880 et réalisera une autre série d’œuvres ayant pour thème le port de Gloucester. Pour le plaisir, voici une aquarelle de son séjour de 1880.

Winsow Homer, Départ de Gloucester

Départ de Gloucester, ca 1880, aquarelle/papier, 34,3 x 48,3 cm, Winslow Homer, Yale University Art Gallery Newhaven (CT)

De nombreux autres artistes américains vont ensuite imiter Winslow Homer en venant à Gloucester. Ainsi Childe Hassam, que nous vous avons déjà présenté, William Merritt Chase, et Edward Hopper (très régulièrement)

11/12/2015

Photo 1 : wikimedia commons File:Winslow_Homer_-_Gloucester_Harbor_(1873).jpg Usr Botaurus
Photo 2 : wikimedai commons File:Sailing_off_Gloucester_by_Winslow_Homer_circa_1880.jpeg Usr Botaurus

La Pie, Claude Monet

La Pie, Claude Monet

La Pie, 1868-69, hst, 89 x 130 cm, Claude Monet, musée d’Orsay

Monet a 28 ans, il cherche plus à exprimer la substance qu’à rendre une apparence. Alors il s’attaque à un sujet complexe, la neige, à la suite de Courbet mais en espérant minimiser les effets théâtraux de ce dernier. L’impressionnisme va naître cinq ans après.

Les bandes noires sont comme une portée musicale dont la pie est une note, dans cet espace presque monochrome aux reflets bleutés. Monet nous propose-t-il un hommage à Rossini ? On sait que celui-ci a écrit son opéra en 1817, mais il a révisé une dernière fois sa composition à Paris en 1866, seulement 3 ans avant la naissance du tableau de Monet.

La barrière à claire-voie est aussi une frontière entre l’espace du premier plan et celui-de l’arrière-plan. Mais il y a une autre dimension symbolique. La moitié inférieure du tableau est dédiée à la terre, la moitié supérieure à l’air et au ciel. Et juste à la limite entre ces deux mondes se tient la pie, capable d’appartenir à l’un comme à l’autre et séparant les deux espaces.

Au premier regard, ce sont la couleur et la texture de la neige qui nous frappent d’abord. Citons Federico Zeri[*] : « Les Romains avaient une grande sensibilité au blanc et au noir. Ils avaient deux mots pour désigner le blanc : candidus et albus. Candidus, c’est le blanc scintillant, celui de la neige ; albus, par contre, c’est le blanc qui n’a pas de reflet, celui de la coquille d’œuf…/… Nous disons, nous, simplement, la neige est blanche et les œufs sont blancs …/… On trouve chez les impressionnistes d’autres tableaux avec de la neige, très réussis, peints avec un grand bonheur d’expression. J’ai vu récemment un tableau de Monet où justement la neige est représentée avec cette extraordinaire qualité de silence… ».

La toile a évidemment été refusée au Salon de 1869.

[*]. Federico Zeri, Derrière l’image, p.30 et p.69

10/12/2015

Photo wikimedia commons Claude Monet – The Magpie – Google Art Project.jpg Usr : Paris 16

Mademoiselle Isabelle Lemonnier tenant son chapeau, Édouard Manet

Mademoiselle Isabelle  Lemonnier tenant son chapeau, Édouard Manet

Mademoiselle Isabelle Lemonnier tenant son chapeau, ca 1879-80, hst, 101,8 x 81,5 cm, Édouard Manet, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Manet était un homme assez fascinant. Né en 1832, il a donc 47 ans en 1879, il est célèbre. Et cependant il continue à suivre encore des jeunes femmes sur les grands boulevards, et à les inviter à poser dans son atelier. À d’autres moments, il profite de sa notoriété pour faire de même dans les soirées bourgeoises dans lesquelles il est invité.

Il a eu dans les années 1879-1882 un faible particulier pour mademoiselle Isabelle Lemonnier. Pour le nombre de portraits réalisés par Manet, Isabelle obtient la deuxième place après Berthe Morisot. Elle était la fille d’un grand bijoutier du boulevard des Italiens et de la place Vendôme, fournisseur de la cour impériale et de l’impératrice sous le second Empire.

Les lecteurs des livres de VisiMuZ ont souvent rencontré sa sœur aînée Marguerite, qui avait épousé l’éditeur Georges Charpentier. Les soirées de madame Charpentier étaient à cette époque les plus courues de Paris. Georges Charpentier a commandé de nombreuses toiles à Renoir, ou encore a aidé Sisley quand il n’avait plus un sou pour faire son déménagement.

Isabelle (1857-1926) était la jolie petite sœur. Elle a dû se sentir flattée d’être ainsi remarquée par un peintre célèbre, mais ne pouvait souhaiter qu’un peu d’attention mondaine. Manet savait de son côté que tout les séparait : l’âge, les convenances ou encore sa maladie, suite d’une syphilis contractée dans sa jeunesse.

Durant l’été 80, Manet atteint par le mal qui l’emportera 3 ans plus tard, part se soigner à Bellevue. Là, il s’ennuie et, grand seigneur aussi bien que cœur d’artichaut, il écrit à son modèle préféré des lettres ornées de dessins aquarellés, somptueux, (voir un exemple ici) et de quatrains… assez ridicules.

Ainsi celui-ci, à retrouver en version originale ici :

« À Isabelle,

Cette mirabelle,

Et la plus belle,

C’est Isabelle. »

Alors on imagine l’ami Édouard chantant avec les Inconnus « Isabelle a les yeux bleus… ». Plus sérieusement, citons Étienne Moreau-Nélaton, qui, dans son Manet raconté par lui-même (Paris, 1926, t.II, p. 70) raconte cet épisode.

« Pendant son séjour à Bellevue, sa pensée s’envole sans cesse vers elle, et se confie à de courtes missives, ornées de petites aquarelles d’un goût exquis : tantôt une fleur, tantôt un fruit, tantôt un portrait de Zizi, la chatte bien-aimée de la maison, ou celui de la jeune personne elle-même, esquissée d’idée, pendant qu’elle villégiature à Luc-sur-mer, une fois avec sa toilette de plage, une autre fois avec le costume qui convient pour piquer une tête dans les flots. Le ton de ces billets est celui de la conversation, plein d’abandon et d’enjouement. »

Mais venons-en à notre tableau du jour. Un fort contraste existe entre la manière de la tête, très poussée, reprise à de multiples reprises, et la spontanéité qui ressort de la touche esquissée des vêtements ou du fond.
Après différents propriétaires prestigieux, le tableau est entré dans les années 1920 dans la collection de l’industriel Otto Krebs à Holzdorf (près de Weimar). En 1945, le domaine de Holzdorf est libéré par l’Armée rouge et la collection va disparaître pendant 50 ans. En 1995, les Soviétiques annoncent qu’en fait elle avait été transférée à Leningrad au titre des « réparations de guerre ». Une exposition est organisée en 1996-97 au musée de l’Ermitage et le portrait de mademoiselle Lemonnier fait alors partie de ce qui est pudiquement nommé par la Russie les « Trésors retrouvés ». On peut aller le voir maintenant au 2e étage du musée.

Vous pourrez aussi retrouver par exemple d’autres portraits d’Isabelle :
À Copenhague :

Mademoiselle Lemonnier Édouard Manet

Isabelle Lemonnier au fichu blanc, ca 1879-80, hst, 86,5 x 63,5 cm, Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague

À Dallas (TX) :
Mademoiselle Lemonnier au manchon, Édouard Manet

Mademoiselle Lemonnier au manchon, ca 1879-80, hst, 91,5 x 73 cm, Dallas Museum of Art, Dallas (TX)

ou encore à Philadelphie (non reproduit), et enfin dans des collections privées comme ce dernier portrait, vendu la dernière fois en 2002, pour 1,654 millions de Livres Sterling.

Isabelle Lemonnier en robe de bal, Édouard Manet

Portrait d’Isabelle Lemonnier en robe de bal, ca 1879-80, hst, 91,5 x 73 cm, collection particulière (TX)

et bien sûr dans la biographie de Manet par Duret, chez VisiMuZ, ICI.

09/12/2015

photos 1 – wikimedia commons File:Édouard_Manet_-_Isabelle_Lemonnier_le_Chapeau_%C3%A1_la_Main.jpg Usr Rlbberlin
2 – wikimedia commons File:Mademoiselle_Isabelle_Lemonnier_by_Édouard_Manet,_1879-1882_-_Ny_Carlsberg_Glyptotek_-_Copenhagen_-_DSC09422.JPG Usr Daderot
3 – wikimedia commons File:Isabelle_Lemonnier_with_a_Muff.jpg Usr Rlbberlin
4 – wikimedia commons File:Édouard_Manet_-_Portrait_de_Mademoiselle_Isabelle_Lemonnier.jpg Usr Rlbberlin

Les Baigneurs, Roger de la Fresnaye

Les Baigneurs, Roger de la Fresnaye

Les Baigneurs, 1912, hst, 162 x 130 cm, Roger de la Fresnaye, National Gallery of Art, Washington (DC)

Roger de la Fresnaye (1885-1925) fait partie des peintres qui ne sont pas aujourd’hui « à la mode » et ses résultats sur le marché de l’art sont très erratiques. Élève de Maurice Denis et de Sérusier, admirateur de Cézanne, il adhère dès 1908 au cubisme et à sa déconstruction de la perspective. Entre 1911 et 1914, il est à l’apogée de sa carrière et construit une œuvre innovante, tout en restant décorative (un héritage des nabis).

Sa conception du cubisme est très personnelle. En effet, très vite, les cubistes historiques (Picasso, Braque, Gris) avaient prôné l’abandon du nu. Blaise Cendrars écrira ainsi un peu plus tard (en 1919)[*] : « Réduire à la qualité de l’objet, de synthétiques, les recherches devenaient analytiques. Aussi voyons-nous rapidement les peintres cubistes s’astreindre à ne faire plus que des natures mortes, et, prenant l’effet pour la cause, introduire bientôt des matières authentiques dans leurs toiles, telles que tessons de bouteille, faux cols, papiers, bois, faux bois, étoffes, cheveux, voire «l’objet» lui-même tel qu’il se trouve dans le commerce ! ».

La Fresnaye, avec Jean Metzinger puis André Lhote et Albert Gleizes résistèrent. Au-delà des formes, La Fresnaye se définit également souvent par des couleurs éclatantes pendant que Braque et Picasso se tournaient vers une monochronie beige. On sait que, très heureusement, Picasso reviendra au nu quelques années plus tard.

C’est évidemment Cézanne autant que le cubisme qu’il faut pourtant invoquer dans notre tableau du jour. La Fresnaye, malgré sa courte carrière (il est mort à 40 ans), est accroché dans les plus grands musées du monde, et très présent aux États-Unis.

Mais on peut le trouver dans des lieux beaucoup plus proches. Ainsi le très beau nu ci-dessous, au musée Pierre Lévy à Troyes.

Nu debout de face, Roger de La Fresnaye

Nu debout, de face, 1910-11, hst, 80 x 45 cm, Roger de La Fresnaye, musée d’art moderne de Troyes, donation Pierre Lévy.

08/12/2015

[*]. Blaise Cendrars, Le Cube s’effrite, in La Rose rouge, n°3, 15 mai 1919.

Photo 1–Courtesy NGA Washington, 2–VisiMuZ

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, 1883, hst, 89 x 116 cm, Gustave Caillebotte, collection particulière

Gustave Caillebotte (1848-1894) a d’abord habité à Paris avec son frère Martial. Ils partageaient un appartement (aujourd’hui on dirait une « coloc ») d’abord à l’angle de la rue de Miromesnil et de la rue de Lisbonne, puis sur le boulevard Hausmann (n° 31). Après la mort de leur mère, les enfants Caillebotte vendent la propriété familiale de Yerres en 1879, et, en 1880, Gustave achète une maison au bord de la Seine, au Petit-Gennevilliers. Pensée d’abord comme villégiature, elle deviendra progressivement sa résidence principale. Il s’y adonne à deux de ses passions, la voile et l’horticulture. Le 20 juillet 1887, il écrit à Claude Monet : « J’ai enfin acheté, après des histoires dont je vous fais grâce, le terrain à côté de moi. Je me fais construire un atelier et je n’ai plus d’autre domicile que le petit Gennevilliers… »

Caillebotte partageait avec Monet la passion des fleurs. Les deux amis s’échangeaient des plants. Les lettres des années 80-90[*] de Caillebotte à Monet parlent de lys, d’oignons roses, de pivoines, ou encore de Stanopia aurea (une orchidée). Et Monet lui répond par exemple en 1891 : « Cher ami, ne manquez pas de venir lundi comme c’est convenu, tous mes iris seront en fleurs, plus tard il y en aurait de passés. Voici le nom de la plante japonaise qui me vient de Belgique : Crythrochaete ». Un indicateur de la passion qui unissait les deux hommes. Caillebotte, qui avait beaucoup d’argent, mais qui, du fait de ses nombreuses passions avait peu de temps, faisait travailler à l’année deux jardiniers dans son jardin.

Comme Monet à Giverny, Caillebotte a conçu et planté son jardin avant de le peindre.

Notre tableau du jour montre la compagne du peintre, Charlotte, et son petit carlin, devant les roses qui faisaient la fierté de Gustave. Charlotte a à cette époque une vingtaine d’années, Gustave a 35 ans. La même année, Renoir a passé un mois chez Caillebotte et réalisé le portrait de Charlotte avec son petit chien (à voir à la National Gallery of Art, Washington).

Dix ans plus tard, un autre tableau va de nouveau montrer Charlotte dans le jardin.

Dahlias : le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave  Caillebotte

Dahlias : le jardin au Petit-Gennevilliers, 1893, hst, 157 x 114 cm, Gustave Caillebotte, collection particulière

07/12/2015

Photos : Courtesy The Athenaeum, rocsdad et chris_mccormick

[*] vente des archives Monet. Archives Claude Monet, correspondances d’artiste, collection Monsieur et Madame Corneboi, Artcurial, Paris, Hôtel Dassault, mercredi 13 décembre 2006.

Chien couché dans la neige, Franz Marc

Chien couché dans la neige, Franz Marc

Chien couché dans la neige, ca 1910-11, hst, 62,5 x 105 cm, Franz Marc, Städel Kunstinstitut, Francfort

Nous sommes ici devant un double défi relevé par l’artiste. Le premier consiste en la représentation de la neige, qui a fasciné Brueghel dès le XVIe siècle ou Avercamp un peu plus tard, puis n’est réapparu qu’avec Monet, Pissarro et Sisley après 1850. Le second, dont Franz Marc parle dans une lettre à August Macke, est lié à la complexité des reflets colorés sur le corps de son chien Russi.

Franz Marc (1880-1916) a été un cofondateur du Blaue Reiter (ou Cavalier bleu en français) à Munich en 1911 (avec Kandinsky, Macke, Jawlensky). Il préférait pour exprimer les vibrations (qui permettent de relier les images, les couleurs, les sons et les mots, selon le manifeste publié en 1912), utiliser comme modèles des animaux, plutôt que des hommes. Et, selon un mot connu de Vassily Kandinsky, Franz Marc s’occupait du cheval et lui-même du cavalier. Marc va peu à peu évoluer vers l’abstraction, avant sa mort prématurée, conséquence d’un éclat d’obus, près de Verdun en 1916, à 36 ans.

05/12/2015

Photo wikimedia commons 1911_Marc_Liegender_Hund_im_Schnee_anagoria.JPG Usr : Anagoria

Femme essuyant son pied, Edgar Degas

Femme essuyant son pied, Edgar Degas

Femme essuyant son pied, 1885-86, pastel sur papier, 50,2 x 54 cm, Edgar Degas, Metropolitan Museum of Art, New York

Francis Carco (1886-1958), écrivain, poète, académicien Goncourt, a écrit entre 1920 et 1924 un ouvrage « Le Nu dans la peinture moderne »[*], tellement oublié aujourd’hui qu’il ne figure même pas dans le répertoire de ses œuvres sur Wikipedia. Et pourtant, ce texte de 162 pages est important pour qui souhaite comprendre l’émulation artistique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Mais citons d’abord l’auteur à propos de Degas [pages 55-56] :

« Renoir peint la femme nue au repos …/… Les modèles de Cagnes sont assis ou couchés. Degas, lui, veut interpréter le mouvement. Deux tentatives dominent dans son premier effort : immobiliser un cheval de course. Une autre, d’esprit plus complexe : figer la pose, le geste de la danseuse hors de scène, le repos après la classe, ou la fatigue dans la loge. L’illusion du ballet s’évanouit. La fée est une créature lasse et voici le contraste, entre l’impression légendaire qu’elle a créée et la réalité même où on la découvre. Le mot de réalité amène celui de réalisme. Cependant Degas n’est pas un réaliste. Il ne s’efforce pas à une traduction servile. La sorte d’avilissement, que causent l’hébétude et la posture animale à la seconde de l’effort ou après l’effort, devient le centre d’une illusion plastique et le départ, en même temps que l’aboutissant, d’une arabesque inédite. Saisir le principe du mouvement exact, comme le ferait un « instantané » et le plier à une expression d’art, sans doute ! Mais en inversant et en prenant le moyen pour la fin, on a souvent donné à Degas la psychologie d’un photographe désabusé. Nulle folie qu’une œuvre ne puisse aussi victorieusement démentir !

Après s’être appliqué à l’école des chevaux, des danseuses, des ouvrières, Degas commence, vers 1883, cette étude du nu féminin qui le hantera jusqu’à la mort et le confinera dans cet isolement définitif où on l’a vu se retirer. La dernière exposition impressionniste marque pour lui l’heure de la retraite. Et pourtant, la notoriété n’était pas loin de consacrer l’art de ce peintre, Degas en dédaigne le servage. Aussi va-t-elle choyer l’expression, peut-être moins profondément fouillée, mais plus spontanément typique, de Toulouse-Lautrec.

Degas associe la représentation du nu à l’intimité la plus absolue de la femme. Il ne nous la représente qu’au moment où, même avec une domestique, elle se sait seule, à sa toilette.

Après la toilette, femme se coiffant, Edgar Degas

Après la toilette, femme se coiffant, ca 1885, pastel, 52 x 51 cm, Edgar Degas, musée de l’Ermitage

Pour ce peintre, elle doit abdiquer toute coquetterie. Enjambant sa baignoire, accroupie sur son tub, s’épongeant, s’essuyant à gestes gauches ou pénibles, voûtée, maladroite, poussant laborieusement le peigne dans ses cheveux, laissant pendre au bout du pied une sandale disgracieuse, la nymphe de Cabanel s’est transformée en une ménagère qui vient de quitter sa chemise. Cette personne, attentive aux « soins les plus humiliants[1] », a oublié ou n’a jamais su qu’un corps semblable au sien résume la plus haute ferveur des esthétiques. Et cependant Degas s’acharne sur l’inconscience de son modèle. »

[1]. Jean-Louis Vaudoyer.

Il ne vous a pas échappé que notre nymphe d’hier était au repos et que les deux pastels ci-dessus immortalisent un instantané, un mouvement. Le pastel est un outil plus rapide que la peinture à l’huile et permettait donc à Degas de faire (un peu) moins souffrir ses modèles, tenus de garder la pose dans des positions normalement seulement très provisoires au cours d’un mouvement. Imaginez vous seulement en train de garder cette pose pendant plusieurs heures !

Cette analyse, que certains d’entre vous avaient déjà sans doute faite, met en évidence le talent novateur de Degas à partir des années 1870. Auparavant, et plus classiquement, il dessinait des modèles beaucoup plus statiques, comme dans le dessin ci-dessous.

Étude pour Scènes de guerre au moyen âge, Edgar Degas

Étude pour Scènes de guerre au moyen âge, 1865, crayon sur papier 31,1 x 27,6 cm, Edgar Degas, musée du Louvre, département des Arts graphiques

Une évolution à retrouver dans la monographie de Degas par Paul Jamot chez VisiMuZ

04/12/2015

Photos : 1- VisiMuZ, 2- Courtesy The Athenaeum, rocsdad, 3- Courtesy wikiart.org

[*] Paris, Édition G.Crès, 1924.